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Changer de secteur pour faire rebondir sa carrière

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Après dix ans dans l’informatique, peut-on approcher le secteur du luxe ? Ou celui du bâtiment ? Oui, répondent les experts.

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Franck, directeur commercial et service clients chez Noos, est un transfuge du bâtiment, où il a passé sept ans. Après dix ans dans l’aéronautique et un petit tour du côté de l’informatique, Stéphane a, lui, intégré le secteur de la haute couture. Ces deux cadres de la fonction commerciale ont su rebondir d’un secteur à l’autre. Sont-ils des exceptions ou, au contraire, illustrent-ils une évolution dans la façon de gérer sa carrière ? Est-il aujourd’hui plus facile qu’ hier de passer d’un secteur à l’autre ? Pour Gérard Fournier, directeur général de Boyden Intérim Executive, société d’intérim de cadres supérieurs, la réponse est “oui” : « On est de moins en moins vite catalogué à un secteur d’activité. Même après avoir passé de nombreuses années dans un univers, on peut en sortir, en tout cas, plus facilement qu’hier. » Si les entreprises françaises sont de plus en plus ouvertes, elles ne le sont toutefois pas autant que leurs homologues anglo-saxonnes. « En France, malgré certains progrès, les entreprises ont encore tendance à cloner les profils et à recruter, par exemple, chez leurs concurrents, constate Alix de Malartic, consultante en outplacement au sein du cabinet DBM. Un phénomène qui s’accroît lorsque le marché de l’emploi est difficile et que les entreprises reçoivent pléthore de CV. » Pourquoi, en effet, se compliquer la vie avec des profils atypiques alors qu’elles reçoivent de nombreuses candidatures de cadres connaissant par cœur leur secteur ? Pour Alix de Malartic, ce réflexe, s’il est classique, n’en n’est pas moins dommageable : « Sans le savoir, les entreprises perdent là une bonne occasion de s’enrichir. » Il en va de même pour les cadres. Ceux qui l’ont vécu le confirment : ce type de transfert est très profitable. Les cadres qui veulent changer d’air après un assez long parcours dans un même secteur, doivent donc rechercher les analogies entre les deux univers. « Il faut rechercher ce qui, dans son expérience, va intéresser l’employeur d’une autre activité, confirme Alix de Malartic. Il s’agit d’identifier tout ce qui est “transférable” d’un secteur à l’autre afin de montrer votre légitimité pour le poste convoité. » Les circuits de distribution peuvent être proches, l’approche commerciale identique, etc.

Recherchez les analogies

Certains secteurs en mutation, qui changent de mode de distribution ou de cible ont en effet besoin d’importer des compétences développées ailleurs. « Par exemple, se souvient Gérard Fournier, le secteur du luxe a recruté, à une époque, des cadres issus de la grande distribution. Le Club Med a également accueilli, dans les années 1990, des cadres venant d’entreprises dans lesquelles la notion de marque était forte. Le spécialiste du tourisme voulait, à cette époque, réaffirmer sa propre marque. » Bien évidemment, tous les cadres ne sont pas égaux devant les transferts. Le secteur d’origine joue un rôle décisif. Sur le marché de l’emploi, certaines expériences se revendent plus facilement que d’autres. La banque, par exemple, est un milieu qui est considéré comme assez feutré, où la notion de clients est assez spécifique et peu exportable à d’autres secteurs. « C’est vrai que dans la banque, dix ans, c’est marquant ! », lâche Gérard Fournier. Et Alix de Malartic d’ajouter : « On quitte difficilement le secteur de la banque après dix ou quinze ans, tout comme on y entre difficilement à 40 ans ! »

Faites jouer votre réseau

Il est vrai également qu’après dix ans dans certains secteurs industriels, les jeux sont faits ! « Notamment lorsque l’univers est très technique et les produits complexes, que les clients sont peu nombreux et les cycles de vente longs », précise Gérard Fournier. Le secteur de l’informatique, des télécoms et des nouvelles technologies est, à l’inverse, bien coté. Une forte notion de résultat et de réactivité y est attachée. Autant dire que ce secteur vous ouvre bien plus de portes qu’elle ne vous en ferme. Même à 40 ou 45 ans, c’est-à-dire avec plus de vingt ans d’expérience. Les experts s’accordent sur le fait que l’on vieillit très bien dans le monde de la high-tech. « Si l’on vous dit, à 30 ans, comme me l’a déjà rapporté un candidat, que vous êtes “étiqueté”, surtout, ne le croyez pas !, met en garde la représentante du cabinet DBM. On peut considérer qu’avant 40 ou 45 ans, on ne porte aucune étiquette. Au-delà, on peut en revanche être marqué, voire dans certains cas, très marqué. » Quelles que soient les raisons qui vous poussent à aller voir ailleurs – lassitude du secteur, envie de revenir à une passion après avoir fait ses preuves dans un univers avec lequel vous n’aviez aucune accointance – adoptez une démarche rationnelle : commencez à engranger des informations sur le secteur, allez à la rencontre des professionnels qui le connaissent de l’intérieur et adoptez, de préférence, une démarche de réseau. « Un CV atypique, parmi une centaine de candidatures de cadres ayant roulé leur bosse dans le secteur, risque de ne pas faire le poids, reconnaît Alix de Malartic. Ce type de candidature s’expose à être mis de côté. » Et puis, pour apporter une preuve supplémentaire à votre futur employeur de votre capacité à vous adapter, pourquoi ne pas passer par la case MBA ? C’est ce qu’a fait Franck Guénot, aujourd’hui directeur des opérations commerciales et du service clients chez Noos : « Après mon MBA, j’ai été chassé. C’est ainsi que je suis passé du secteur de l’informatique à celui du second œuvre du bâtiment. » Et s’il en est ressorti enrichi, l’entreprise a, elle, été séduite par la valeur ajoutée high-tech qu’il apportait, la culture et les méthodes d’un grand compte. En jouant ces différentes cartes, vous multipliez très sensiblement vos chances d’aboutir.

Témoignage

Franck Guénot, directeur des opérations commerciales et du service clients chez Noos, distributeur de loisirs numériques « Pour changer de secteur, il faut être ouvert aux gens et aux méthodes » En 2002, alors qu’il occupait le poste de directeur général d’ELM Leblanc, spécialiste du chauffage, Franck Guénot est passé à la direction du service clients de Noos, quittant l’univers du second œuvre du bâtiment pour celui de la communication high-tech. « Noos avait besoin de “managers de crise” aguerris. Que je vienne d’un autre secteur importait peu. » En revanche, le fait qu’ELM Leblanc dispose d’un centre d’appels a joué en la faveur de Franck Guénot, qui dirige, aujourd’hui, un plateau téléphonique de 750 personnes. « Bien entendu, il faut être ouvert aux gens, aux méthodes de travail et résister à la tentation d’imposer ses références issues du passé. » En fait, Franck Guénot n’en est pas à son coup d’essai : au début de sa carrière, il est entré chez IBM, où il a passé sept ans, avant de se laisser séduire par l’univers du bâtiment. « Changer de secteur, c’est extrêmement enrichissant », conclut le manager commercial.

 
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Anne-Françoise Rabaud

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