Une fusion ? L’occasion de faire rebondir votre carrière
Pour bien vivre les réorganisations liées à une fusion et booster votre carrière, il faut réfléchir en amont à vos ambitions. Le jour venu, vous aurez alors les comportements “gagnants”.
Je m'abonneLe changement génère toujours l’insécurité et le doute, constate Arlette Yatchinovsky, consultante en gestion des ressources humaines et auteur d’un récent ouvrage intitulé Mieux vivre le changement. Il peut même être vécu comme un traumatisme par l’encadrement, lorsque l’entreprise subit une restructuration ou lors d’un rachat, notamment. » Pourtant, une réorganisation n’est pas nécessairement négative. « Chaque modification de structure entraîne des opportunités de carrière, affirme Francis Girard, consultant en gestion de carrière chez Leroy Consultants, société de conseils aux cadres et dirigeants. Une fusion ou un rachat créent, de fait, des appels d’air. Les cadres doivent donc réfléchir à leur propre projet professionnel bien en amont pour ne pas être pris au dépourvu le moment venu. » Pour Laurent Gousset, directeur adjoint du cabinet Norma Conseil RH, membre de Talent Up (réseau de six cabinets de recrutement indépendants), « les entreprises sont, à l’occasion de ces moments charnières, à la recherche de compétences et de savoir-faire. Un manager se doit d’exploiter cette opportunité ». La direction générale identifie alors les personnes qui pourront et sauront faire avancer l’entreprise. Pour cela, elle a le choix entre ses ressources internes et le marché de l’emploi. Quelles sont les chances d’un cadre en place ? Pour Francis Girard, « un candidat interne a autant de chance qu’un candidat externe ». Autant, mais pas plus. Alors, pour convaincre, il est essentiel de se présenter comme un candidat externe : « Faites-vous “re-connaître” par la nouvelle direction. Adoptez une position ouverte face aux changements qu’elle impose. Bref, sachez vous adapter. » Les candidatures “maison” sont d’autant plus appréciées qu’elles permettent de conserver la mémoire et la culture de l’entreprise. « Les opportunités d’évolution, insiste Laurent Gousset, seront prioritairement réservées à ceux qui s’y seront préparés et qui, le moment venu, sauront s’adapter au nouvel environnement. » Pour l’encadrement commercial, elles sont de diverses natures. Mais les plus fréquentes impliquent une augmentation de la taille de la force de vente ou des responsabilités étendues, par exemple à l’univers du marketing. Dans certains cas, la direction générale peut même être amenée à proposer un poste de directeur de filiale. Se profilent alors à l’horizon de belles perspectives d’évolution… Pour être fin prêt lorsque l’occasion se présente, les cadres doivent régulièrement faire le point sur leurs compétences, leurs réalisations et se projeter dans leur avenir professionnel. « Chaque année, le manager doit s’astreindre à réaliser un bilan, seul ou accompagné, conseille Francis Girard. Répondre aux questions : Où en suis-je ? Qu’est-ce que je veux faire ? etc. » Conscient de vos forces et faiblesses, de votre potentiel professionnel et de vos envies d’évolution, vous serez alors plus réactif pour vous déclarer candidat à une évolution.
Des idées et des solutions
Dans ces moments-là, vous devez être capable de proposer des solutions à la nouvelle direction, et cela très rapidement. De même, le directeur commercial doit démontrer sa capacité à maîtriser son nouvel environnement, tout en étant à l’écoute de la direction générale et de ses objectifs. « Il faut savoir mettre en valeur les réussites, les potentiels ainsi que les actions de son équipe, sans trop se mettre en avant », prévient le représentant de Norma Conseil RH. Et pas question de bluffer. « On est en interne et, à ce titre, l’information est très facilement vérifiable. Par conséquent, avertit Francis Girard, n’exagérez pas trop vos réalisations. » Il faut manifester son désir d’évolution sans mettre le décideur au pied du mur. « Le cadre doit savoir se ménager des portes de sortie, met en garde l’expert en gestion de carrière. Car s’il n’accède pas au poste désiré, il devra continuer à se montrer motivé pour remplir ses missions habituelles. » Présentez votre démarche auprès de votre hiérarchie comme une occasion de réfléchir ensemble. Exprimez votre intérêt marqué pour les projets et l’avenir tout en restant ouvert aux contre-propositions. On vous reconnaît quelques lacunes ? Alors n’hésitez pas à demander à acquérir les compétences manquantes (MBA, DESS, etc.). « Certaines directions offrent d’ailleurs du coaching à leurs cadres managers pour que, à la faveur des changements et des réorganisations, ils soient capables de saisir des opportunités et se mobiliser autour de projets d’avenir », indique le porte-parole de Leroy Consultants. Changer de direction, c’est l’occasion de remettre les compteurs à zéro et comme on n’a jamais deux occasions de faire une première bonne impression, seuls les managers qui se seront préparés à ces bouleversements seront capables d’en tirer profit.
A lire
-Le changement est pour vous une source de doute ? L’auteur, consultante en gestion des ressources humaines et employabilité, passe en revue les éléments déstabilisants et donne des conseils pour évoluer vers d’autres réflexes, acquérir davantage d’autonomie et accepter de perdre ses repères pour continuer d’avancer. Par Arlette Yatchinovsky, éditions ESF, sept. 2004, 174 pages, 21,20 euros.
A retenir
- Toute réorganisation est source d’opportunités de carrière. - Pour être bien préparé, il est bon de faire, chaque année, le point de ses réalisations marquantes, seul ou avec un tiers. - Au moment de la réorganisation, il faut présenter sa réflexion et son intérêt marqué à sa hiérarchie, mais être ouvert aux contre-propositions, aux différences de points de vue. - La pièce se joue aussi en coulisses. Faire un “lobbying soft”, avec ses supérieurs hiérarchiques, ses pairs et ses collaborateurs. Ne pas négliger les relations à tous les niveaux. Soigner votre communication au quotidien.