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Intégrer une start-up : Et si le Net devenait une valeur sûre

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L’e-krach d’avril 2000 a diabolisé la Net économie. Toutefois, il reste possible d’y faire carrière. À condition de bien choisir son entreprise.

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Depuis un an, les start-up font figure de “repoussoirs”, déclare Serge Pérez, p-dg de Mediasystem, agence de communication en ressources humaines. Les arguments d’embauche manquent, la dimension spéculative autrefois mise en avant n’est plus crédible, et il est désormais difficile d’attirer de très bons collaborateurs. Nombreux ont été les directeurs marketing et commerciaux à retourner à l’ancienne économie, avec une expérience d’autant plus difficile à mettre en valeur que la carte de visite “Net” était devenue, entre temps, symbole de superficialité. » Un constat amer, qui vaut aussi pour de jeunes diplômés, de plus en plus réticents à entamer une carrière dans le Net, comme le confirme l’étude Sofrès Grandes Écoles 2001. Ainsi, en mai 2000, la start-up ne constituait déjà plus une structure privilégiée pour les étudiants des grandes écoles, puisque 25 % d’entre eux seulement la citaient en second choix comme une structure attrayante et 7 % seulement, en premier choix. Pire encore : en 2001, ils ne sont plus que 13 % à citer les start-up en en second choix et 3 % à les citer en premier !

Une mentalité particulière

Pourtant, le Net n’est pas mort. Si certaines start-up se sont effondrées, l’e-krach aura eu pour avantage d’assainir le marché et de favoriser l’émergence d’une nouvelle race de start-up, les B to BB (“born to be bought”), ces filiales e-business de grands groupes issus de l’économie traditionnelle, telles que Ridingzone.com, le portail de sports de glisse de France Télécom, ou BestOfCity.fr, le cityguide du groupe NRJ. « Ces entreprises recherchent des profils de start-up et leur offrent, en échange, la protection d’un grand groupe », explique Ingrid Lieutaud, directrice générale de Talentsquare, cabinet de chasseurs de têtes spécialisé dans les nouvelles technologies. Une offre qui correspond aux critères de sélection des candidats : ces derniers rejettent la “carotte stock options” pour des salaires fixes et stables. Une opinion partagée par Cyril Janin, président du directoire de Keljob, moteur spécialisé dans la recherche d’emploi, dont les douze commerciaux sont managés, depuis février 2001, par un jeune directeur commercial diplômé de l’ESC Brest. « Nos grilles de salaire sont identiques à celles appliqués dans l’ancienne économie, les stock options ne sont plus la cerise sur le gâteau, affirme-t-il. Un directeur commercial a des avantages à travailler dans une start-up. Il dispose d’une plus grande marge de manœuvre, peut créer plus facilement de nouveaux produits. La rapidité du rythme de travail inhérente à une start-up peut l’amener à doubler ses objectifs. » Une rapidité de travail qui a aussi ses inconvénients. Travailler dans une start-up implique d’être rapide, autonome, et souple. Un projet peut complètement changer en six mois. Les commerciaux sont soumis à une forte pression puisqu’ils doivent se battre sur plusieurs fronts. Ils doivent non seulement affronter la concurrence d’autres start-up, mais aussi celle d’entreprises traditionnelles intervenant dans le même secteur d’activité.

Analyser le business plan

Un dernier conseil, avant de vous lancer : vérifiez que le projet est fiable et viable. Pour cela, appliquez les mêmes grilles d’analyse qu’à un poste de directeur commercial dans l’ancienne économie. Posez-vous les bonnes questions. La structure managériale semble-t-elle solide ? L’équipe semble-t-elle prête à suivre ? Les produits pourront-ils être facilement placés sur le marché ? Analyser un projet de direction commerciale implique d’étudier si le produit ou l’offre correspond réellement à un besoin, de rencontrer l’équipe, et d’analyser le business plan en étudiant ses aspects financiers (objectifs de rentabilité, mode de financement, de rémunération, etc.), ainsi que le degré d’implication des investisseurs dans le projet. Assurez-vous également que votre employeur est prêt à vous donner toute latitude sur votre futur poste. « Une expérience sur le Net n’est pas négative mais il faut être capable de prendre du recul et garder les pieds sur terre », conclut Ingrid Lieutaud. Prudence n’est pas méfiance !

Témoignage

Charles Kessous, directeur d’eZee, start-up du groupe Unilog (société de conseil et d’intégration de technologies de l’information) « Travailler dans une start-up demande adaptabilité et dynamisme ! » Charles Kessous rejoint le groupe Unilog le 29 janvier 2001, en tant que directeur de sa start-up eZee. Une première, pour ce jeune homme de 33 ans qui, jusque là, n’a travaillé, depuis dix ans, que pour des entreprises de l’ancienne économie : Esprit France (filiale du groupe international de prêt-à-porter), Gourmand Inc (importateur et distributeur américain de produits gastronomiques), puis Aptech (filiale réseaux et télécoms du groupe Alten). « Cette dernière expérience m’avait donné un avant-goût des nouvelles technologies, nuance-t-il. L’aventure start-up pour son coté créatif “départ de zéro”, m’intéressait, bien que l’e-krach m’ait un peu refroidi. » Pour réaliser son rêve, il trouve le bon compromis, une start-up adossée à un grand groupe, gage de sérieux, de fiabilité et de solidité. Il dirige aujourd’hui sept personnes et n’a pas éprouvé de difficulté à recruter. « Avant mars 2000, les jeunes ingénieurs quittaient les SSII pour les start-up. Depuis, la tendance s’est inversée, reconnaît-il. Mais l’e-krach a aussi assaini le marché. Les perspectives d’évolution sont rapides parce qu’il n’existe pas de hiérarchie classique. En revanche, travailler dans une start-up, demande une grande adaptabilité et beaucoup de dynamisme ! Rien n’empêche de tenter l’expérience, à condition l’avoir, au préalable, bien étudié le projet. »

À retenir

_ Une carrière dans le Net peut être passionnante mais aussi stressante (contexte concurrentiel difficile, projets mouvants). Autonomie, réactivité, souplesse d’esprit restent des qualités indispensables. _ Choisissez de préférence une start-up adossée à un grand groupe. C’est un gage de solidité et de stabilité financière. _ Analysez le business plan de votre futur employeur, la marge de manœuvre qu’il est prêt à vous accorder, ainsi que le degré d’implication des investisseurs.

 
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Caroline Thiévent

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