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Encadrement. Coachs de dirigeants : guides ou charlatans ?

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Les gourous d’hier ont laissé la place aux coachs de dirigeants. Encore faut-il choisir le coaching qui convient le mieux à sa personnalité.

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Durant la Coupe du monde de football de 1998, les Français ont découvert que les Bleus n’avaient pas un entraîneur mais un coach, en la personne d’Aimé Jacquet. Depuis, le coaching a envahi notre quotidien. Un coiffeur est devenu un coach capillaire et pour rencontrer l’âme sœur, rien ne vaut un love coach. Cette récupération du concept par la sphère grand public a brouillé l’image de cette discipline dans le domaine professionnel. à voir des coachs un peu partout, on en vient à douter de l’intérêt, pour l’entreprise, de faire appel à leurs services. Si l’on en croit la définition du Harrap’s, le coach est “une personne qui donne des leçons particulières”. Un intitulé qui convient parfaitement à Christiane Maréchal, présidente du cabinet Lombard, conseil en gestion de carrière des cadres et dirigeants. « Pour moi, le coaching professionnel ne peut s’envisager que comme l’accompagnement individualisé d’un cadre, dans le but d’améliorer ses performances, en tenant compte de ses potentialités et de ses talents. » Pour cette spécialiste, le danger est de tomber dans la manipulation et d’être confronté à des exigences irréalistes. « Il ne peut s’agir que d’un coaching de raison, reposant sur des objectifs très clairs et motivé par une problématique ou des espérances toujours liées au contexte professionnel. »

Démocratiser le coaching

Vous accédez à de nouvelles responsabilités ? Le coach doit vous aider à gérer cette évolution en vous permettant d’améliorer votre manière de communiquer, de gérer vos priorités, etc. Vous subissez une “crise de milieu de vie” et vous vous interrogez sur votre place au sein de l’entreprise ? Un coach de croissance va, peut-être, vous permettre de comprendre que vous créez artificiellement des problèmes dans l’unique but de continuer à les résoudre et d’avoir, ainsi, le sentiment d’être actif et utile… Voilà pour les définitions de base, qui, d’ailleurs, semblent rassembler la majorité des coachs d’entreprise. Reste que la méthode employée, elle, varie sensiblement. Si Christiane Maréchal prône exclusivement un coaching individuel, sur mesure et restreint au milieu professionnel, Sophie Soria, présidente de la société Le Coaching éthique, assume parfaitement sa double casquette de coach en entreprise et de coach pour particuliers. Elle pousse même la provocation jusqu’à animer le Love Coaching Café, où elle propose à ses clients de trouver l’âme sœur grâce à un coaching personnel de vingt minutes chrono ! « Les méthodes sont partout les mêmes, justifie-t-elle. Tout en restant professionnel, je crois qu’il est possible de démocratiser les techniques de coaching qui visent à rendre un cadre plus performant, que ce soit dans son activité professionnelle ou dans sa vie privée. » D’ailleurs, Sophie Soria considère appartenir à la deuxième génération de coachs professionnels, ceux qui n’hésitent pas à utiliser les méthodes de marketing les plus audacieuses pour recruter des participants. Son objectif ? Démystifier et désacraliser le coaching. Et elle va jusqu’à proposer aux entreprises des formations de manager/coach en substitution des traditionnels stages de management. « Transmettre quelques techniques de coaching à des managers qui doivent diriger des équipes me paraît un excellent moyen de les rendre plus performants, insiste-t-elle. Le coaching est d’abord entré dans l’entreprise avec le gourou du président. Puis il est descendu au niveau des managers et, aujourd’hui, même le middle management est concerné. L’évolution naturelle, c’est que les salariés et les particuliers puissent, eux aussi, bénéficier de conseils. » Un discours iconoclaste, qui tranche fortement avec celui du milieu plutôt feutré des coachs de dirigeants. Et ne facilite pas la tâche de professionnels en quête permanente de crédibilité et de reconnaissance. Le reproche le plus souvent avancé ? Les coachs se prennent pour des psychanalystes ! « Faux, répond Jane Turner, coach dans la société Le Dôjô et membre de la Société française de coaching (SF Coach). Un psy s’efforce de comprendre comment le passé de son patient a modelé sa personnalité, alors qu’un coach travaille sur le futur, sur les projets concrets de son client. Son rôle consiste à donner l’impulsion extérieure qui va permettre au manager de se remettre en question et de modifier son comportement pour atteindre ses objectifs. Moi, j’aide des cadres de haut niveau à prendre du recul sur leur manière de fonctionner au sein de leur entreprise. »

Dissidence dans le monde des coachs

Sandra Hagege, directrice associée de l’agence de communication événementielle M3 Events a suivi, durant plusieurs mois, un coaching qui l’a beaucoup aidée à améliorer son management d’équipe. « J’avais le sentiment de ne pas être assez directive, de laisser trop d’autonomie à mes équipiers. Au final, c’était improductif, autant pour eux que pour l’entreprise. Le coaching m’a permis de prendre pleinement conscience de toutes mes lacunes et, surtout, de passer à l’action. » Et concrètement ? « Très rapidement, s’en sont suivies une restructuration de l’agence et une redéfinition de poste pour certains salariés. J’ai également clarifié mes relations avec mon associée, nous avons changé le statut juridique de l’entreprise et même modifié notre façon de travailler. » Les témoignages de ce genre sont légion. Pourtant, certains reconnaissent aussi les limites de la méthode. « Il existe des critères qui permettent de repérer un bon coach, assure Michel Giffard, coach et formateur de coachs professionnels au sein d’HEC. Premièrement, il ne doit faire prendre aucun risque psychologique à son client. Pour ce faire, il doit avoir un minimum de connaissances en psychologie et avoir lui-même suivi une thérapie. Ensuite, il doit être capable d’aider le coaché à sortir de ses scénarios habituels, faute de quoi son travail ne sera d’aucune utilité et pourra même avoir un impact négatif. » Et la contestation émane même du microcosme des coachs. Roland Guinchard, ancien membre de la SF Coach et fondateur d’un mouvement dissident, le Groupe de recherches appliquées pour l’accompagnement des managers (Graam), s’oppose au coaching tel qu’il est pratiqué dans les entreprises aujourd’hui. « Si vous vous plaignez parce que vous êtes trop souvent flashé sur la route, un coach va vous dire de lever le pied. Moi, je crois qu’il convient plutôt de s’intéresser aux raisons de ces excès de vitesse. Est-ce que vous aimez tout faire dans la précipitation ? Ou bien est-ce la confrontation avec la loi qui vous motive ? Les coachs ne s’attaquent pas aux véritables causes des problèmes. » Roland Guinchard préfère, manifestement, assumer le côté psychologique de la mission : « Il faut que le coaching revienne aux valeurs fondamentales. C’est la clarification de ses liens avec le travail qui permet au manager de s’améliorer et d’optimiser sa présence dans l’entreprise. » Alors, demain, tous coachés ? Peut-être bien. Mais devant la multitude des coachs et la diversité de leurs approches, chacun doit déterminer à quel style il est sensible. Une simple discussion avec un coach vous permettra de déterminer très vite si vous adhérez à sa vision de cette science somme toute inexacte.

Avis d’expert

Stéphane Morin, cofondateur de Sportonus, société de coaching par le sport « Un coach sportif aide le manager à optimiser ses performances » « à l’image des sportifs de haut niveau, les managers ont besoin d’être pris en main par une équipe pluridisciplinaire qui va leur permettre d’optimiser leurs performances, assure Stéphane Morin. Un coach est utile pour les aider à s’occuper de leur physique comme de leurs affaires. » Sportonus propose un programme personnalisé de six mois qui conjugue entraînement sportif et diététique, ostéopathie et psychologie du sport. « Nul ne peut être au top de sa forme en permanence. Les sportifs connaissent bien ce phénomène. Pour le manager, c’est la même chose. Il doit savoir utiliser à fond son organisme dans les moments forts et lui laisser des plages de récupération. » Pour 12 000 euros le programme individuel, Sportonus apprend aux managers à mieux gérer leur forme sur le long terme, pour accroître leur compétitivité… professionnelle.

Coût

Le coût d’un coach est très variable. Pour un coaching individuel, une fourchette de 100 à 150 euros la séance est courante. Dans le cadre d’une entreprise, comptez plutôt entre 300 et 350 euros la séance. Selon les cas, qu’il s’agisse, par exemple, d’un “coaching d’intégration” pour une nouvelle recrue ou bien d’un “coaching de croissance” pour un cadre supérieur désirant évoluer en responsabilités, la durée sera, évidemment, différente. Sachez qu’en général, on paie à la séance(d’une ou deux heures) et que le travail peut durer entre trois et six mois.

 
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Ludovic Bischoff

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