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Pour un management plus efficace : le servant leadership

Publié par N.Dugay, L.Rudelle, I.Petitjean, E.King-Soon le - mis à jour à

Peu connue mais redoutablement efficace, la posture du servant leadership place le manager au service du développement de ses collaborateurs. Elle est explicitée par Nicolas Dugay directeur associé du cabinet de formation Prefera et co-auteur du livre (Re)Cadrer sans stress, paru en février 2025. Extrait.

Il est assez surprenant que dans un monde si mouvant, aussi peu de nouvelles théories managériales de chercheurs ne viennent renforcer la palette managériale. Pour les managers qui auraient appliqué l'ensemble des préceptes de ce livre et qui voudraient aller encore plus loin, nous vous proposons de réfléchir au concept du Servant Leadership proposé initialement dans les années 1970 par Robert Greenleaf, un dirigeant du groupe américain AT&T.

L'idée est de mettre en avant exclusivement le développement personnel des collaborateurs avec un manager au service de ce développement. Cela nécessite des équipes qui acceptent la mise en oeuvre des précédents chapitres de ce livre, ce n'est donc pas possible dans toutes les entreprises, toutes les situations. Le servant leader est néanmoins parfaitement capable d'imposer ses vues, ou de recadrer si besoin.

Cet article est un extrait de l'ouvrage (Re)Cadrer sans stress, par Nicolas Duguay, Laëtitia Rudelle, Isabelle Petitjean et Erika King-Soon, publié en février 2025 aux éditions Dunod.

Pour autant le ROI de ce type de management laisse augurer une puissance réelle de cette posture. Vincent Giolito, professeur de stratégie à l'emlyon Business School et conseil de dirigeants, dans son article référence sur le sujet nous en fait la démonstration : « Les premiers éléments de réponse se sont révélés déjà encourageants. D'abord, des chercheurs ont montré que le servant leadership se traduit par un niveau plus élevé de bien-être au travail.

Les salariés se sentent plus autonomes, plus compétents, et ont de meilleures relations entre eux et avec l'extérieur - ces trois dimensions sont au coeur des besoins fondamentaux des personnes dans leur vie personnelle professionnelle, d'après les travaux du professeur Martin Seligman, pionnier du mouvement de la psychologie positive.

Le servant leadership se traduit par davantage de créativité et une meilleure aptitude à résoudre les difficultés.

Des études complémentaires ont fait le lien avec plusieurs indicateurs de performance plus objectifs. Le servant leadership se traduit par davantage de créativité et une meilleure aptitude à résoudre les difficultés. Certaines recherches ont montré, par exemple, que les équipes de commerciaux atteignaient de meilleurs résultats lorsqu'elles sont managées par un leader qui est ainsi à leur service : le servant leadership, combiné à une meilleure orientation client des commerciaux, pourrait expliquer jusqu'à 40% de la performance des ventes.

Vincent Giolito, Robert Liden, Dirk van Dierendonck et Gordon Cheung sont allés plus loin en publiant dans le Journal of Business Ethics, 2020, une étude encore plus précise : « Oui, le servant leadership se traduit, sur le terrain, par une performance supérieure y compris en termes de bénéfices et de croissance des bénéfices. Cette étude a été conduite dans une chaîne de magasins en région parisienne. Près de 500 salariés, dans 55 magasins, ont évalué le degré de servant leadership de leur manager et aussi leur perception de leur propre épanouissement personnel. Ces évaluations ont été mises en rapport avec les performances de chaque magasin. Or, les résultats sont clairs : il influence positivement la croissance du bénéfice de chaque magasin.

L'équation est la suivante : le servant leadership favorise l'épanouissement des salariés et des équipes, laquelle se traduit par la croissance des ventes et, en conséquence, celle des bénéfices.

Cette étude invite à le considérer d'autant plus sérieusement que d'autres études ont montré que ce type de management est encore plus efficace que les formes traditionnelles, y compris le leadership charismatique ou transformationnel.

Ces résultats posent enfin deux nouvelles questions. En premier lieu, combien peut-on espérer concrètement de managers davantage au service de leurs collaborateurs ? La réponse dépend en fait des caractéristiques de chaque entreprise. Un point supplémentaire sur l'échelle du servant leadership peut se traduire par +10% de croissance dans un secteur relativement stable, et par +100% dans une industrie dynamique.

La recherche s'est faite dans un secteur en crise. Les magasins affichaient une performance moyenne en baisse. Seuls 20 magasins enregistraient un bénéfice en croissance, de +5 à +30%. Or, 18 de ces 20 magasins étaient dirigés par un manager évalué au-dessus de la moyenne sur l'échelle des servant leaders.

Ces résultats laissent penser que le servant leadership a des effets favorables dans la plupart des environnements. Il y a une limite cependant : l'impact est plus important avec les collaborateurs qui acceptent d'être aidés par leur manager, et ne voient pas celui-ci comme un ennemi a priori. »

Bob Liden, l'un des experts mondiaux du servant leadership, a identifié les caractéristiques majeures des managers qui le pratiquent :

  • le servant leadership aide au développement du collaborateur au niveau professionnel et personnel ;
  • l'éthique et les valeurs s'imposent pour maîtriser l'impact des actions de l'entreprise sur son écosystème ;
  • l'empathie pour comprendre et proposer des solutions concrètes ;
  • le développement de l'autonomie des collaborateurs par la délégation.
  • En synthèse, le servant management est le niveau le plus abouti du management et il correspond aux aspirations actuelles des collaborateurs et de managers.

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