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MBA. Alliez e-learning et cours traditionnels

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Des écoles de commerce proposent aux managers surbookés de passer leur MBA sur Internet. Mais le tout-virtuel n’est pas pour demain.

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La déferlante des nouvelles technologies devait bien un jour atteindre les formations les plus prestigieuses. C’est le cas pour le très sérieux Master of Business Administration, dont l’enseignement est intégralement proposé à distance par quelques établissements précurseurs, notamment the Henley Management College, en Grande-Bretagne, et l’ESC Pau, en France. Les arguments mis en avant ? Un gain de temps et d’argent, ainsi que la possibilité de bénéficier de l’enseignement d’un professeur célèbre, où que l’on soit dans le monde. En effet, le prix d’un MBA classique peut atteindre 27 000 euros (180 000 francs), sans compter les frais annexes, alors que le MBA on line de Pau, par exemple, coûte 12 000 euros (79 000 francs). Pionnier français en la matière, “Information Strategies for New Organizations”, le MBA proposé par le groupe ESC Pau depuis 1998, est un programme de formation continue qui se déroule entièrement sur Internet. Ouvert aux managers justifiant d’une expérience professionnelle de cinq ans minimum, il permet de “ préparer une vingtaine d’élèves à un monde des affaires où l’organisation virtuelle devient de plus en plus importante ”, selon son directeur américain William Painter. L’essentiel des cours ont lieu par vidéoconférences ou par mails. Chaque semaine, un campus virtuel permet aux candidats de se “rencontrer” en ligne et d’échanger des informations.

“ Rien ne remplace la richesse d’une salle de cours ”

L’argument du tout on-line n’est pourtant pas du goût de tous. “ Cela vous coûte trois fois moins cher mais vous apprenez trois fois moins, ironise Laurence Lehmann-Ortega, responsable du MBA de l’ESC Montpellier. Dans un MBA, la moitié de l’apprentissage se fait grâce au face-à-face pédagogique. Le Net ne remplacera jamais la richesse d’une salle de cours. ” Un avis souvent partagé par le peloton de tête des écoles de commerce françaises, dont les MBA sont accrédités par l’EFMD (European Foundation for Management Development), l’AACSB (International Association for Management Education) et son équivalent anglais, l’AMBA (Association of Mbas) : pour l’instant, celles-ci ne délivrent aucune accréditation aux MBA en ligne. Réputée pour son Master intensif de dix mois, qui rivalise avec ceux d’Harvard ou de Stanford, l’Insead ne souhaite pas s’exprimer sur le sujet. À l’Ecole des ponts et chaussées, on exprime également quelques réserves. “ L’enseignement à distance ne pourra en aucun cas remplacer une salle de quarante personnes où se côtoient vingt-cinq nationalités ”, commente Michel Fender, président du MBA, fervent partisan de la richesse multiculturelle. L’argument est repris par Nathalie Évrard-Steinberg, responsable corporate et communication pour le cabinet de recrutement Mercuri Urval. “ Nous pensons qu’un MBA on line n’aura jamais l’impact d’un MBA classique, pour la simple et bonne raison que le Net ne remplacera pas les ateliers de travail, le partage multiculturel, les groupes de réflexion, explique-t-elle. Or, les entreprises recherchent avant tout des personnalités capables de s’épanouir en équipe. ”

Une pédagogie interactive entre participants et professeurs

Cependant, face à des managers à haut potentiel qui ne peuvent pas se permettre d’interrompre leur carrière, les universités anglo-saxonnes et certaines grandes écoles de commerce françaises proposent depuis peu, en plus de leurs MBA à plein temps, des Executive MBA. Cette formule hybride, qui combine e-learning et sessions in situ, commence à faire des émules. L’École des ponts et chaussées travaille actuellement au lancement d’un Executive MBA pour janvier 2003. Le groupe HEC a déjà franchi le pas en créant, en partenariat avec la New York University Stern School of Business et la London School of Economics and Political Science, un Trium Emba d’une durée de dix-sept mois, dont les cours ont démarré en septembre dernier. “ Un MBA doit proposer une pédagogie interactive entre participants et professeurs, insiste François Collin, directeur des programmes internationaux de HEC Executive Development, le pôle de formation continue de l’école de commerce. Le Trium Emba rassemble vingt-huit participants de toutes nationalités (50 % d’Américains, 30 % d’Européens, 15 % d’Asiatiques), d’une moyenne d’âge de 39 ans, et dotés d’une expérience professionnelle d’au moins quinze ans. L’enseignement se partage entre six blocs d’enseignement d’une à deux semaines, représentant 500 heures d’apprentissage à Londres, Paris, New-York, São Paulo et Hong Kong, et 300 heures d’apprentissage à distance par e-learning. “ Nous avons fait confiance au Net pour certaines matières : les fondamentaux du marketing, la comptabilité, l’analyse financière et stratégique, les statistiques, ajoute François Collin. Les participants n’ont qu’à se connecter sur la plate-forme e-learning pour y déposer leurs exercices. Un forum leur permet de dialoguer avec leurs professeurs. ” Même principe pour le Global Executive MBA de l’ESCP-EAP (Sup de Co Paris), dont certains modules d’enseignement sont dispensés par e-learning. “ Il est impossible d’apporter des réponses types à des cas de stratégies d’entreprises à chaque fois différents, observe Patrick Gougeon, directeur des programmes MBA. Internet sert uniquement à optimiser et à enrichir le temps passé en salle de cours, mais ne peut se substituer à l’enseignement classique. Personne ne croit plus à l’efficacité d’un programme 100 % à distance. ” Les bancs d’école ont encore de beaux jours devant eux.

Témoignage

Wim de Klerk, directeur réseau et développement France de la société Jean De Rijk-Logistics, spécialiste en transport routier et en frêt aérien “ Je ne l’aurais pas fait si j’avais dû sacrifier mes loisirs et week-ends en famille ” Wim de Klerk, le directeur néerlandais pour la France de la société Jan De Rijk-Logistics, est diplômé de l’EuroHMBA. Proposée depuis 1996 par Audencia Nantes École de Management, cette formation combine blocs d’enseignement à distance et six semaines résidentielles. Ces dernières se déroulent tous les quatre mois dans un pays différent pour permettre à la quarantaine de participants de confronter leurs expériences lors de travaux de groupe et de visites d’entreprises. “ Nous avons voulu compenser le côté sec et deshumanisé de l’e-learning ”, explique Florence Nicolas-Lesavre, directrice du développement international chargée de la coordination du programme. Désireux de se remettre à niveau, Wim de Klerk a choisi la formule pour sa flexibilité. “ L’EuroHMBA m’a permis de travailler lors de mes déplacements, à mon bureau, sans sacrifier mes week-ends, comme c’est le cas pour d’autres MBA, souligne-t-il. Avec mon PC portable, j’ai pu accéder à toutes les références bibliographiques, via une bibliothèque virtuelle. Je recevais mes cours par e-mail et mes manuels par courrier. ”

Combien ça coûte ?

- Le MBA de Pau, entièrement on line, coûte environ 12 000 euros (79 000 francs). Les prix des Executive MBA combinant cours présentiels et e-learning, proposés depuis peu par les grandes écoles de commerce françaises, sont bien plus élevés. L’Executive MBA d’HEC coûte environ 100 000 euros (650 000 francs) par participant. Ce tarif inclut la scolarité, l’hébergement et la restauration. Le Global Executive MBA de l’ESCP-EAP coûte environ 51000 euros (330 000 francs), hors billets d’avion. Audencia NantesÉcole de Management propose un EuroHMBA combinant enseignement à distance et semaines résidentielles pour 19500 euros (128 000 francs), auxquels s’ajoutent les frais de déplacement, d’hébergement et de restauration liés aux semaines résidentielles.

 
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Caroline Thiévent

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