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Ils vivent leur passion sans sacrifier leur carrière

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Ils mènent de front deux vies. Managers commerciaux, ils assouvissent en même temps leur passion. Leur challenge et leur force: cumuler performance professionnelle et épanouissement personnel.

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Hervé Fauvin, directeur des ventes chez Cartesis (éditeur de logiciels) et inventeur du Mokitu
«J'ai inventé un jeu: le Mokitu»

Hervé Fauvin se définit comme un hyperactif. Il avoue même n'avoir besoin que de 5 heures de sommeil par nuit. «Du lundi au vendredi, jusqu'à 20 heures, ma priorité est Cartesis.» Et les résultats commerciaux sont au rendez-vous: «Cette année encore, avec mon équipe, nous avons réalisé 105 % des objectifs.»

Sa direction générale est tellement satisfaite de son travail, qu'elle vient de lui confier le développement du marché suisse. Pourtant, Hervé Fauvin mène une double vie. Lorsqu'il quitte son habit de directeur des ventes, il se transforme en verbicruciste! Autrement dit, il crée des grilles de mots croisés. Et, depuis cet été, il est même passé à la vitesse supérieure en inventant le Mokitu. Ce jeu allie la logique à la culture générale. «J'y passe beaucoup de temps. C'est un véritable hobby.» Avec deux associés, il a fondé une société qui s'occupe de la création des grilles de Mokitu. La commercialisation a été confiée à un prestataire. Ses grilles sont publiées dans des supports tels que Télé7jours, Showbiz, Economie Matin. Et Télé7jeux vient même d'éditer un livre qui reprend une centaine de grilles. S'il reconnaît que cette passion est chronophage, en revanche il assure qu'elle n'empiète pas sur sa vie professionnelle. «J'y veille et d'ailleurs ma direction générale n'y voit aucun problème. Mes résultats sont là et c'est ce qui compte!» Dans son milieu professionnel, les échos sont même plutôt positifs. Car le Mokitu fait parler de lui... «Parfois des clients me font des remarques amusés ou me félicitent. Cela permet le plus souvent de bien démarrer la relation commerciale. Par ailleurs, grâce aux mots croisés puis au Mokitu, j'enrichis ma culture générale. Lors des dîners que nous organisons avec nos clients ou lors de mes rendez-vous de prospection en Suisse, mes connaissances générales me sont toujours très utiles, pour nouer des relations, alimenter des conversations.» Et même si ce n'est pas l'essentiel, cette activité est rémunératrice. Infatigable, Hervé Fauvin conclut: «Si ce n'était pas ça, ce serait autre chose. J'ai besoin d'être toujours occupé et de construire. D'ailleurs je réfléchis à d'autres projets, notamment autour de la décoration.»

Philippe Rigault a Préparé son périple à moto de trois mois comme il l'aurait fait pour un dossier professionnel.

@ P. RIGAULT

Philippe Rigault a Préparé son périple à moto de trois mois comme il l'aurait fait pour un dossier professionnel.

Philippe Rigault, manager commercial, ex-directeur de la relation client chez DHL
«J'ai parcouru la route de la Soie à moto»

22 000 kilomètres et 20 pays traversés en trois mois à moto: c'est le périple que vient de réaliser Philippe Rigault, ex-manager commercial dans l'univers des transports. Parti en juillet 2006, il a parcouru la route de la Soie sur sa BMW 1 200 GS. Sa passion pour l'aventure et le voyage, Philippe Rigault l'a pleinement assouvie à l'occasion d'un break professionnel. En effet, à la suite d'un rachat, l'entreprise qui l'employait s'est restructurée. Il décide de quitter son poste dans la foulée. «J'ai réalisé un projet personnel qui me tenait à coeur depuis longtemps». Une aventure qu'il a préparée comme il l'aurait fait pour un dossier professionnel. «J'ai travaillé en mode projet, me chargeant de la recherche des sponsors, sous-traitant à l'inverse certaines tâches, comme les démarches administratives et les autorisations pour traverser chaque pays. La préparation a été bouclée en trois mois seulement». De retour, le 14 septembre dernier, il vient de réaliser un bilan de compétences. Aujourd'hui il cherche un poste de directeur du développement. «Cette aventure va changer ma façon d'être et de travailler. J'ai appris à prendre de la distance, développé un certain goût du risque, une réelle détermination et une capacité à rebondir. Autant de qualités qui devraient me servir à décrocher un nouveau job.» Toutefois, certains employeurs sont mal à l'aise face à ce type d'expérience hors norme. «Je crois qu'ils craignent d'avoir du mal à me canaliser.» Philippe Rigault s'appuie aujourd'hui sur un nouveau réseau pour sa recherche d'emploi, notamment les relations qu'il a tissées dans les univers de la moto et du voyage. «Idéalement, j'aimerais pouvoir allier les deux, en étant manager dans l'univers des voyages par exemple. Mais l'un n'empiétera pas sur l'autre. Au contraire, ils se nourriront l'un l'autre.»

@ P. RIGAULT

L'avis de Renaud Briançon, coach et consultant en évolution professionnelle chez Leroy Consultants (groupe BPI)

«La passion doit être nourrissante, pas dévorante!»


«Aller au bout de ses envies, cela permet de recharger ses batteries!» Tel est le constat de Renaud Briançon, coach et consultant en évolution professionnelle chez Leroy Consultants (groupe BPI). Pour lui, un manager qui a une passion et va au bout de ses rêves présente toutes les chances d'être une personne équilibrée, épanouie et surtout débordante d'énergie. Des qualités qui ne devraient pas laisser indifférents les recruteurs. «Se lancer dans une aventure, qu'elle soit sportive ou professionnelle, c'est aussi faire preuve d'un sens aigu de l'entrepreneuriat. C'est montrer que l'on a su prendre des risques et s'enthousiasmer. Et faire preuve d'une belle capacité d'organisation», ajoute le coach. Sans compter que ce type d'action va amener la personne à se frotter à des univers, tels que la finance, la communication, la gestion, etc. Tout pour plaire! Toutefois, ce type d'extravagance peut aussi faire peur à un employeur ou du moins l'amener à se poser certaines questions. «Mais si vous montrez que vous avez mené à bien votre mission professionnelle en parallèle de votre projet personnel, alors votre hiérarchie n'aura aucune raison d'être suspicieuse, souligne Renaud Briançon. «Lorsque c'est possible, je ne saurais trop conseiller d'attendre le premier succès dans l'aventure personnelle pour en parler ouvertement avec sa hiérarchie. Si elle constate que rien n'a changé dans l'implication du manager et ses résultats, alors la partie est gagnée.»

Jean-Mathieu de Rigaud, chef de produit stratégique à la direction marketing stratégique dans une entreprise du secteur de la chimie
«Je suis cadre et vigneron dans la même semaine»

Le week-end, vous pouvez retrouver Jean-Mathieu de Rigaud au milieu de ses vignes ou dans ses chais. Mais dès le lundi, c'est dans les bureaux parisiens d'un grand groupe du secteur de la chimie, où il occupe un poste de cadre dans le marketing stratégique, qu'on le croise. : «Il y a un an et demi, j'ai repris l'exploitation viticole familiale près de Carcassonne, parallèlement à mon poste de chef de produit stratégique. C'est avant tout l'histoire d'une passion, mais je n'ai pas voulu sacrifier pour autant mon activité professionnelle qui me passionne tout autant. Dans le cadre de mon activité viticole, je m'occupe de toute la partie relation client, ce qui va du référencement, au développement des marchés export notamment en Asie, en passant par la création d'une plate-forme de distribution avec des confrères.» Grâce à son statut de gérant non salarié au sein de l'exploitation viticole, il n'a pas été nécessaire, pour Jean- Mathieu de Rigaud d'obtenir l'accord de son employeur. Bien entendu, cette double vie suppose beaucoup d'énergie. Et de l'énergie, Jean-Mathieu de Rigaud en a à revendre. «J'en consacre autant à l'une qu'à l'autre de mes deux activités.» Cela suppose, bien entendu, une très bonne capacité de gestion du temps et des priorités. «J'ai mis un point d'honneur à ne pas me désengager de mon poste de cadre dans l'industrie chimique. Du coup, je ne peux pas me permettre de perdre du temps sur des fausses pistes. Je dois être hyperefficace.» Des messages qui ont parfois du mal à passer auprès des employeurs: «Certains considèrent que si on a deux activités, cela signifie qu'il y en a une qui est mal faite» . Lui a une tout autre vision: «J'ai envie de dire que quelqu'un qui développe une passion, en plus de son job, a toutes les chances d'être un passionné de nature, ce qui va rejaillir d'une façon ou d'une autre sur son travail dans l'entreprise. Avoir une passion est une preuve de la capacité à s'investir et à s'enthousiasmer. Mon activité viticole m'a permis de développer des compétences, comme la vente à l'export ou encore la négociation en GMS. C'est aussi une très grande satisfaction sur un plan plus personnel.» Quels sont les risques à mener de front une passion et une activité professionnelle? «Je n'en vois pas, ni pour le cadre, ni pour l'entreprise. Sauf le risque financier pour le cadre lorsqu'il s'agit, comme dans mon cas, d'un projet qui passe par un lourd investissement.» Et Jean-Mathieu de Rigaud de conclure: «Bien entendu, pour mener à bien un tel projet, il faut disposer d'une certaine liberté dans la façon d'aménager son temps de travail, être passionné et très organisé.»

 
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Anne-Françoise Rabaud

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