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Les cadres qui connaissent un “accident de parcours” lié à des fusions, des rachats, etc. ne sont plus montrés du doigt par les recruteurs. Néanmoins, ils s’en sortent d’autant plus vite qu’ils savent “positiver”, qu’ils ont un projet clair et un réseau fourni.

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Il est loin le temps où la vie des cadres était un long fleuve tranquille. Aujourd’hui, ils sortent groggys des fusions ou rachats qui entraînent presque systématiquement des réorganisations au niveau de l’encadrement. Managers d’équipes commerciales, ils sont aux premières loges dès qu’un marché donne des signes de faiblesse. Et comme si cela ne suffisait pas, la fonction supporterait mal les rides et les cheveux blancs. Même si ces “accidents de parcours” ne remettent pas en question les compétences intrinsèques du cadre, il n’en demeure pas moins que se retrouver sur le carreau constitue un cap économiquement difficile et pas évident à supporter sur le plan personnel, psychologique ou affectif. Néanmoins, Didier Bonnefoy, directeur général de PA Consulting Group en charge du recrutement, constate “qu’aux yeux des recruteurs, ces candidats sont très clairement comme les autres”. Ce qui n’a pas toujours été le cas. Il s’explique : “Avant la crise du début des années 90, les employeurs étaient plus durs et ces candidats étaient en général mal perçus. Aujourd’hui, ils ont intégré le fait que personne n’est à l’abri de ce type d’accident.” Jean-Rémy Acar, actuellement directeur général de S & H (lire ci-contre) se souvient que lorsqu’il conduisait ses démarches auprès des cabinets de conseil en recrutement, son “accident de parcours” ne semblait pas poser de problèmes particuliers : “On m’interrogeait sur mes compétences plus que sur la situation qui était à l’époque la mienne.” Didier Bonnefoy, de PA Consulting Group, poursuit : “A posteriori, les candidats qui sont passés par là avouent volontiers que cette situation est très enrichissante tant sur le plan personnel que professionnel.” Loïck Bertrand, responsable de l’agence d’Aix-en-Provence de Garon-Bonvalot – spécialiste de l’outplacement qui, à ce titre, accompagne des cadres en réorientation –, abonde dans ce sens. Il est persuadé que cette expérience renforce la maturité et inculque la résistance à la difficulté : “Un candidat qui est capable de surmonter une rupture avec une entreprise est tout aussi capable de rebondir après une rupture avec un client.” Et puis pour un recruteur, ces cadres en transit possèdent un autre avantage à ne pas négliger, celui d’être disponibles immédiatement. Faire le deuil de son ancien job Alors, vivement que je sois sur le carreau ? N’exagérons rien ! Car si le scepticisme des recruteurs a fait long feu, il faut toutefois bien reconnaître que tous les candidats ne sont pas logés à la même enseigne. Dans le cas d’un cadre de 30 ou 35 ans clair sur son projet et qui plus est enthousiaste, il est bien évident que la recherche d’emploi se présente sous les meilleurs auspices. À l’inverse, la tâche sera plus difficile pour un cadre de 55 ans, qui n’est pas mobile et qui n’a pas suivi l’évolution des nouvelles technologies. Et puis, selon qu’il “positive” ou non, sa situation a des chances d’évoluer plus ou moins vite. Il doit le faire tout en évitant le piège de la survalorisation ou, à l’inverse, de la dévalorisation. “Face à un conseil en recrutement ou un recruteur, je conseille aux cadres d’éviter l’esbroufe. Le contrôle des références a toujours le dernier mot”, tranche Didier Bonnefoy. “Le plus important, c’est la manière dont le candidat parle de ce qu’il est en train de vivre. Il doit faire un véritable travail de deuil de son ancienne situation, c’est indispensable.” Tant que le candidat n’a pas lui-même tourné la page, le recruteur peut difficilement faire son travail. Et le cadre, lui, aura du mal à faire son propre marketing, “à se lancer comme on lance un produit”. Bien réagir lorsqu’on lance ses recherches, c’est bien. Mais s’y préparer avant, c’est mieux ! Et les recherches du cadre auront d’autant plus de chances d’aboutir rapidement qu’il aura dans ses fonctions précédentes respecté certaines règles. “Parce que les marchés et le comportement des acheteurs évoluent vite, un commercial ou cadre commercial doit être perpétuellement dans le mouvement”, rappelle Didier Bonnefoy. Au-delà d’une contrainte, il faut y voir une “source d’opportunités formidables” lance le représentant de PA Consulting Group. Les cadres assurent ainsi leur employabilité. “Il ne faut refuser aucune formation, être mobile, polyvalent et capable d’évoluer vers des univers différents.” Pour un commercial, il s’agit par exemple de connaître des segments de clientèles différents. “Il faut à la fois être généraliste et expert, poursuit Didier Bonnefoy, être stratège de l’entreprise par rapport à son marché et, par exemple, spécialiste de la grande distribution.” Histoire de compétences Pour les aider dans leur réorientation, bon nombre de cadres de haut niveau négocient lors de leur départ un outplacement ou réalisent un bilan de compétences. “Notre métier, c’est de mettre un trampoline au fond du trou”, résume Loïck Bertrand, de Garon-Bonvalot. Il convient aussi d’identifier les sources d’information (Kompass, associations, sites sur internet, etc.), de se renseigner sur les formations susceptibles de donner un plus. Pas question pour autant de se former à tout et à n’importe quoi. Il faut le faire avec “parcimonie et être cohérent”. Et puis, il faut avoir un projet qui tienne compte de ses compétences et de ses envies. “J’ai retrouvé des produits que j’aime !”, lâche Thierry Hernandez qui évolue à nouveau dans le secteur des articles de sports après avoir fait un détour par le BTP (lire ci-contre). “Si j’ai rebondi aussi vite, c’est que j’ai immédiatement pris en compte ce pourquoi j’étais fait.” Et là, il va de soi qu’outplacement et bilan de compétences peuvent aider. Jean-Rémy Acar de S & H a ainsi validé son projet avec un cabinet d’outplacement. “Dès le départ, explique-t-il, je savais que je recherchais une fonction opérationnelle à vocation commerciale dans le secteur des services en B to B.” Mais pour mettre toutes les chances de son côté, il ne faut surtout pas oublier le réseau ou plutôt les réseaux. Et faire jouer à plein le principe des références actives : “Tout rendez-vous, toute discussion doit déboucher sur un nouveau contact”, résume le représentant de PA Consulting Group. Loïck Bertrand enfonce le clou. Il rappelle que “dans sept cas sur dix, les candidats retrouvent un emploi grâce à leurs relations.” Les commerciaux et cadres commerciaux qui disposent, en règle générale, d’un carnet d’adresses bien fourni, partent donc avec une longueur d’avance.

”Lorsque l’on cherche un nouvel emploi, il ne faut surtout pas se dire : je prends du recul pendant trois mois, je vais faire du golf… on verra après. Il ne faut pas non plus se répéter que tous les gens sont des salauds ! Au contraire, il est essentiel de faire le deuil de son ancien job, d’être réaliste sur ce que l’on est et pas sur ce que l’on voudrait être.” Thierry Hernandez, 43 ans, occupe depuis février 1999 la fonction de directeur commercial France et export dans la société franco-danoise Basta, spécialisée dans les accessoires de vélos, éclairages, antivols, etc. Il s’agit en fait pour lui d’un retour aux sources, puisqu’après une expérience de quatre ans dans le secteur des articles de sports et de l’outdoor, Thierry Hernandez est passé en 1997 dans celui de l’équipement BTP. Deux univers totalement aux antipodes, ce que Thierry Hernandez n’avait pas mesuré. À cela s’ajoutait, précise-t-il, “un marché national en recul”, ce qui l’a amené à reprendre sa liberté début 1999, d’un commun accord avec la direction de son ancienne entreprise.

“L’important pour un cadre qui enchaîne les missions, c’est d’avoir une lisibilité sur ce qu’il peut faire après, dans la même entreprise ou dans une autre. Et lorsqu’il est au pied du mur, de ne pas se tromper sur lui-même et d’accepter que ça ne marche pas du premier coup.” Depuis maintenant un an et demi, Jean-Rémy Acar, 40 ans, est directeur général du groupe S & H, spécialisé dans les activités de sécurité et de propreté. Lorsqu’en 1996, il entre chez Vedior comme directeur des opérations, le groupe évolue à la quatrième place sur le marché français du travail temporaire. Deux ans plus tard, Vedior rachète son concurrent Bis. Les réseaux fusionnent, les équipes de direction se réorganisent et l’entreprise se sépare de plusieurs collaborateurs. Jean-Rémy Acar, alors âgé de 38 ans, est de ceux-là. Il enchaîne avec un outplacement, conserve quelques activités dans le conseil ainsi que dans l’enseignement et retrouve un emploi en quelques mois.

 
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Anne-Françoise Rabaud

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