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Savoir “tourner la page” quand on change de job

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S’il n’est pas question de laisser son expérience aux vestiaires lorsqu’on prend de nouvelles fonctions, il faut éviter de reproduire les schémas du passé.

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Une carrière, ça se gère, scande Évelyne de Franclieu, directrice associée chez Humblot-Grant Alexander, société de conseil en ressources humaines spécialisée dans la chasse de têtes. Il faut cultiver l’adaptabilité et pour cela, ne pas hésiter à changer de job. » Encore faut-il savoir aborder ce tournant professionnel pour en tirer le meilleur. Faire le tri de ses expériences et en profiter pour redémarrer sur de bonnes bases. « Quand on prend un nouveau poste, on ne redémarre jamais de zéro, affirme Gilles Dacquet, directeur général de DDI France, cabinet de conseil en ressources humaines. Positives ou négatives, on vient avec ses expériences professionnelles passées et l’on doit capitaliser dessus. » Certaines entreprises recrutent d’ailleurs expressément un cadre pour son expérience dans tel ou tel groupe. Xerox, Renault, Procter & Gamble, pour ne citer qu’eux, sont connus pour leur capacité à former leurs collaborateurs à des méthodes réputées efficaces. Dans ce cas-là, c’est clairement le parcours qui compte. Et c’est également ce critère qui prime pour les employeurs qui recrutent à la concurrence. « Il ne faut pas faire table rase de son passé professionnel, mais, au contraire, faire bénéficier de son expérience son nouvel employeur, surtout quand, comme moi, on reste dans le même univers, explique Éric Rampi, directeur général et directeur de la vente indirecte de la société Earth-Com Networks, distributeur de la marque des périphériques sans fil Peabird. Chez Earth-Com Networks, toutes les affaires sont discutées en groupe. Venant tous d’horizons divers, cela nous permet, en puisant dans des expériences personnelles très diverses, de trouver la meilleure solution. »

Surtout ne pas calquer

Mais attention à ne pas chercher pas à reproduire à tout prix son expérience professionnelle dans un nouveau poste ! « Il n’y a rien de pire, reconnaît Gilles Dacquet, qu’un directeur commercial qui ne tient pas compte de l’entreprise qu’il rejoint et, notamment, de son contexte. » Qui n’a pas croisé, au cours de sa carrière professionnelle, un collaborateur les yeux rivés sur le passé ? Qui n’a pas été agacé par un collègue qui répétait en boucle : “Chez Untel, on faisait cela.” « Il n’y a rien de plus énervant, reconnaît Éric Rampi. Dans ce sens-là, oui, il faut savoir tourner la page, sinon on se gâche la vie et on risque bien de gâcher celle de ses collègues ! » À ce stade, la clé de la réussite réside bel et bien dans la capacité du cadre à adapter ses expériences passées à son nouvel environnement et à l’équipe en place. « Il faut s’appuyer sur les méthodologies que l’on a acquises, pas chercher à reproduire “bêtement” des schémas », insiste Évelyne de Franclieu. Car une méthode qui s’est révélée efficace dans une entreprise peut s’avérer totalement désastreuse dans une autre, du fait de son passé, de sa culture ou encore de ses hommes. Pas question, en la matière, de faire de forcing, au risque, sinon, de courir à l’échec. « Cette capacité d’adaptation à l’entreprise est essentielle pour réussir son arrivée, insiste Gilles Dacquet (DDI France). Il faut faire preuve d’une grande empathie, comprendre les gens et avancer progressivement. » Les plus grands l’ont d’ailleurs bien compris. Ainsi, Carlos Ghosn, le patron de Nissan, explique-t-il, dans son livre Comment Carlos Ghosn a sauvé Nissan, que pendant six mois, il est allé sur tous les sites de la marque, simplement pour “voir et écouter”. « Par l’écoute seule, on parvient à régler un certain nombre de problèmes », observe le directeur de DDI France.

Question d’image

S’il ne faut pas tirer un trait sur son expérience, l’attitude à adopter sur les plans affectif et personnel doit être, elle, plus radicale. Il faut couper le cordon, sous peine que la nouvelle greffe ne prenne pas. « Je crois, explique Gilles Dacquet, qu’il faut profiter d’un changement d’employeur pour réfléchir sur soi-même. Changer de job et d’employeur offre une occasion rêvée de se réaliser. » Au fil du temps, quand on évolue dans un même environnement, on génère une image à laquelle les autres réagissent. Le mode de fonctionnement relationnel qui s’installe peut, à un moment donné, peser et l’image que l’on renvoie ne pas correspondre à son “moi profond”. « Changer, c’est l’occasion de faire des réglages, indique Gilles Dacquet. Le cadre peut corriger certains traits pour se sentir plus en adéquation avec soi-même. » Et puis, conseille Évelyne de Franclieu (Humblot-Grant Alexander), « je recommande aux cadres qui changent de poste et d’entreprise de faire un bilan de compétence. C’est le moment de voir ce qui a bien marché et de ce qui aurait pu être mieux fait. De faire le point pour repartir sur de bonnes bases. »

TÉmoignage

Patrick Deschamps, directeur des ventes et des réseaux chez GM Daewoo France « Être à l’écoute des équipes en place » Après un début de carrière chez Renault, Patrick Deschamps a intégré, en 1996, Opel France, filiale du groupe General Motors. Fin 2003, il a été nommé directeur des ventes et des réseaux de GM Daewoo France. Pour lui, « changer de fonction et d’employeur régulièrement est essentiel pour se remettre en cause et progresser ». Même si un nouveau job constitue une nouvelle chance de faire une première bonne impression, pour Patrick Deschamps il n’est pas question de faire le deuil du passé. Il a su, au contraire, capitaliser à la fois sur sa connaissance du secteur de l’automobile et les métiers de l’après-vente, de la vente et du marketing. « On n’aborde pas un nouveau poste avec le filtre de ses expériences passées, mais en même temps, il est important d’avoir un regard neuf et s’accorder du temps pour observer son nouvel environnement, même si, parallèlement, c’est déjà l’heure des décisions. Il faut également être à l’écoute des équipes, qui sont la mémoire et le savoir-faire de l’entreprise et qui vont vous aider à intégrer la fonction. » La tentation du “Là-bas, on faisait comme ça” ? « L’expérience passée peut être utilse à sa propre réflexion, mais il faut éviter de donner des leçons. »

À retenir

- Un employeur vous recrute pour vos compétences ; pas question, donc, de faire table rase du passé. - Il est toutefois important de regarder avant d’agir et de ne pas calquer les pratiques ou méthodes du passé. - Profitez de ce virage professionnel pour réfléchir sur vous-même et abordez ce nouveau poste avec votre “moi profond”, qui avait pu s’étioler dans votre précédent poste.

 
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Anne-Françoise Rabaud

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