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Études. Recourir aux services d’une junior entreprise

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Pour réaliser des études de marché, d’image ou de la concurrence, pourquoi ne pas faire appel à une junior entreprise ? Une formule astucieuse et économique.

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En France, on n’a pas de pétrole, mais on a des idées”, proclamait-on dans les années 1970. Une ode à l’ingéniosité que les managers commerciaux et marketing des années 2000, malmenés par la conjoncture, ont tout intérêt à s’approprier. Les junior entreprises, associations d’étudiants qui réalisent, en outre, diverses études marketing pour le compte d’entreprises, constituent un bel exemple de cette recherche d’alternatives à la fois astucieuses et économiquement intéressantes. Mais que recouvre exactement le terme de junior entreprise ? « L’appellation junior entreprise, explique Pierre-Alain Younan, président de la Confédération nationale des junior entreprises (CNJE), est une marque que nous avons déposée à l’INPI. » La CNJE compte, aujourd’hui, une centaine de junior entreprises homologuées, dont une quarantaine dépendent d’écoles de commerce ou bien d’universités qui dispensent des cours de marketing. Toute junior entreprise intervient, en effet, sur des missions en lien direct avec les matières enseignées dans les établissements. Il convient donc, dans un premier temps, de se renseigner précisément sur la nature des cursus proposés par l’école concernée. « La vocation d’une junior entreprise, ajoute Pierre-Alain Younan, est de travailler sur des missions à caractère pédagogique, ce qui exclut la distribution de tracts ou l’animation de stands sur un salon. Ces derniers travaux sont davantage le fait des “job services”, associations d’étudiants qui se chargent de trouver de petits boulots. » Le cœur de métier des junior entreprises porte, lui, sur les études. Marché, concurrence, image, satisfaction, implantation, lancement de produit : tout cela pourra être passé au crible par des étudiants, qui pourront même plancher sur vos business plans.

La disponibilité des professeurs

Ces associations sont gérées par les étudiants, qui assurent les fonctions de président, trésorier, responsable qualité, etc., indépendamment de la direction de l’établissement et du corps professoral. Les missions sont donc menées de A à Z par des juniors inexpérimentés. Faut-il, pour autant, le considérer comme un handicap ? Certes, les membres d’une junior entreprise ne disposent pas de la même pratique que les collaborateurs d’une société de conseil en études ayant pignon sur rue. Pour Pascal Brassier, professeur de vente et de management commercial à l’ESC Clermont, « le donneur d’ordres offre l’occasion aux étudiants de se former à la pratique ». Pour autant, de nombreux garde-fous permettent d’éviter toute déconvenue et garantissent le sérieux de la prestation. Tout d’abord, s’il se garde de toute d’ingérance, le corps enseignant apporte sa caution à la qualité de la prestation. « Nous n’intervenons pas de façon systématique, mais nous sommes disponibles pour répondre aux questions des étudiants », explique Pascal Brassier qui, outre sa fonction de professeur, dispose d’une expérience de la vente et du management. Lorsque vous prenez contact avec une junior, il est donc conseillé de valider l’implication du corps professoral. La CNJE a également pour rôle de veiller au niveau de qualité du travail de ses membres. Au-delà d’un code de déontologie, la confédération organise deux congrès par an, où sont dispensées des formations. Par ailleurs, tous les ans, la CNJE audite chaque junior entreprise. Un rendez-vous à l’issue duquel elle renouvelle – ou non – sa confiance. L’occasion, pour la confédération, de publier un classement et d’attribuer à une junior le Prix de l’excellence (le classement est accessible sur www.cnje.org). Autre point de contrôle : le Comité senior. Composé des junior entreprises les plus performantes, ce comité apporte son aide aux membres, notamment aux structures en devenir, par le biais de trois associations : Junior Création, Pépinière Junior Entreprise et Junior Initiatives. Ces dernières proposent les mêmes services que les junior entreprises, mais ne sont pas homologuées par la CNJE. La confédération vient, par ailleurs, d’entamer une procédure de “certification de service” avec l’Afaq (Association française de l’assurance qualité). Les premières certifications devraient intervenir en juin 2004. Enfin, certaines junior entreprises sont certifiées Iso 9002. C’est le cas de l’ESC Clermont, de l’ESC Marseille-Provence, de l’EM Lyon et de l’ESCP-EAP.

Des tarifs très concurrentiels

Autre point de compétitivité : leurs prix. « La CNJE préconise un tarif maximum de 230 euros HT par journée d’étude, hors actions sur le terrain », explique Pierre-Alain Younan. Des tarifs défiant toute concurrence, qu’autorise un statut dérogatoire avantageux accordé aux junior entreprises par l’Urssaf. « D’une manière générale, on peut considérer que le tarif est de deux à quatre fois inférieur à celui pratiqué par une société de conseil traditionnelle », assure le président de la CNJE. Un argument imparable lorsque la conjoncture pousse à faire des économies. Néanmoins, les junior entreprises, qui jouent à fond la carte professionnelle, insistent sur d’autres arguments, comme leur capacité à s’adapter. Une qualité que Stéphane Roccaserra, attaché au directeur des services à bord et de la qualité de la SNCM (Société nationale maritime Corse Méditerranée), reconnaît volontiers à Marketing Méditerranée, la junior de l’ESC Marseille-Provence qu’il a sollicitée dans le cadre d’études de satisfaction clients. « Les étudiants se sont adaptés à notre demande et n’ont pas essayé de nous vendre plus que ce dont nous avions besoin. Par ailleurs, après chaque enquête, ils nous restituaient une synthèse dans les vingt-quatre heures. » Reste, toutefois, un point crucial à explorer avant de s’engager : l’équipement informatique. Car sans ordinateurs performants et sans logiciels adaptés, il est à craindre que, malgré les bonnes volontés, aucune étude digne de ce nom ne puisse aboutir. À titre d’exemple, Marketing Méditerranée – Prix d’excellence 2002 – dispose de dix ordinateurs fixes, d’autant de portables, d’un serveur, d’une salle de phoning complète, de logiciels de bureautique classiques et d’un logiciel professionnel de traitement des données (Ethnos 3.6), « qui permet, souligne son président, Manuel Da Cunha Silva, d’obtenir des résultats très précis ». Enfin, si vous doutez encore des compétences et du sérieux d’une junior entreprise, renseignez-vous sur la fidélité de ses clients. Sachez qu’elles “sous-traitent” certaines missions pour le compte de sociétés de conseil réputées. Et que certaines remportent des affaires face à des cabinets prestigieux. Dernier argument : à l’heure où il n’est pas toujours facile de repérer les bons candidats au recrutement, faire appel à une junior entreprise, c’est aussi entrer en contact avec des jeunes susceptibles d’être embauchés demain.

Témoignage

Stéphane Roccaserra, attaché au directeur des services à bord et de la qualité de la SNCM « J’ai été immédiatement rassuré sur leur professionnalisme » La direction des services à bord et de la qualité de la SNCM (Société nationale maritime Corse Méditerranée) travaille depuis trois ans avec Marketing Méditerranée, la junior entreprise de l’ESC Marseille-Provence. « La première étude que nous leur avons confiée, en 2000, visait à mesurer la satisfaction des clients de notre activité frêt », se souvient Stéphane Roccaserra. Les étudiants ont mené leur enquête via une campagne de phoning. L’an dernier, la SNCM a souhaité mesurer la satisfaction des passagers. « Nous avons rencontré plusieurs prestataires, cabinets et junior entreprises, pour, finalement, retenir Marketing Méditerranée. » Il s’agissait, cette fois-ci, d’interroger 6 000 passagers sur la qualité des prestations à bord. Les étudiants sont allés à la rencontre des passagers au cours des traversées. Au total, dix semaines d’enquête. Hormis un prix plus avantageux, Marketing Méditerranée a su s’adapter aux exigences de la SNCM et être réactif. « Nous sommes satisfaits, affirme Stéphane Roccaserra. La preuve ? Nous allons leur confier une troisième étude dès le second semestre de cette année. »

À retenir

- Une quarantaine de junior entreprises homologuées par le CNJE proposent aujourd’hui des missions marketing-vente. - Leurs domaines de compétences sont variés : études de marché, d’image, d’implantation, de concurrence, etc. - Plusieurs indices confirment leur professionnalisme : soutien du corps professoral, équipement informatique, certification Iso 9002, etc. - Les coûts facturés sont deux à quatre fois inférieurs à ceux pratiqués par les sociétés de conseil traditionnelles.

 
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Anne-Françoise Rabaud

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