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Parcours. Être dans les petits papiers des chasseurs de têtes

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Pour augmenter leurs chances d’être “chassés”, les managers doivent permettre aux recruteurs de les identifier facilement, et initier le premier contact.

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Votre téléphone sonne. À l’autre bout du fil, un homme vous demande si vous pouvez parler librement, puis se présente : Yves Germain, chasseur de têtes. L’objet de son appel ? Il souhaite vérifier la validité de quelques informations vous concernant et, éventuellement, vous rencontrer. Cet appel, tous les cadres dirigeants en ont rêvé, sans trop savoir comment le provoquer. « Peu de managers sont au fait des méthodes employées par les chasseurs de têtes pour déceler la perle rare, déplore Christiane Maréchal, présidente du cabinet Lombard, spécialisé dans la gestion de carrière pour les cadres et dirigeants. Résultat : ils ne savent pas quels leviers actionner pour augmenter leurs chances d’être contactés par l’un de ces recruteurs de haut vol. » Autre conséquence, et non des moindres : les managers attendent trop souvent d’être en situation de recherche de poste pour approcher les cabinets.

Augmenter sa visibilité

« L’idée est, au contraire, de préparer le terrain très en amont, dans une perspective globale de gestion de carrière, poursuit Christiane Maréchal. Tout manager devrait jalonner son parcours professionnel d’un certain nombre d’empreintes qui, le moment venu, permettront aux chasseurs de têtes de remonter jusqu’à lui. » Ainsi, pour faciliter son identification, le manager commercial veillera, en tout premier lieu, à être inscrit dans l’annuaire des anciens de son école. « Cette piste est l’une des toutes premières explorées par les chasseurs de têtes, surtout lorsqu’ils recherchent un profil commercial précis, explique Marie-Claire Lemaitre, directeur chez Mercuri Urval, cabinet de conseil en ressources humaines. Chaque année, ces derniers se procurent les nouvelles éditions des annuaires des grandes écoles et des formations reconnues. Les dirigeants ont donc tout intérêt à vérifier régulièrement l’exactitude des informations qui y figurent (poste occupé, coordonnées téléphoniques, adresse postale, âge, etc.) et à procéder, si besoin est, à leur réactualisation. » Autres listes très régulièrement consultées par les recruteurs : les annuaires professionnels, qui répertorient l’ensemble des acteurs d’un même secteur d’activité ; le répertoire des adhérents des associations professionnelles, comme les DCF (Dirigeants commerciaux de France) ou leur équivalent pour les directeurs marketing, l’Adetem (Association nationale du marketing) ; enfin les listes des participants aux manifestations professionnelles. « Se montrer sur des salons ou à des congrès professionnels, intervenir lors de conférences ou de forums : voilà un moyen efficace de gagner en notoriété tout en affichant son domaine d’excellence », estime la présidente du cabinet Lombard.

Utiliser les médias

Un avis partagé par Marie-Claire Lemaitre, qui recommande aux cadres dirigeants d’accorder, lorsque l’occasion se présente, des interviews à la presse. « Cela leur permet de développer une réflexion sur tel ou tel sujet, de mettre en valeur leur ouverture d’esprit et leurs capacités d’analyse et, bien sûr, de se faire connaître auprès des recruteurs, qui mènent une veille attentive de la presse », argumente-t-elle. Mais la meilleure façon de s’assurer que les chasseurs de têtes auront vent de votre parcours et de vos compétences reste de leur faire parvenir un curriculum vitæ.

Provoquer la rencontre

L’objectif ? Les informer, sinon que vous êtes en recherche active, du moins que vous vous tenez à l’écoute des opportunités. « Les managers veilleront à cibler leurs envois, conseille la porte-parole de Mercuri Urval. En priorité, ils doivent adresser leur candidature aux cabinets spécialisés dans leur secteur d’activité et, si possible, aux consultants en charge des postes correspondants à leur recherche. » Un CV mal adressé risque fort, en effet, de finir à la corbeille, et non dans la base de données du cabinet. Quant au contenu, plus que jamais, la clarté et la concision priment. « Le CV devra refléter les évolutions professionnelles du candidat en insistant sur le dernier poste occupé, mettre en avant ses performances au travers du descriptif de missions réussies. La lettre d’accompagnement, quant à elle, exposera clairement les desiderata de son auteur en termes d’évolution de carrière », insiste Richard Lecomte, directeur général France du cabinet MRI Worldwide. Autant d’informations qui seront, bien entendu, mises à jour chaque fois que nécessaire, jusqu’au jour où la candidature correspondra parfaitement à un poste à pourvoir. Deux cas de figure sont alors possibles : soit le dirigeant souhaite changer de poste à court terme, auquel cas il ne doit pas hésiter à rencontrer le recruteur, soit il préfère poursuivre chez son employeur, mais entend préparer l’avenir. « Dans ce cas, mieux vaut en avertir tout de suite le chasseur de têtes, afin de ne pas lui faire perdre son temps, conseille Christiane Maréchal. Cependant, rien n’empêche le manager de prendre rendez-vous avec le recruteur, afin de faire connaissance et de lui exposer ses projets de carrière à plus long terme. » Marc*, aujourd’hui directeur commercial et marketing d’une entreprise spécialisée dans le matériel médical, a ainsi été contacté par trois chasseurs de têtes alors qu’il ne cherchait pas à partir dans l’immédiat. À l’époque, il décide néanmoins de les rencontrer, convaincu qu’ils pourraient peut-être l’aider un jour. « Un an plus tard, j’ai décidé de quitter mon poste suite au rachat de ma société, raconte-t-il. Si j’ai pu rebondir rapidement malgré mes 44 ans, c’est grâce à l’un d’entre eux. » Et Marc de conclure : « Il faut toujours répondre aux sollicitations d’un chasseur de têtes et se garder de refuser en bloc une de ses propositions, mais, au contraire, l’orienter vers l’une de vos connaissances susceptible de répondre à son attente. » Et le téléphone, alors, a toutes les chances de sonner de nouveau. (*) Le prénom a été modifié pour préserver l’anonymat de la personne.

Avis d’expert

Marie-Claire Lemaitre, directeur chez Mercuri Urval, cabinet de conseil en ressources humaines « Être présent sans devenir pressant » Lorsqu’un chasseur de têtes reçoit une candidature, cette dernière est immédiatement saisie dans la base de données du cabinet, qui accuse réception auprès de son expéditeur. À lui de veiller, ensuite, à réactualiser régulièrement, auprès du cabinet, les informations le concernant. « Il n’est, certes, pas question de relancer le chasseur de têtes pour un détail sans importance, ce qui ne manquerait pas de l’agacer, rappelle Marie-Claire Lemaitre. Toutefois, il faut le tenir informé, environ une fois par an, d’une éventuelle évolution professionnelle, d’une participation active à un projet majeur ou encore d’une hausse conséquente de sa rémunération. » En clair, toute réelle évolution influant sur le profil du candidat doit être l’occasion de renouer le contact avec le chasseur de têtes.

En savoir plus

Vous souhaitez mieux gérer votre carrière ? Cet ouvrage, nourri d’exemples concrets, passe au crible les spécificités du recrutement des cadres et des dirigeants. Au fil des pages, le voile se lève sur les mystères du réseau professionnel, et les portes des cabinets de chasseurs de têtes s’entrouvrent… Donnez un nouvel élan à votre carrière, par Christiane Maréchal, Éditions Dunod, 2003, 200 pages, 19,50 euros. Les recrutements intègrent de plus en plus des tests psychologiques. Comment se déroulent-ils ? Comment s’y préparer ? Ce guide pratique offre des réponses claires et vous aide à aborder sereinement ce passage obligé. Réussir les tests psychologiques, par Fabrice Gutnik et Patrice Langleben, Éditions Vuibert, 2003, 190 pages, 12 euros.

À retenir

- Le cadre dirigeant doit augmenter sa visibilité et faciliter son identification. Dans ce but, il veillera donc à être inscrit dans les différents répertoires consultés par les recruteurs. - Le manager gagnera à intervenir publiquement dans des conférences, des forums et même dans la presse, à condition de ne pas banaliser ses collaborations. - Enfin, le cadre doit faire parvenir son curriculum vitæ aux chasseurs de têtes, pour figurer dans leur base de données. Tout événement ayant de réelles répercussions sur son profil devra ensuite faire l’objet d’un nouveau courrier.

 
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Maud Aigrain

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