Retour sur un désastre annoncé : la tragi-comédie de l'Equipe de France de Foot au Mondial
On s'insurge contre la grève des joueurs... comme si l'équipe avait été performante jusque là. Or, les " dés étaient jetés ", le désastre déjà réalisé ; et peut-être cet acte de rébellion a-t-il été le seul moment de lucidité de joueurs désemparés : la remise en question, même maladroite, d'un management illégitime, incompétent et irrespectueux.
Tout semble avoir été dit sur cette pantalonnade et pourtant les déclarations des joueurs, entraîneur et dirigeants prouvent qu’ils n’ont rien vu, rien compris...
Ces commentaires qui s’insurgent contre la grève de l’entraînement des joueurs.... comme si l’équipe avait été performante jusque là. Or, les « dés étaient jetés », le désastre déjà réalisé ; et peut-être cet acte ultime de rébellion a-t-il été le seul moment de lucidité de joueurs désemparés : la remise en question, même maladroite, d’un management illégitime, incompétent et irrespectueux.
De fait, une équipe de France performante aurait été un non-sens, un déni de toute logique morale et managériale... bien que, dans le foot, la part du hasard est importante et tout est possible...
En se référant aux principes de Management, pouvait-on prévoir cette débâcle ?
Ier principe : la légitimité et la responsabilité.
Les contre performances répétées de l’équipe (depuis la précédente débacle en Coupe d’Europe en 2008 ) et la non-capacité de remise en question affichée de l’entraîneur ,son mépris des supporters et son égocentrisme (sa demande surréaliste en mariage le soir d’une défaite affligeante),l’ont disqualifié aux yeux du public, et certainement des joueurs eux-mêmes.
La sanction légitime ne pouvait être autre que la démission, sinon le limogeage. Il est resté à son poste, au mépris de toute logique responsable.
Or, le soutien inconsidéré de la hiérarchie ne confère pas l’autorité et la crédibilité indispensables pour un projet ambitieux
2ème principe : le respect.
Aucune entreprise ne peut réussir à terme, si elle n’applique pas des principes éthiques de respect de ses clients et de respect de ses collaborateurs.
« Je n’existe que par mon public », affirme Roberto Alagna, qui se ressource quotidiennement à son contact.
A l’inverse, cette équipe était indifférente à son public, tenu éloigné, et s’est emmurée dans un dangereux et dédaigneux isolement.
En interne, le respect élémentaire, tant dans les comportements que dans les mots, n’a pas non plus existé, ni entre les joueurs, ni entre eux et leur hiérarchie .
On a vu des joueurs « mis sur la touche » par leurs camarades, ignorés sur le terrain (la ministre a même parlé de « gang maffieux »), on a assisté à du terrorisme de clan ,sans oublier bien sûr la dernière salve d’Anelka…
Le rôle d’éducateur du coach a été inexistant, pour transmettre des Valeurs positives à des gosses (bien que talentueux) mal élevés, grandis trop vite dans le culte unique de l’argent, arrogants et ayant perdus toute mesure de la vie réelle.
Les exemples ont été nombreux de ce dévoiement (hélicoptères, avions privés pour les épouses,
3ème principe : la simplicité
Complément au manque de respect, le manque de simplicité :
On a assisté à la génération « bling-bling », arrivant en hélicoptère au stage d’entraînement,
faisant venir leurs compagnes en avion spécial, comme et même mieux que des Chefs d’Etat.
On a eu le sentiment que la hiérarchie du foot les confortait dans ces comportements nocifs…
Comment, à 25 ans, ne pas éprouver un sentiment d’invulnérabilité, de suffisance et de supériorité sur le reste de l’humanité ? comment garder le sens des réalités ?
Ajouter à cela le sentiment de revanche sociale, non assumée lorsqu’on est encore des post-adolescents issus souvent de quartiers difficiles…
4ème principe : la communication et l’écoute
On a vu des joueurs tous flanqués de leurs écouteurs, isolés dans leur tête, sans échanges ni complicité entre eux, incapables de fonctionner ensemble.
On a vu un coach ,s’écoutant parler, maniant la langue de bois, hautain à l’égard des journalistes, sans aucune capacité visible de remise en question et sans prise directe avec ses joueurs.
On a vu en action un style de management arrogant, borné, qui se voulait drôle.
On a parlé à son sujet d’ « autoritarisme destructeur », autocentré et méprisant.
5ème principe : l’expertise technique
Un style directif peut à la rigueur être efficace, si la maîtrise technique est évidente et reconnue.
Or, elle semblait inexistante : Aucune stratégie constante visible, des revirements tactiques permanents , l’équipe est arrivée au jour J sans choix clair et expérimenté.
A aucun moment, on n’a entendu le sélectionneur parler « foot », expliquer ses choix et ses options. Un grand flou.
On a entendu des joueurs se plaindre de ne pas être utilisés à leur juste valeur, de ne pas être mis à la bonne place, de ne pas être écoutés.
Le choix des recrutements, qui a privilégié les « stars » évoluant à l’étranger et non des joueurs habitués à fonctionner ensemble, a encore amplifié ce sentimrnt d’improvisation.
6ème principe : la remise en question
On a entendu de tous côtés rejeter les responsabilités sur les autres, les journalistes, « la taupe », l’entraîneur par les joueurs, les joueurs par l’entraîneur, le temps maussade et même les trompettes qui empêchaient la concentration pendant les matches !!
Aucun discours de vérité, aucune analyse lucide, aucune prise de recul.
7ème principe : le plaisir
« L’importance de l’enjeu ne doit pas tuer le plaisir du jeu »
Une équipe qui gagne est une équipe qui sait prendre du plaisir ,jouer délié, oser prendre des risques, aller de l’avant ,privilégier le mouvement sur l’inertie, faire preuve d’audace …
Or, on a vu des joueurs tétanisés, tristes, sans inspiration, sans initiative créatrice, sans énergie motrice, écrasés par l’ambiance et l’enjeu.
Et cela se comprend donc…. sans solidarité, sans esprit d’équipe , …et peut-on même parler d’équipe ? plutôt d’un groupe improbable d’individualités …, sans confiance individuelle et collective , la sanction était inévitable !