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Au diapason d u numérique

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MP3, redevance, piratage. L’actualité du secteur musical n’en finit plus de déchaîner les controverses. Mais l’apparition du numérique ne suffit pas à résumer la situation d’un marché qui, en vingt ans, a énormément évolué. Coup de projecteur sur le deuxième marché culturel français.

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Deuxième marché culturel en France après les livres (premier si l’on excepte les manuels scolaires), le marché du disque n’en finit plus, en ce moment, de susciter des polémiques médiatiques. Controverses sur l’utilisation du MP3 (MPEG Layer III : format de compression du son) et sur la redevance sur les CD vierges font la une des journaux. Aux partisans du “tout-numérique” s’opposent les adeptes du disque en tant qu’objet, avec, bien sûr, tous les enjeux stratégiques qui se dissimulent derrière : protection des ayants droit (droits d’auteurs), hégémonie ou non des majors, apparition de nouveaux acteurs, piratage, etc. Toutefois, l’ensemble des professionnels du secteur reconnaît que le marché se porte bien. Paradoxalement, depuis quelques années, la progression en valeur n’est pas forcément significative. Pascal Nègre, P-dg d’Universal Music France parle même d’une croissance négative. Mais l’offre, en termes de pro-duction, continue de grandir, et les distributeurs, d’ouvrir de nouveaux points de vente. Ainsi, depuis vingt ans, le chiffre d’affaires du secteur a été multiplié par deux. En 1985, la loi Lang autorisait la copie privée. En compensation, une redevance était instaurée sur tous les supports qui permettaient l’enregistrement. Rien de neuf donc, à l’instauration de la redevance sur les CD vierges, sauf Internet, le MP3 et ses sites de téléchargement gratuit. De la notion de copie privée, on passait à celle de pira-tage puisque les droits d’auteur n’étaient plus reversés. Aujourd’hui, tout commence à se structurer, des partenariats se créent : MP3.com a obtenu un droit d’exploitation du catalogue Universal Music, par exemple. Le cadre juridique sur la Toile se précise ou, du moins, rattrape le droit commun. La révolution a déjà eu lieu De manière générale, les maisons de disques se veulent prudentes face à l’arrivée du numérique. Certes, Internet va faire évoluer le secteur en tant que nouveau support. Mais, pour elles, la grande révolution a déjà eu lieu il y a quelques années, via la distribution. Aujourd’hui, un disque sur deux se vend en hyper. Les disquaires indépendants ont cédé la place aux rayons disques des grandes surfaces et aux chaînes spécialisées. Cette évolution se poursuit d’ailleurs dans la mesure où le phénomène de concentration des acteurs de la grande distribution a des conséquences sur le marché musical. Les grands comptes des maisons de disques se nomment Carrefour, Auchan, Casino, etc. Parallèlement, alors que la Fnac était seule sur le segment des chaînes spécia-lisées, aujourd’hui, la concurrence existe : Virgin Megastore, Extrapole et les distributeurs indépendants qui ont su se faire une petite place. En outre, la consommation de CD est moins élevée en France qu’en Allemagne ou en Angleterre. Un phénomène structurel, selon Dominique Démosthène, directeur général de Virgin France. Quoi qu’il en soit, seulement un Français sur cinq, à l’heure actuelle, achèterait un produit musical. Certains y verront encore le spectre du piratage mais la technologie est loin d’avoir investi 80 % des foyers. L’écoute de la radio constituerait une explication plus logique.

“ Dans vingt ans, la musique s’écoutera presque uniquement en numérique. ” Éric Legent, P-dg de France MP3 Créée il y a deux ans, la société on line France MP3 se positionne à la fois comme un site distributeur et comme un diffuseur sur le marché de la musique. “ Le discours sur le MP3 a beaucoup évolué depuis deux ans. Aujourd’hui, il y a consensus, le numérique ne fait plus peur. Les majors ont compris qu’Internet était un nouveau support musical à développer, et non pas seulement un outil de piratage. ” Ainsi, France MP3 s’imagine plutôt comme un partenaire que comme un concurrent des majors. “ Nous sommes des spécialistes de la haute technologie. Beaucoup d’ayants droit considèrent qu’ils ont atteint leur seuil de compétence dès lors que l’on aborde le format numérique. À ce moment-là, ils viennent vers nous. Nous sommes des prestataires de service. ” Par ailleurs, Éric Legent défend ardemment la notion de tarification à la marge. “ Sur le marché musical, beaucoup d’acteurs ont encore une approche produit, alors qu’il est de plus en plus important de parler en termes de services. Il faut montrer aux professionnels que la distribution numérique va faire diminuer les prix mais surtout augmenter la marge unitaire. Chaque produit vendu sera de la marge. ” Quoi qu’il en soit, pour Éric Legent, le numérique va prendre une place de plus en plus importante sur le marché de la musique. “ Plusieurs facteurs vont jouer dans cette évolution : la taille du catalogue disponible, la technologie, qui va permettre une diffusion de haute qualité. Parallèlement, il va falloir qu’une politique se mette en place rapidement afin de protéger les ayants droit. Mais surtout, l’avenir du numérique se joue dans l’évolution de la mentalité du consommateur. Il faut concevoir la musique non plus comme un produit mais comme un service. ”

“ En musique, à aucun moment, le support numérique ne supplantera le support physique. ” Pascal Nègre, P-dg d’Universal Music France P-dg d’Universal Music France, l’un des leaders de la production musicale, Pascal Nègre se veut optimiste et serein sur l’avenir du marché du disque. Détendu, il ne semble pas le moins du monde préoccupé par la concurrence numérique. Pour lui, Internet n’est qu’un support parmi d’autres. “ Le numérique ne tuera pas le disque. ” A contrario, il pourrait le stimuler puisqu’il considère qu’il y a complémentarité. “ L’arrivée d’Internet va nous permettre d’exposer l’ensemble de notre catalogue et de toucher un public plus large. La véritable concurrence va se jouer entre la radio et le Net. ” Ainsi, le site d’Universal serait plus “ un magazine dans lequel le consommateur va trouver des informations sur les nouveautés, qu’un magasin où l’internaute viendrait chercher des informations et des services ”. Pour Pascal Nègre, le disque ne serait plus seulement un produit mais un objet avec lequel le consommateur aurait un véritable lien affectif. Néanmoins, Universal ne compte pas passer à côté du numérique. Dès le printemps, l’entreprise envisage de lancer, avec une autre major, un nouveau format de compression, BlueMatter. Par ailleurs, “ le disque est aussi un produit frais ”. Et d’expliquer que “ le rôle du représentant change. L’important : être là au bon moment. Les actions promotionnelles et marketing priment ”. Évidemment, les commerciaux doivent avant tout être des passionnés de musique. “ Nous vendons du contenu, nos forces de vente doivent, sans cesse, se tenir au courant des nouveautés. Nous sommes sur un secteur très spécialisé.

“ L’arrivée des nouvelles technologies doit être perçue comme un élément de stimulation de la consommation de la musique. ” Dominique Démosthène, directeur général de Virgin France Dominique Démosthène se veut prudent dans son analyse de l’arrivée du numérique sur le marché du disque. “ Il s’agit certainement d’une grande opportunité. Le numérique est un support complémentaire mais il est aberrant de penser qu’il supplantera le disque. ” Pour lui, les difficultés et les lenteurs du téléchargement musical sur Internet constituent un frein important. Pourtant, aujourd’hui, Virgin propose sur son site des extraits musicaux gratuits à titre promotionnel. “ Les nouvelles technologies constituent une énorme possibilité de relais. ” En outre, dans une vision plus globale, Dominique Démosthène souligne que “ le marché ne progresse plus en valeur tandis que la production, elle, ne cesse d’augmenter. L’offre est de plus en plus consistante. ” Et de mettre en avant un autre avantage des nouvelles technologies : “ Il est essentiel de s’ouvrir sur l’extérieur, et Internet a un véritable rôle à jouer dans cette démarche. Enfin, estime le directeur général, les commerciaux, pour vendre, doivent rester à la pointe de tous les courants musicaux. Si les maisons de disque ont aujourd’hui une force de vente unique, généraliste, cette dernière doit aussi être au fait de toutes les nouvelles tendances. ”

Repères en chiffres 7,38 milliards de francs (1,13 milliard d’euros) c’est le chiffre d’affaires du marché du disque en 2000. 154,3 millions de disques ont été vendus en France en 2000. 1 % , c’est la baisse enregistrée pour le marché du disque entre 1999 et 2000. L’année précédente, la diminution était de l’ordre de 2,5 %. Sources : Syndicat national de l’édition phonographique (SNEP)

 
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Julie Vedovati

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