Et pourquoi pas les pendre haut et court?
Faut-il que le management ait une image déplorable pour qu'éditorialistes et experts estiment qu'une entreprise sans chef est «une belle utopie»? Le quotidien Les Echos, sous la plume de Philippe Escande, cite la Harvard Business Review qui évoque Morning Star, société américaine de sauce tomate. Dans cette entreprise de 400 personnes au chiffre d'affaires de 700 millions de dollars, aucun niveau hiérarchique n'existe entre le président-fondateur et ses employés. Tout est sous le contrôle des uns et des autres, au travers de décisions collégiales. Une société idéale?
Laurent Bailliard Rédacteur en chef
Peut-être... Mais force est de constater que si l'on en vient à citer en exemple cette entreprise, c'est que le management, de manière globale, est désormais présenté selon sa vision la plus simpliste. Nous avons tous en tête des «chefaillons irascibles» qui démotivent plus qu'ils ne motivent, qui engendrent stress, départs et perte de productivité. A l'inverse, il existe des femmes et des hommes qui cherchent à faire grandir les autres, sans pour autant passer leur temps à défendre leur pré carré.
Le self-management est bien une idée de notre temps... S'en sortir seul, ne compter que sur ses qualités ou, au contraire, ne rien assumer et se cacher derrière une décision collégiale... Pourtant, à y regarder de plus près, cette critique à l'encontre des managers comporte un aspect positif, celui de vouloir responsabiliser les collaborateurs et les rendre autonomes. Mais vouloir tirer le meilleur d'eux-mêmes, les accompagner, les encourager... n'est pas moins beau. C'est dur, et c'est pour cela que les bons managers sont peu nombreux. De là à remettre en question cette fonction? Devrait-on aussi supprimer les professeurs, les banquiers, les médecins... sous prétexte que certains sont mauvais?
Laurent Bailliard
Rédacteur en chef