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Évolution. Quelles pistes pour les managers seniors ?

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De la direction générale à l’intérim, les quinquagénaires ont des opportunités à saisir pour rebondir professionnellement. À condition d’être proactifs et mobiles.

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À 50 ans, rien n’est fini. » Olivier Spire, p-dg du groupe Quincadres, société spécialisée dans le recrutement des cadres seniors, est formel : les directeurs commerciaux qui arrivent à la cinquantaine ont encore de belles années devant eux. À un petit détail près : à cet âge, les opportunités de carrière se resserrent quelque peu et, sur le marché de l’emploi, la cote des managers seniors tend, elle aussi, à baisser. « En effet, même s’ils disposent de nombreux atouts, comme l’expérience et la mobilité, souligne l’expert, les seniors sont confrontés à deux problèmes majeurs. Ils se heurtent, en premier lieu, au “jeunisme” qui prédomine encore dans certaines entreprises, notamment dans la fonction commerciale. Mais ils doivent aussi gérer l’écart générationnel qui existe entre leur équipe et eux-mêmes. » Quelle orientation le manager senior doit-il alors privilégier pour accomplir, en beauté, son dernier tour de piste professionnel ? « Il doit, avant tout, être proactif », avance Gérard Fournier, directeur général de Boyden Interim Executive, société spécialisée dans les missions intérimaires pour les cadres seniors. En clair, ne pas attendre tranquillement, “au chaud” derrière son bureau, que son nom finisse inéluctablement par apparaître sur la liste des futurs préretraités. Déterminé, le manager peut alors envisager deux options. La première : rester dans son entreprise. « Si tel est son choix, il doit analyser, sans complaisance, sa position en interne, indique l’expert. Et s’interroger : “Suis-je déjà sur une voie de garage ? Suis-je en décalage par rapport à l’évolution du business ? Quels sont mes points forts ?”. »

Évoluer vers une direction générale

Cet autobilan en poche, le directeur commercial pourra se rapprocher de sa direction des ressources humaines, afin d’étudier les possibilités d’évolution. La première solution est de se voir confier la direction générale… si le poste est vacant. À ce sujet, les avis des experts divergent. Les uns considèrent cette progression comme naturelle, les autres jugent qu’à 50 ans, il est déjà trop tard pour accéder à ce poste. « On est programmé ou non pour être directeur général, et cela dès 35-40 ans », affirme le porte-parole de Boyden Interim Executive. Quoi qu’il en soit, si la direction générale vous est refusée, rien n’est perdu pour autant. D’autres fonctions, peut-être moins valorisantes socialement mais tout aussi stratégiques pour l’entreprise, peuvent vous être proposées. Comme la responsabilité de l’activité grands comptes ou la direction du service client. « Bien sûr, le manager senior ne devra attacher aucune importance à la taille de son nouveau bureau (peut-être plus exigu que le précédent) et à l’importance numérique de son équipe ! Un seul critère est à prendre en compte : l’intérêt de la mission proposée », poursuit l’expert. Si une évolution interne est impossible, libre au senior d’orienter ses recherches vers l’extérieur. Là, une réalité s’impose : même si les experts notent une certaine mobilité des cadres seniors, les offres d’emploi ouvertes aux quinquagénaires se comptent encore sur les doigts de la main. « La candidature spontanée bien ciblée reste la meilleure méthode d’approche », note Gérard Fournier. Les fonctions briguées par le manager seront les mêmes qu’en interne, à savoir celles de directeur général, de directeur commercial (sur des marchés et des problématiques clients différents), de directeur du service clients ou encore de responsable marketing ou grands comptes. La tactique du candidat à l’embauche ? Cibler les secteurs d’activité et les entreprises où il pourra valoriser au maximum son expérience. « S’il évolue depuis toujours dans le domaine de la grande consommation, il intéressera vivement les marques du luxe, tentées aujourd’hui d’emboîter le pas à la distribution », indique l’expert. Mais il arrive parfois que l’embauche se fasse désirer ou que le manager émette le souhait de goûter aux joies de l’entreprenariat. Là, les experts se montrent pessimistes. « Se mettre à son compte à 50 ans, soit en créant, soit en reprenant une entreprise, quand on n’a aucune expérience dans ce domaine, est extrêmement risqué ! », prévient Olivier Spire. Les experts émettent les mêmes réserves s’agissant des reconversions vers le conseil et les autres formes de consulting. « Avec les grands cabinets de conseil, ajoute-t-il, la concurrence est rude, et la personne risque de se sentir bien seule et démunie. » Une solution existe, pourtant, pour les seniors en quête d’indépendance : le management de transition. Un chiffre d’affaires en chute libre, une force de vente démobilisée : tel un médecin urgentiste, le manager senior intervient pour redresser la barre de l’entreprise malmenée.

L’intérim, une formule motivante

Didier Parjadis a opté pour ces missions à durée déterminée. À 52 ans, cet ancien directeur général d’une société de conseil remplit, depuis le mois de juin 2003, la fonction de directeur commercial en intérim du Crédit immobilier de France pour la région Normandie. Il dispose de neuf mois pour redynamiser une équipe de vente démobilisée et boucler un plan de développement quinquennal. « L’intérim est une formule intéressante, confie-t-il. Elle permet de plancher sur des projets motivants tout en gardant une certaine indépendance vis-à-vis de l’entreprise. » Mais cette liberté a un prix. En acceptant cette mission, Didier Parjadis a fait aussi le choix de vivre, temporairement, éloigné de sa famille. « Je suis beaucoup plus mobile qu’à 30 ans, lance-t-il. Mes enfants s’assument et mon épouse accepte ce nouveau rythme de vie. » Rien de plus normal, selon Gérard Fournier : « Ces missions sont, pour les quinquagénaires, l’occasion de rester opérationnels. Cela vaut mille fois mieux que d’être “sur la touche” dans son entreprise. »

Témoignage

Laurence Hurtaud, ex-directeur commercial et marketing de JPG, entreprise de vente à distance de matériel et de mobilier de bureau « L’âge effraie les recruteurs » Laurence Hurtaud affiche un curriculum exemplaire. Âgée de 52 ans, elle a occupé les postes de chef de produit, de responsable marketing, puis de directeur commercial en charge, tour à tour, de l’animation de réseaux, du développement des outils de marketing et de la vente à distance. Et ce dans des secteurs aussi variés que les assurances ou l’édition. Mais en dépit de ce parcours sans faute, Laurence Hurtaud peine à trouver un nouvel emploi en CDI depuis 1999, date à laquelle un plan social la contraint à quitter JPG. « Selon les recruteurs, un quinquagénaire s’adapte moins vite qu’un jeune et se révèle plus difficile à manager. Ce qui est totalement faux, car à 50 ans, on a déjà fait ses preuves. On peut donc s’intégrer rapidement dans l’entreprise et se consacrer pleinement à sa mission sans penser exclusivement à sa carrière. » L’ancien manager le prouve au quotidien. Depuis quatre ans, elle gère des projets de création d’entreprise en qualité de conseil en marketing et enchaîne les CDD et les missions d’intérim. La dernière en date, chez Bayard Presse, a pris fin en juin 2003. « Professionnellement, je vis au jour le jour, confie-t-elle. C’est stimulant, mais j’avoue qu’aujourd’hui, j’aimerais bien m’impliquer de nouveau dans un projet d’entreprise. »

À retenir

- Le manager senior est confronté à deux problèmes majeurs : le “jeunisme”, qui prédomine dans certaines entreprises, et l’écart générationnel qui existe entre lui et son équipe. - En interne, il peut se voir confier la direction générale. Si ce n’est pas le cas, il peut évoluer vers un poste plus opérationnel : directeur des grands comptes ou du service client. - S’il souhaite changer d’entreprise, le manager privilégiera les candidatures spontanées et ciblera les secteurs où il pourra valoriser son expérience. - Se mettre à son compte comme consultant est une entreprise risquée. - Les missions d’intérim se développent et apparaissent comme un bon compromis pour les quinquagénaires en quête d’indépendance.

 
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Emmanuelle Sampers

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