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Portage salarial. Choisissez vos missions à la carte

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Le portage salarial permet à des cadres de devenir indépendants tout en étant salariés. Seuls impératifs : un bon carnet d’adresses et une capacité d’adaptation.

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J’offre la même liberté d’action que celle des travailleurs indépendants, tout en leur garantissant la protection du régime salarié. Qui suis-je ? Le portage salarial. Depuis 1985, cette activité permet à des cadres supérieurs en recherche d’emploi de travailler à leur compte et d’effectuer, pour des entreprises clientes, des travaux d’audit, de conseil, d’expertise, de formation et de conduite de projet, tout en étant salariés d’entreprises de portage. Les missions commerciales peuvent être de différents ordres : le diagnostic des compétences d’une équipe de vente, un audit d’organisation commerciale, le coaching de managers, la formation d’équipes de vente, etc. Cette nouvelle méthode de travail fait, en tout cas, son chemin dans les mentalités, puisque, selon une étude du Syndicat des entreprises de portage salarial, 2 500 cadres supplémentaires optent pour le portage salarial chaque année. Ainsi, depuis 1996, environ 30 000 cadres ont utilisé le portage salarial pour offrir leurs services à plus de 35 000 entreprises clientes. Ces dernières sont séduites par la souplesse de ce nouveau mode de collaboration, qui leur permet, par exemple, de tester la viabilité d’un projet avant de se lancer dans la création d’un poste. Le consultant (ou “porté”) peut, quant à lui, se réinsérer progressivement dans le monde du travail ; le portage salarial étant l’intermédiaire rêvé entre le salariat, la création d’entreprise et le statut, complexe et risqué, de travailleur indépendant. “ À cinquante-huit ans, je n’ai plus envie d’affronter les dangers du travail indépendant, explique Christian Roumilhac, salarié de l’Institut du temps géré, société de portage salarial. Cette formule me permet d’avoir droit aux Assedic en cas de perte d’emploi, de bénéficier d’une couverture sociale et d’une qualité de vie meilleure. ”

Le temps de choisir et le loisir de décider

Sécurité, liberté : ce sont là, en effet, les arguments avancés par la plupart des “portés”. Ils sont nombreux, aujourd’hui, à vouloir être maîtres de leur emploi du temps et préserver l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée. C’est la tendance constatée par Liliane Hénon, directrice de la société de portage Alternative : “ Nous travaillons avec 350 consultants, explique-t-elle. Depuis quelques années, la tranche d’âge des 30 à 45 ans se compose à 52 % de femmes et à 48 % d’hommes. Au-delà de 60 ans, les trois quarts sont des hommes. Tous et toutes ont connu un, voire deux licenciements et ne veulent plus rentrer dans le moule du CDI. ” “ J’ai été usé par les postes à responsabilité, confie Christian Roumilhac, ancien directeur commercial chez Promodès, devenu, depuis, salarié d’une société de portage. Aujourd’hui, je préserve une qualité de vie et transmets un savoir-faire. ” Démis de ses fonctions en 1999, Philippe Vigoureux, 58 ans lui aussi, ancien directeur du marketing chez British Pétroleum, notamment à Londres et en Chine, opte définitivement pour le portage. Il trouve immédiatement une mission en Chine, restructure une société étatique locale et réalise l’audit du réseau commercial. Il part ensuite en Allemagne “régénérer” le réseau de distribution B to B d’une multinationale. “ J’ai notamment préparé une centaine de commerciaux au changement de management et redéfini les rôles en les incitant à davantage tenir compte des aspirations du client, explique-t-il. Aujourd’hui, j’en suis à mon huitième voyage. Je pars prochainement en Mandchourie. Je me sens libre de travailler avec qui je veux. ” Une liberté qui lui profite, par ailleurs, financièrement, puisqu’il facture ses prestations 1 350 euros par jour (la moyenne se situant entre 1 000 et 2 000 euros par jour). Au final, donc, beaucoup d’avantages. Adopter le portage salarial implique cependant quelques obligations. En effet – c’est d’ailleurs sa différence avec l’intérim –, le consultant doit trouver lui-même ses missions. Ce qui suppose un bon carnet d’adresses, un savoir-faire pointu, un grand sens de l’autonomie et de l’adaptation.

Un bon relationnel et un projet qui tient la route

Il vous faudra donc, dans un premier temps, proposer vos services aux entreprises et vous mettre d’accord avec elles quant au montant de vos honoraires. Vous devrez ensuite contacter une société de portage. Si elle accepte votre mission, elle établira un contrat de prestations de services pour l’entreprise cliente, puis vous soumettra un contrat de travail. Vous conserverez donc une autonomie intellectuelle. La société de portage, elle, gérera les documents contractuels et réglementaires, réglera les charges sociales, facturera l’entreprise cliente, encaissera les honoraires et vous versera un salaire. Une seule contrainte donc : trouver vous-même vos missions. Et ce, même si certaines entreprises de portage facilitent la prise de contact. La société Valor est de celles-là. Jean-Loup Guibert, son p-dg, emploie 600 consultants. “ Notre site, Poleressources.com, les recense par domaines de compétences. Nous leur fournissons également des cartes de visite et du papier à en-tête, explique-t-il. L’équipe interne gère tous les frais administratifs, les inscriptions à l’Urssaf, les notes de frais et la comptabilité. En revanche, je refuse les demandes lorsque les projets professionnels sont irréalistes. ”

Témoignage

Christian Roumilhac, ex-directeur commercial, converti au portage “ Une bonne fin de parcours ” Christian Roumilhac, 58 ans, a passé 36 ans dans la fonction commerciale. Il a occupé les postes de directeur des ventes opérationnelles, puis de directeur commercial au sein du groupe Promodès. Lors du rachat de ce dernier par PPR, il crée Aldis, une entreprise concurrente, dont il occupe la direction générale jusqu’à ce qu’il soit démis de ses fonctions, en 2000. Il rentre alors en contact avec l’Institut du temps géré, une société de portage salarial. Il se souvient de sa première mission : “ Il s’agissait d’un audit et de conseil pour mener à bien, entre février et avril 2000, la restructuration d’un service commercial à la suite d’un rachat, raconte-t-il. Entre autres, j’ai mené un diagnostic de l’équipe de vente et accompagné les commerciaux en clientèle. ” Aujourd’hui, Christian Roumilhac facture ses missions entre 700 et 800 euros par jour et n’abandonnerait le portage pour rien au monde.

À retenir

_ La société de portage prend en charge la gestion des documents contractuels et réglementaires. Elle règle les charges sociales, facture l’entreprise cliente, encaisse les honoraires et verse un salaire au porté. _ Le “porté” doit trouver lui-même ses missions et les proposer ensuite à l’entreprise de portage. Il lui faut, pour cela, un bon carnet d’adresses, un savoir-faire pointu et une grande autonomie. _ Une mission se facture entre 1 000 et 2 000 euros par jour. 8 à 15 % du chiffre d’affaires réalisé par le consultant reviennent à l’entreprise.

 
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Caroline Thiévent

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