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Mon patron habite à l'autre bout du monde !

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Comment parler gestion de carrière et rémunération quand votre patron est à des milliers de kilomètres de vous ? Créer une relation est pourtant possible grâce aux nouvelles technologies et en multipliant les contacts.

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12 176 kilomètres. C'est la distance qui sépare Christophe Mélinette, directeur commercial de General Electric, à Dubaï, de son manager américain à Atlanta. « Plus on est loin, plus il faut prêter attention à la relation », martèle Bruno Marion, directeur associé de la société de conseil EuroPacific Management, qui assiste les sociétés européennes et asiatiques dans leur développement international et dispense des séminaires sur le thème “Gérer des équipes à distance”. Il est, en effet, facile d'identifier l'humeur de son directeur général le matin quand on le croise dans le couloir. Et de choisir ou non de lui parler de son plan de carrière ou de lui demander une augmentation ! Cela l'est moins quand il est à des milliers de kilomètres. « Quand on vit dans le même pays ou la même ville, on développe un sentiment d'appartenance commun, une proximité relationnelle qui permet d'échanger sur la météo du week-end ou les embouteillages du matin… Des détails qui créent un lien, inexistant à distance », souligne Bruno Marion. Il vous faut donc recréer artificiellement cette relation en consacrant à votre patron de l'autre bout du monde deux fois plus de temps que s'il était à côté de vous. « Passez un coup de fil de temps en temps, sans raison précise. Créez les occasions de vous rappeler à son bon souvenir puisque vous ne “l'avez pas sous la main” ! », conseille Bruno Marion.

Évitez la perte de contact

Ce que n'est pas encore parvenu à faire Olivier Picquart, directeur commercial de la société Novax, spécialisé dans les services de communication pour les pharmacies (écrans, logiciels, etc.). « Quand des décisions sont à prendre, nous avons du mal à passer en mode urgent ! », ironiset- il. Implanté à Madrid en Espagne, il travaille avec un directeur général bordelais avec lequel il n'a pas créé en amont une relation de proximité. « Nous nous parlons peu, à peine une fois tous les quinze jours. Il nous arrive même de passer un mois entier sans nous téléphoner », évoque-t-il. Une situation à éviter. Car si le lien ne se crée pas dans la routine quotidienne,comment parvenir à se faire entendre quand il faut parler carrière ou rémunération ! Pour développer cette relation, donnez, par exemple, de vos nouvelles par téléphone ou par mail à votre retour de vacances. Prenez des siennes quand vous savez qu'il a été en déplacement. Vous pouvez également utiliser les moyens de communication moderne. Par exemple, la visioconférence. Celle-ci ajoute une dimension visuelle importante. « Une webcam est inutile du point de vue fonctionnel mais pour accroître la relation, elle est indispensable ! », souligne Bruno Marion. Autre outil : la messagerie instantanée. En arrivant au bureau, vous voyez si votre manager est devant son ordinateur ou non.

Optimisez vos rencontres

Toutefois, il reste les rares rencontres physiques. « Pour atteindre un niveau de relation satisfaisant, prévoyez pour ces moments un plan d'action fonctionnel et relationnel », suggère Bruno Marion. Choisissez, par exemple, des lieux appropriés pour partager vos repas, un bistrot plutôt que le restaurant d'entreprise. « Quand je suis en France, je dîne avec mon patron, ce qui permet de développer plus de liens », confie Olivier Picquart, même s'il reconnaît que la distance rend difficile la connivence. Une proximité avec sa direction générale que Christophe Mélinette, lui, ne cherche pas à tout prix car il apprécie avant tout l'autonomie que lui apporte son poste à l'étranger. « Je m'efforce de contacter ma direction américaine le moins souvent. » Ce manager privilégie ainsi les raisons valables pour se manifester. Il adopte la même approche pour les rencontres physiques. « Nous nous voyons une fois tous les trois à six mois. Si nous parvenons à gérer correctement ces deux jours, je laisse une bonne impression ! Ainsi, sans être connu par son directeur général, on peut néanmoins être reconnu. » Et Christophe Mélinette affirme bénéficier de l'entière disponibilité de son manager lors de ses déplacements aux États- Unis. Ce qui lui permet d'aborder tous les sujets, aussi bien sur son quotidien de directeur commercial que sur sa propre carrière. « Riches en autonomie, de telles fonctions à distance ne risquent-elles pas, à terme, de limiter mes possibilités d'évolutions ? », se demande-t-il tout de même.

Philippe Loridon, président de San Marino Telecom et ancien directeur commercial de Hutchison Telecom « J'ai créé une relation de confiance avec mon boss hong kongais »

Philippe Loridon a passé douze ans chez Hutchison Telecom au Brésil, au Sri Lanka et en Argentine. Pendant toutes ces années, il a eu le même patron, un Chinois habitant à Hong Kong. « Je négociais ma rémunération en fin d'année lors d'un voyage annuel. Cela n'a jamais constitué une réelle difficulté car le bonus dépassait souvent le fixe annuel ! » Au Brésil ou en Argentine, il lui arrivait parfois de commencer une deuxième journée par téléphone avec Hong Kong, le soir vers 23 heures. « Mon patron était peu disponible dans la journée et je devais me plier à son emploi du temps. » Une fois par trimestre, son manager venait à sa rencontre. « Nous en profitions pour passer trois ou quatre jours ensemble. À chaque visite, il devenait plus familier avec mon environnement personnel. Nous avions créé une forte relation de confiance car j'étais seul à gérer son business… à des milliers de kilomètres de lui. »

Et avec votre directeur chinois ?

Si votre manager est, de surcroît, étranger, la distance physique qui vous sépare se double d'un gouffre culturel. Chez les Asiatiques, en particulier, la relation humaine est très importante. Privilégiez les “small talks”, ces moments où l'on parle de tout et de rien au début d'une conversation professionnelle. « Ils sont férus de nouvelles personnelles. Envoyez-leur une photo de vous en vacances à votre retour. Et faites-les parler des leurs », conseille encore Bruno Marion (EuroPacific Management). Mais séparez toujours le professionnel du relationnel. Ainsi, avant de commencer un entretien sur votre carrière, prévoyez deux appels : le premier pour parler de la pluie et du beau temps et fixer une date pour le prochain, qui sera alors l'occasion d'aborder votre avenir.

 
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Isabelle de Chauliac

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