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Un bon manager doit-il jouer au golf ?

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Le golf, école d’humilité et de maîtrise de soi, est pratiqué par de nombreux managers. Qui concluent – parfois – quelques affaires après le parcours.

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De Gérard Pélisson (Accor) à Jérôme Seydoux (Pathé), en passant par André Rousselet, l’ancien p-dg de Canal Plus, la petite balle blanche fait courir 500 000 Français, dont les plus prestigieux de nos “patrons”. Et, les chiffres le prouvent, nos hommes d’affaires en sont particulièrement férus. Un exemple : la Commission du golf d’entreprise, la branche de la Fédération française de golf créée pour promouvoir et développer le golf en entreprise, rassemble 712 associations sportives d’entreprises publiques ou privées, soit 31 000 adhérents contre moins de 4 000 en 1988. Ils se retrouvent pour des rencontres sportives informelles, mais aussi lors de tournois, tels que la Coupe des présidents d’entreprise. “ Le premier golf corporatif d’entreprise a été créé par Peugeot en 1929, explique Annie Roudaut, membre bénévole de la commission depuis une vingtaine d’années. Golf et entreprise font bon ménage parce qu’ils véhiculent les mêmes valeurs : le fair-play, le respect de l’étiquette, la convivialité, la concentration. Autant de qualités que devrait posséder tout bon manager ! ” Cette passion “manageriale” ravit Jean-Pierre Tairraz. Après douze ans d’enseignement au très sélect et réputé golf de Saint-Cloud, ce professeur émérite s’émerveille encore des capacités de ses élèves managers. “ Une fois sur le parcours, tous ces hommes d’affaire très occupés et stressés abandonnent leurs soucis pour ne plus se consacrer qu’à la petite balle ! ”, s’exclame-t-il.

Une histoire d’amour

Pour Hubert Brelet, retraité, ancien responsable de budget du groupe 3M (fournitures de bureau et produits médicaux), le golf est une double histoire d’amour : c’est sur les greens qu’il a rencontré une jeune Anglaise qui devint, ensuite, sa femme. Sa passion le pousse même a créer, dans les années 70, avec l’aide d’un collègue, une section golf chez 3M. “ À l’époque, la pratique du golf était très onéreuse, se souvient-il. Je voulais partager ce hobbie avec mes collaborateurs, mais aussi négocier des tarifs de groupe auprès des clubs. ” Le succès est vite au rendez-vous : le nombre d’“adeptes” passe de 2 à 120 en quelques années. Le golf devient la section sportive la plus importante du groupe, devant le ski et le tennis. “ La convivialité du sport a permis à des collègues de partager des moments uniques en dehors des heures de travail ”, ajoute Hubert Brelet, qui décide de poursuivre l’expérience en créant, au début des années 80, la Coupe de Paris, un tournoi annuel rassemblant toutes les associations de la Fédération française de golf. Il s’aperçoit alors que ce sport est un excellent instrument de relations publiques. “ Les participants étaient des cadres supérieurs, explique-t-il. Outre le plaisir sportif, ce tournoi permettait de renforcer nos relations avec les autres entreprises. ” Une expérience concluante qui le pousse à créer, en 1995, le “Physiotherapy Unit”, un bus médical très sophistiqué qui suivra, durant quatre années, les principaux tournois du circuit professionnel. Un moyen, pour 3M, d’assurer sa promotion : “ Au trophée Lancôme, nous invitions une trentaine de personnes par jour, poursuit-il. Lorsque le champion espagnol Severiano Ballesteros s’est fait soigner dans notre “bus”, nous nous sommes offert un merveilleux “coup de pub” ! ”

Rencontrer ses clients

Car le golf permet, plus que tout autre sport, d’établir et d’entretenir des relations privilégiées avec ses partenaires. “ Un parcours dure quatre heures. On se vouvoie au trou numéro 1 et on se tutoie au 18 ! ”, s’exclame Cyril Ferrand. Aujourd’hui directeur général de la SBB, une filiale de Bouygues Télécom, il débute au golf par l’intermédiaire d’amis. “ Lorsque j’ai commencé à jouer, j’étais commercial, raconte-t-il. Je me suis aperçu que le golf constituait un extraordinaire levier de communication. Je l’ai beaucoup utilisé pour inviter mes clients et mes prospects. ” Et l’idée a fait des émules. Carthago, l’éditeur de logiciels de gestion de la relation client, a organisé, en octobre 2001, un trophée rassemblant 35 clients et prospects et 16 collaborateurs au golf de Cély-en-Bière. “ L’objectif était d’entretenir des relations dans un cadre convivial et de parler business, explique Sonia Sutic, responsable de la communication. Nous avons formé une dizaine d’équipes en fonction du handicap de chacun. La journée a été suivie d’un séminaire sur les enjeux et les perspectives de la gestion de la relation client. Les gagnants sont repartis avec des sacs de sport et des polos Ralph Lauren. ” D’ailleurs, nombreuses sont les agences d’événement à s’être engouffrées dans le créneau du golf. C’est le cas de l’Année Golf organisation, créateur et organisateur de compétitions de prestige. L’agence a, par exemple, créé la Leader’s Cup Accenture, qui réunit une fois par an, 72 présidents et directeurs généraux de sociétés sur le parcours du Paris International Golf Club, et son équivalent au féminin, la Lady’s Leader’s Cup Caroll. Toutefois, qu’il s’agisse d’événements, de trophées ou d’une simple partie du dimanche, il existe une règle de bienséance à laquelle mieux vaut ne pas déroger : “ Ne parlez jamais affaires sur le parcours, insiste Cyril Ferrand. Pensez plutôt à observer vos partenaires, le golf est un excellent révélateur de personnalité. Vous décèlerez rapidement les qualités et les défauts de chacun ! ” Alors, le golf doit-il faire impérativement partie de la panoplie du parfait manager ? Rassurez-vous. Pour ceux que ce sport rebuterait, Ernest-Antoine Seillière ne joue pas au golf... En voilà un que la petite balle n’a pas encore conquis.

Bon à savoir

_ Vous trouverez, sur www.golf.com.fr les coordonnées de tous les clubs de golf de l’Hexagone ainsi que les grands rendez-vous de l’année. Le site de la Fédération française de golf, www.ffg.org, rassemble tous les renseignements utiles sur le sport et permet, entre autres, d’entrer en contact avec la commission dédiée au golf d’entreprise.

Témoignage

Jean-Pierre Tairraz, professeur et responsable de l’école de golf de Saint-Cloud “ Mes élèves managers sont exemplaires ” Jean-Pierre Tairraz dirige, depuis douze ans, l’école de golf du club de Saint-Cloud (2 000 membres), soit une équipe de huit professeurs. Cet ingénieur informaticien de formation a le golf et l’enseignement dans le sang. Ses élèves ? Il les aime tous mais il avoue une petite préférence pour les “top managers”, qui constituent un tiers de sa “classe”. “ Ils sont très différents des autres élèves, explique-t-il. Ils possèdent une puissance mentale et une faculté de concentration extraordinaires. Ils se fixent des objectifs précis et ne s’encombrent pas des dernières théories à la mode. ” Côté discipline, Jean-Pierre Tairraz se dit également étonné par la docilité d’hommes ou de femmes en général habitués à donner des ordres. “ Ils écoutent, enregistrent et tiennent compte de leurs erreurs pour progresser. Je n’en ai jamais vu un s’énerver sur un parcours. ” Quand au mythe des “affaires” conclues lors de parcours, il n’y croit pas. Du moins en France. “ En revanche, en Asie ou aux États-Unis, tout se conclut sur le terrain. ”

Témoignage

Rémi-Pierre Krall, directeur marketing de Selftrade (groupe BAB Bank) “ Ce sport m’a appris la maîtrise de soi ” Etudiant, Rémi-Pierre Krall s’initie au golf grâce un ami. Il le pratique intensément et court même les compétitions. “ Le golf, c’est un plaisir, affirme Rémi-Pierre Krall. Ce sport m’a appris le recul et la maîtrise de soi. Je pense même que cela a joué un rôle dans ma vie professionnelle. Je suis par ailleurs convaincu que de grosses affaires se concluent après les parcours ! Il se crée, entre joueurs, de réelles affinités. ” Aujourd’hui, Rémi-Pierre Krall a mis la pédale douce sur son sport favori, faute de temps libre. “ Il m’arrive de temps en temps de taper quelques balles à l’heure du déjeuner, mais je compte bien “reprendre du service” quand l’heure de la retraite aura sonné ! ”

 
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Caroline Thiévent

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