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Les clés d'une conduite responsable

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Pour instaurer une politique de transport responsable pour vous et vos commerciaux, la volonté ne suffit pas. Des outils, de bonnes pratiques et un peu de bon sens vous amèneront sur la route de l'éco-conduite de façon durable.

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Un accident du travail mortel sur deux est lié à la circulation, selon les statistiques du régime général d'assurance-maladie. Le coût de l'essence ne cesse de grimper. Le réchauffement climatique s'accélère. Trois constats qui amènent de plus en plus d'entreprises à revoir leurs habitudes et pratiques, notamment en se tournant vers l'éco-conduite. Autrement dit, une conduite automobile économe en carburant, écologique, économique et ayant de ce fait un impact direct sur la consommation, l'environnement et la sécurité. L'adoption de l'éco-conduite contribue également à donner à votre société une image d'entreprise responsable. Face à ces constats, les collaborateurs ont pris conscience de la nécessité de rouler plus proprement et prudemment lors de leurs trajets professionnels.

Malgré tout, il n'est pas rare d'entendre encore certains managers dire à leurs col laborateurs: «Appelle-moi quand tu es en route» ou encore «Je t'appelle en chemin». Et les directeurs commerciaux sont en première ligne. Il est vrai que pour cette population, souvent en déplacement il est tentant de mettre à profit les temps de trajet au volant en passant quelques coups de fils, ou encore d'appuyer un peu plus sur la pédale d'accélérateur pour ne pas faire attendre un client.

Combien ça coûte?

La mise en place d'une politique d'éco-conduite a un coût. Environ 500 à 1 000 euros par collaborateur. Cependant, ces dépenses sont rapidement amorties en une année environ) grâce aux économies de carburant et de journées non travaillées pour cause d'accident de la route. En effet, les spécialistes observent des résultats rapides: jusqu'à 40 % d'économie de carburant ainsi qu'une baisse des taux de sinistralité d'une dizaine de points de pourcentages, voire plus, pour les équipes ayant suivi un programme d'éco-conduite.

1. Dressez un état des lieux

Contre les mauvaises habitudes en matière de conduite, il existe des solutions. Mais, avant de programmer toute mesure, encore faut-il savoir d'où vous partez. La première chose à faire est donc de dresser un état des lieux. Au sein de vos équipes, combien de personnes doivent se déplacer? A quelle distance et à quelle fréquence? Quels sont les moyens de transport employés? S'il s'agit de la voiture, quel type de véhicules? Mesurez aussi la consommation en carburant de vos équipes. Etant donné que vous remboursez les frais kilométriques de vos collaborateurs, avec une carte carburant par exemple, vous disposez d'une estimation assez proche de la réalité. A partir de là, vous allez déterminer si votre équipe a besoin simplement de quelques ajustements ou s'il faut monter entièrement une stratégie visant à éradiquer les mauvais comportements.

Demandez-vous si la voiture est toujours indispensable et si certains trajets ne peuvent pas se faire via des solutions alternatives. Bien entendu, la technologie rend les véhicules de plus en plus propres. Cependant, elle ne remplace pas la réflexion. Elaborer un plan de déplacement est nécessaire. Vous n'avez pas forcément besoin de l'aide d'un prestataire spécifique pour le mettre sur pied: souvent, le bon sens suffit. Suivant les plannings et les missions de vos commerciaux, optimisez les déplacements et gérez les tournées. Certains trajets devraient pouvoir se faire avec un autre moyen de locomotion moins polluant que l'automobile. Pour les déplacements

intra-urbains, d'autres solutions sont effectivement envisageables: les transports en commun, le vélo ou, pourquoi pas, le gyropode, ce véhicule électrique monoplace se déplaçant à une vitesse moyenne de 10 km/h. Par ailleurs, si vous devez renouveler une partie de votre parc, ne regardez pas uniquement la taille des jantes et le nombre de chevaux: soyez également attentif à la quantité de CO2 rejeté. Et pourquoi ne pas envisager de mettre à disposition de vos collaborateurs des véhicules électriques pour leurs déplacements de proximité? S'il est difficile, voire impossible, d'imaginer aujourd'hui une équipe commerciale entièrement équipée 100 % électrique, la cohabitation de cette énergie avec les carburants traditionnels pourrait être une bonne option.

L'expert

François Piot, directeur général d'Arval et président du Syndicat national des loueurs de voitures en longue durée (SNLVD).

2. Passez à l'action

A partir de cet état des lieux, vous allez mettre en place plusieurs actions. La première: la formation. Elle peut se dérouler en salle ou sur circuit. Les organismes dispensant ce genre de prestations (très nombreux et très variés: bureaux de certification, loueurs automobiles, prestataires spécialisés...) disposent de simulateurs de conduite, recréant parfaitement des conditions de route très réalistes. Si vous faites le choix des stages sur circuit, veillez à ce que les conducteurs n'apparentent pas les tests à un jeu, au risque de ne pas prendre au sérieux les conseils prodigués. A côté de cet apprentissage, des applications sur smartphone incitant à la conduite responsable fleurissent ça et là. Sans remplacer un stage de conduite, elles peuvent aider le conducteur à être davantage attentif à une conduite plus responsable. En ayant entré au préalable les caractéristiques du véhicule, l'application mesure la vitesse, la distance parcourue et le freinage pour calculer votre consommation. En fin de parcours, ces applications livrent un compte rendu de la qualité de votre conduite.

Mais l'un des arguments les plus incitatifs pour vos équipes reste le challenge. Tout d'abord parce que vos commerciaux, familiarisés avec cette pratique dans l'exercice de leur métier, y seront d'autant plus réceptifs! Ces opérations ne changent en rien des challenges commerciaux classiques que vous montez par ailleurs. Il vous suffit simplement de remplacer les objectifs de volume de vente ou de chiffre d'affaires par des «gains» liés à une conduite responsable, mesurables en kilomètres économisés, en litres de carburant ou encore en nombre de gramme de CO2 au kilomètre parcouru. Effet garanti!

Enfin, n'oubliez pas que la principale source de motivation pour vos collaborateurs, c'est vous! Même s'il existe une politique globale de communication pour promouvoir la conduite responsable au sein de votre entreprise, c'est par votre force de persuasion, votre conviction et votre implication que vous parviendrez à motiver vos troupes. Si vous ne vous affirmez pas en tant que moteur de l'action, en montrant l'exemple, ne vous attendez pas à ce que vos commerciaux s'y attellent comme par magie.

Le témoignage de Alexandre Crosby, directeur associé de la société Carbox, spécialisée dans l?autopartage aux entreprises « Avec l?autopartage, l?exploitation du parc est optimale »

L'autopartage est un système de location courte durée de véhicules en libre service. Destiné aux sociétés comptant au moins 20 salariés (taille minimale d'une PME), ce service s'apparente à de la location longue durée dans la mesure où les véhicules demeurent au sein de l'entreprise. Toutefois, les voitures mises à disposition ne sont pas liées à une personne, mais destinées à l'ensemble des collaborateurs ayant à se déplacer. « L'autopartage est également assorti d'une dimension technologique », affirme Alexandre Crosby, directeur associé de Carbox. Ainsi, chaque utilisateur effectue ses réservations en ligne et les voitures sont en libre service, accessibles par badge électronique. De plus, elles sont équipées d'un boîtier permettant la remontée d'informations.
« Les véhicules étant en partage, l'exploitation du parc est optimale: celui-ci est plus restreint pour autant de trajets », souligne Alexandre Crosby. Sans compter que l'attrait de l'autopartage est également écologique: les automobiles concernées sont généralement des citadines à moteur thermique à faible émission de carbone ou à moteur électrique. Par ailleurs, l'autopartage reste moins coûteux que le taxi, dont l'utilisation est surtout avantageuse pour les trajets en aller simple, comme vers une gare ou un aéroport. Pour bénéficier d'un service d'autopartage, compter entre 450 Euros ou 600 Euros par véhicule et par mois.

3. Ancrez les bonnes habitudes

Pas de changement durable sans suivi. Celui-ci peut être assuré par des instruments de mesure comme la carte carburant évoquée précédemment, mais il existe aussi des boîtiers électroniques embarqués fournissant un suivi plus précis des distances parcourues et des consommations de carburants. Cette solution télématique embarquée peut effrayer vos commerciaux qui y verront peut-être une atteinte à leur liberté et pourraient avoir l'impression d'être «fliqués». Rassurez-les: cette technique n'est pas un GPS. Si elle mesure les distances, en revanche elle n'inclut pas de géolocalisation. Autre axe de surveillance: l'entretien des véhicules. Assurez-vous que vos commerciaux suivent à la lettre le programme des visites techniques prévu. Les véhicules non entretenus polluent plus, consomment donc davantage et perdent en sécurité. Sans compter que de rouler avec un véhicule commercial portant le logo de votre entreprise et dégageant une fumée noire nuit à votre image et risque de vous faire chuter dans l'estime de vos clients, voire d'en dissuader de nouveaux. Enfin, chassez le naturel, il revient au galop. C'est pourquoi votre stratégie ne peut être efficace sans effectuer régulièrement des piqûres de rappel. Toutes ces opérations visant à améliorer la conduite responsable de vos collaborateurs ne doivent pas être considérées comme acquises «une bonne fois pour toutes». Elles doivent être renouvelées environ tous les ans, en version moins soutenue, pour garantir leur efficacité sur le long terme. C'est ainsi que votre stratégie tiendra la route.

 
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Laure Tréhorel

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