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Flotte automobile : Prévention routière 80 % des sinistres routiers pourraient être évités

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Chaque année, près de 1 500 accidents mortels de la circulation surviennent dans le cadre du travail. De plus en plus d’entreprises se mobilisent et obtiennent des résultats.

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La prévention routière en entreprise est en passe d’acquérir ses lettres de noblesse. En effet, les conséquences humaines des accidents de la route sont trop graves et leur coût trop lourd pour que les employeurs négligent de se pencher sur le sujet. La Prévention routière, qui s’est intéressée au dossier dès 1995, a été rejointe, dans son combat contre les risques routiers, par de nombreuses sociétés, multipliant ainsi l’offre de programmes de formation. Envisagés sur le moyen terme – trois ans au moins – ces cursus éducatifs permettent de réduire le nombre de sinistres de 30 à 60 %. Conséquence : les entreprises prennent conscience du rôle qu’elles ont à jouer. “ Une fois sur deux, elles nous consultent de leur plein gré ”, observe Francis Pacherie, responsable du département entreprise à la Prévention routière. Les commerciaux itinérants arrivent en tête des populations dites “à risques”. “ Ils ont peu, voire pas du tout de culture de sécurité, déplore Francis Pacherie. Pourtant, ils ne pèchent pas par manque d’expérience. Au contraire, ils sont souvent très à l’aise, ce qui les amène à adopter des comportements de prise de risques excessive. C’est pourquoi ils font, la plupart du temps, l’objet d’une démarche et d’attentions spécifiques. ”

La direction doit s’engager

La direction, mais aussi l’encadrement, doivent mettre en place une charte, ou une politique routière, qui décrit précisément la règle du jeu à laquelle devront adhérer les collaborateurs. Cette première pierre à l’édifice de la prévention routière peut nécessiter la formation de l’encadrement. “ Dans ce cas- là, nous les sensibilisons à diverses pratiques : considérer la conduite comme une tâche professionnelle à part entière, mettre en place des actions afin d’inciter les conducteurs à adopter un comportement dit “de sécurité” ou encore, s’intéresser, dès la procédure d’embauche, aux critères de prévention, énumère Francis Pacherie. ” Ce guide, ou cette charte, qui reprend les valeurs de l’entreprise en matière de conduite et de prévention, doit, entre autres, dénoncer le cumul des tâches, comme le téléphone portable au volant, la consultation d’une carte, la prise de notes, etc. La mise en place de cette règle du jeu suppose d’avoir réalisé un diagnostic des risques, au travers d’une simple visite ou d’un audit.

Déstabiliser les participants

Dès ce moment-là, l’entreprise peut, avec l’appui d’un spécialiste, concevoir et mettre en place un programme d’amélioration. Deux types d’actions, dont le coût est imputable sur le budget formation de l’entreprise, sont possibles : les formations théoriques en salle et les formations pratiques sur le terrain. Les stages théoriques sont essentiels. “ Il faut tout d’abord déstabiliser les participants qui ont, bien souvent, l’impression qu’ils n’ont rien à apprendre et qu’ils savent parfaitement conduire, conseille Francis Pacherie. Il s’agit de leur inculquer des règles de conduite préventives. ” Ces stages “ permettent aux participants d’échanger leurs points de vue, ajoute Jérôme Chardon, de Sagéris. Les réponses viennent souvent du groupe. Les commerciaux, qui sont d’ordinaire parmi les moins convaincus, prennent, grâce au stage en groupe, pleinement conscience des dérives de leur mode de conduite et de leurs responsabilités. Les échanges sont souvent soutenus et riches d’enseignements. ” À aucun moment, en revanche, le discours ne doit être moralisateur. Philippe Maugendre, chef des ventes nationales de la société Codiac, distributeur d’accessoires électroménagers, a mis en place un programme de prévention. Il se souvient : “ Les animateurs ont su déstructurer, en douceur et avec méthode, la logique des commerciaux. À partir de là, ils ont pu leur en enseigner une autre, plus préventive ”.

S’approprier le message

Les entreprises peuvent compléter cette première démarche par une formation pratique. L’avis des spécialistes, à ce sujet, diverge. Francis Pacherie “passe à la pratique” dans environ 20 % des missions qu’il conduit. Il estime que “ l’impact pédagogique des formations pratiques est faible, compte tenu des efforts d’organisation déployés ”. Jérôme Chardon tend, pour sa part, à les systématiser, considérant qu’elles permettent vraiment de s’approprier les messages transmis pendant la formation en salle. Il n’est pas d’action sans communication. Pour cela, les périodicités et les supports restent à définir : journal d’entreprise, intranet, affiches et – pourquoi pas ? –, SMS… À condition, toutefois, que les conducteurs ne les lisent pas au volant !

Témoignage

Philippe Maugendre

, chef des ventes nationales de la société Codiac, distributeur d’accessoires électroménagers En 1999, sur les conseil de sa compagnie d’assurances, la société Codiac, qui emploie une vingtaine de commerciaux itinérants, a décidé de faire de la prévention routière. “ Nous dénombrions environ vingt accidents automobiles par an, ce qui, au-delà des risques de dommages corporels, risquait, à terme, d’avoir des conséquences sur la prime d’assurance. Il était urgent d’agir ”, reconnaît Philippe Maugendre. La sensibilisation des commerciaux a été confiée à la Prévention routière formation, mission cofinancée par la compagnie d’assurances et Codiac. “ Nous avons programmé une journée de formation. Quatre mois plus tard, nous avons fait un rappel d’une demi-journée. ” Au programme : limitation de vitesse, lutte contre les comportements dangereux, anticipation, etc. Le message est passé, puisque le taux de sinistres a chuté de 50 % en 1999/2000. Satisfait ? Oui et non car, en 2000/2001 et 2001/2002, le taux est remonté ; Philippe Maugendre l’attribue, en partie, au turn-over des commerciaux. “ Il faut inscrire cette sensibilisation dans la durée, prévoir des piqûres de rappel tous les deux ans et – pourquoi pas ? – intégrer un stage dans le cursus d’intégration. ” Les responsables de la société y réfléchissent…

À retenir

- Un programme de prévention routière s’envisage à moyen terme et s’étale sur plusieurs années. - La direction et l’encadrement doivent participer à l’élaboration d’une charte de bonne conduite et de sécurité. - Les collaborateurs seront sensibilisés à travers des stages théoriques, éventuellement complétés pas des sessions pratiques. - L’entreprise peut sous-traiter les stages de sensibilisation à une société spécialisée ou former des relais en interne. - Le programme doit être relayé par diverses actions de communication.

BON À SAVOIR

Mode d’emploi pour une bonne prévention Sur la forme, l’entreprise a le choix entre deux options : elle peut externaliser l’ensemble du programme de prévention routière et, dans ce cas, faire appel à une société spécialisée. Il faut compter entre une demi-journée et une journée entière de formation théorique, en groupes de douze personnes environ. Les prestataires conseillent une piqûre de rappel au bout de quelques mois. Les stages pratiques se déroulent, pour leur part, sur une ou – de préférence – deux heures. D’un organisme à l’autre et en fonction du type d’intervention, il faut compter entre 100 et 200 euros par conducteur et par an. L’entreprise peut aussi internaliser la démarche en impliquant des collaborateurs. Dans ce cas, elle fait appel à une société spécialisée qui forme des relais, chargés ensuite de démultiplier les messages de prévention. “ Les entreprises qui optent pour cette solution sont, en général, celles qui prennent le plus au sérieux la démarche et qui s’impliquent à fond ”, observe Jérôme Chardon, de Sagéris. Les avantages : un coût moindre et la possibilité de multiplier le nombre de messages et les rappels. Un bémol : cette formule fonctionne, à condition que les acteurs s’y tiennent et que la direction donne réellement aux relais les moyens de réaliser leur mission. La formation de ces derniers nécessite entre deux et dix jours, selon que le collaborateur en fait son activité principale ou bien qu’il n’y consacre que quelques heures.

 
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Anne-Françoise Rabaud

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