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Isabelle Schlumberger, une certaine élégance managériale

Publié par le | Mis à jour le

Ancienne Daf et dg d'entreprise, Isabelle Schlumberger s'est peu à peu convertie à la vente. Une femme charismatique qui a su se hisser sur les plus hautes marches grâce à son ambition, son exigence, mais aussi sa générosité à l'égard de ses équipes. Rencontre avec celle qui est aujourd'hui directeur général commerce et développement France de JCDecaux, spécialiste de l'affichage urbain.

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Elle vous accueille dans son grand bureau lumineux à Neuilly-sur-Seine, vous invite à prendre place devant une table basse absolument nette, débarrassée de tout dossier, et encadrée par quatre fauteuils très exactement alignés, dans un renfoncement vitré et arrondi de la pièce. Tout est clair, calme, ordonné... Comme si cet intérieur sobre et select devait accompagner l'élégance naturelle d'Isabelle Schlumberger, directeur général commerce et développement de JCDecaux, spécialiste de l'affichage urbain (2,46 milliards de chiffres d'affaires dans le monde en 2011).

Depuis six ans, elle est à la tête d'une force de vente de 345 commerciaux. Loin, très loin même de ses rêves de jeunesse qui la portaient déjà Premier ministre, puis, surtout, première préfète de France! Non pas pour faire carrière dans la politique, mais « davantage attirée par la dimension organisationnelle de l'Etat et pour le rôle très opérationnel sur le terrain local», confie-t-elle. Un reflet, déjà, de son ambition et de son goût pour les responsabilités et les défis, et la marque d'un tempérament bien trempé. «Isabelle est une femme brillante, intelligente, qui s'appuie sur des valeurs pour avancer, et qui est l'enthousiasme-né», explique Jean Muller, dg délégué commerce et développement, chargé d'assurer la gestion opérationnelle de la force de vente alors qu'Isabelle Schlumberger s'occupe davantage de stratégie et des liens avec certains clients.

Un profil financier

Déviant quelque peu de ses premières amours, c'est dans la finance que se lance Isabelle Schlumberger, à travers des spécialisations à Sciences-Po puis à Dauphine, avant d'occuper plusieurs postes dans des directions financières au sein du groupe Havas, à la fois en France et au Royaume-Uni. Mais rapidement, elle prend des responsabilités opérationnelles, au point de devenir pendant six ans directeur général de JCDecaux Airport, avant finalement d'occuper son poste actuel. «J'ai accepté ces évolutions par goût des défis, des challenges. M'éloigner de mes bases était intéressant», affirme-telle. Un choix qu'elle assume et sur lequel elle ne compte pas revenir à l'heure actuelle: « On ne retourne pas impunément à un métier qu'on a quitté depuis autant d'années... », note cette manager résolument tournée vers l'avenir.

Pour autant, deux décennies passées dans la sphère financière laissent des traces: « La finance est une leçon de rigueur. Elle fournit une méthodologie, un code de bonnes pratiques, des grilles d'analyse qui peuvent s'appliquer dans toutes les situations», estime-t-elle d'une voix posée et en cherchant le mot juste. Une rigueur qui trouve aussi son origine, sans doute, dans sa foi protestante, qu'elle n'hésite pas à mettre en avant en s'inspirant notamment de passages de l'Ancien Testament pour motiver ses équipes.

Bio express

1964: Isabelle Schlumberger naît à Nogent-sur-Marne (Val-de-Marne).
1983: Elle sort diplômée de Sciences-Po et de Dauphine un an plus tard.
1984: Elle intègre Havas, le groupe de conseil en communication, au sein de la direction financière.
1990: Elle est nommée directeur adjoint de la direction financière d'Avenir Havas Media.
1994: Elle devient Daf des filiales anglaises et américaines du groupe Havas (Sky Sites, Milles and Allen et David Allen). Elle passe plusieurs années à Londres.
1998: Elle devient directeur des opérations au sein de Sky Sites London, filiale gérant les activités transport (futur JCDecaux Airport UK).
2000: Suite à une fusion d'entreprise, elle prend la direction générale de JCDecaux Airport, qui gère le développement de la publicité dans les aéroports.
2006: Elle devient directeur général commerce et développement France chez JCDecaux.

Une main de fer dans un gant de velours

Malgré cette rigueur, Isabelle Schlumberger bannit la monotonie de son quotidien et préfère l'imprévu. «Je déteste la routine! », s'exclame-t-elle. Pour preuve, hormis le comité commercial du vendredi après-midi avec le dg délégué et les directeurs commerciaux, son agenda ne compte aucun rendez-vous permanent. Et cette femme de tête ne confond pas non plus rigueur et sévérité: elle fait preuve d'une attention aiguë pour ses collaborateurs. «Je suis là où il faut que je sois pour mes équipes », affirme-t-elle.

Ce sens de l'autre est d'ailleurs une constante chez elle. « Ce que j'apprécie le plus chez Isabelle, c'est l'autonomie et la confiance qu'elle accorde et qui sont des moteurs de motivation et d'implication », explique Jean Muller, dg délégué. «Nous assumons toutes nos décisions et Isabelle arbitre les questions que nous souhaitons lui soumettre», renchérit Cyril Roche, directeur gestion, coordination et moyens commerciaux de JCDecaux. Une main de fer dans un gant de velours? Peut-être... «Loin de toute forme d'autoritarisme, Isabelle s'impose par son charisme et par une forte capacité à rallier les autres à son point de vue», complète Cyril Roche.

Outre son dynamisme et son sens du groupe, la manager se distingue par une capacité à conjuguer, sans dommage, vie professionnelle et vie personnelle. Mais si les femmes cadres sont plus rares que leurs homologues masculins dans le top management des entreprises, cette mère de quatre enfants ne veut pas devenir l'emblème d'une cause. «Je ne me sens pas différente en tant que femme. Peut-être le suis-je pour les autres. Je ne l'ai jamais ressenti ni comme un atout, ni comme un obstacle», affirme celle qui croit dur comme fer que la qualité tient aux compétences et non au genre, et qui n'a pas eu besoin de tout sacrifier pour réussir.

Ce qu'elle aime...

Une bonne adresse. L'Arpège, le restaurant d'Alain Passard, dans le 7e arrondissement de Paris. «Une adresse magique, pour un moment hors du temps, qui mêle de façon incroyable la simplicité et le raffinement.»
Un hobby. Pendant longtemps, couture, broderie et point de croix. «J'aime discuter tout en faisant quelque chose de mes mains.»
Un livre. La Bible. «Je n'hésite pas à la citer à mes équipes, car il y a des passages qui s'appliquent aussi à la vie professionnelle. »
A l'image d'un verset d'Esaïe, «Ne crains rien», dont elle a fait le credo de sa force de vente pour 2013.

 
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Amélie Moynot

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