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Changer d’employeur après 20 ans de fidélité

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Vous êtes dans la même société depuis longtemps et vous souhaitez découvrir d’autres d’horizons… Sachez mettre toutes les chances de votre côté.

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Peut-on changer d’employeur après 20 ans de bons et loyaux services ? Beaucoup en doutent, évoquant les risques de “sclérose” chez ceux qui sont restés trop longtemps dans la même entreprise. Et pourtant, certains démontrent brillamment le contraire. Ainsi, après 20 ans passés chez Unilever, Philippe Cabin Saint-Marcel vient de rejoindre la direction commerciale d’IRI, une société d’étude des marchés de produits de grande consommation. Un “transfert” qui s’est opéré sans encombre. « À aucun moment je n’ai ressenti que le fait d’avoir travaillé 20 ans pour le même employeur posait un problème à mes interlocuteurs », note Philippe Cabin Saint-Marcel. Il faut dire que son parcours chez Unilever est exemplaire. « Je me suis “éclaté” professionnellement à des fonctions d’étude, de marketing et de vente, en France comme à l’international. Et toute cette expertise accumulée a constitué, je crois, une valeur ajoutée pour les personnes que j’ai rencontrées chez IRI. » Son cas n’est pas pour autant isolé. Même si, généralement, les managers sont davantage soumis au doute. « Il y a un an, la société pour laquelle je travaillais depuis 22 ans a été rachetée, se souvient Caroline, directrice commerciale et marketing dans un groupe d’intérim. La stratégie de la nouvelle direction ne me convenant plus du tout, j’ai préféré partir. C’était une décision difficile à prendre, car je redoutais, en particulier, d’entamer après tant d’années une nouvelle recherche d’emploi. » La première difficulté est d’abord de s’autopersuader, puis de convaincre les autres de sa valeur ajoutée. Car même s’ils s’en défendent, les recruteurs ont de nombreux a priori. Ils craignent que les habitudes prises au fil des ans empêchent le candidat de s’adapter à un nouveau mode de travail et à une autre culture d’entreprise. « Face à un tel candidat, le recruteur va chercher à découvrir s’il est capable de se détacher de son passé professionnel et s’il répond aux attentes de son nouvel employeur », indique Guy Moreno, fondateur du cabinet de recrutement Moreno International, à Reims. Une réticence que vous devrez combattre en accumulant les preuves de votre capacité d’adaptation.

Valoriser son expérience

Pour commencer, ce long parcours peut, en fait, être un atout si vous savez l’exploiter habilement. Vous éveillerez d’autant plus l’intérêt d’un recruteur si vous démontrez que vous avez évolué au sein de l’entreprise, multiplié vos expériences et étoffé vos compétences : négociation, management, animation, etc. C’est également une preuve de ténacité et de persévérance. « Pour un recruteur, un manager commercial qui a changé de multiples fois d’environnement, toujours au sein de la même boîte, est une bonne recrue. D’autant que s’il avait échoué, il aurait sans doute été débarqué avant », analyse Sylvain Grevedon, directeur chez le spécialiste du recrutement Mercuri Urval. À vous, donc, de monter votre dossier, d’accumuler les “preuves” en votre faveur. Les portes s’ouvriront toutefois plus facilement si vous envisagez d’intégrer une société du même secteur ou d’un univers proche, voire complémentaire. « La plupart des recruteurs restent, en fait, très classiques dans leurs choix. Ils préfèrent le plus souvent embaucher un directeur commercial issu du même secteur d’activité », reconnaît Sylvain Grevedon.

Réaliser un bilan de compétences

Pour rebondir sans trop de difficultés, vous pouvez aussi rechercher des activités nouvelles. Ou bien les secteurs en croissance dans lesquels les besoins de compétences générales dans la fonction commerciale sont importants : la téléphonie mobile, la télévision par satellite, la banque, la pharmacie, la chimie… Pensez également aux secteurs friands de managers commerciaux de terrain, comme la grande distribution, le BTP, le transport ou les services. Car, comme le souligne Victor Ernoult, fondateur du cabinet de recrutement Ernoult Search, à Paris, « la valeur ajoutée d’un candidat ne réside pas seulement dans sa connaissance particulière d’un domaine d’activité mais plutôt dans ses compétences et son savoir-faire de manager qu’il peut appliquer à n’importe quel secteur. » Si le rapport entre votre secteur d’origine et celui qui vous intéresse n’est pas évident, alors vous devez mettre en avant cet argument de professionnalisme. Enfin, pour y voir clair, faites le point, sans précipiter votre choix. N’hésitez pas à évoquer vos projets avec votre entourage, vos collègues ou des amis. Pensez aussi à effectuer un bilan de compétences avec l’aide d’un spécialiste des gestions de carrière, d’un cabinet privé ou rattaché à un organisme comme l’Apec (Association pour l’emploi des cadres). Ce bilan vous permettra de valider la faisabilité de votre projet, d’identifier vos capacités professionnelles et personnelles et de mieux repérer les filières qui pourraient vous correspondre.

Avis d’expert

Annette Deutsch, coach et formatrice en développement personnel chez Easy Form Data, société de conseil aux entreprises « La fidélité à une société est un atout » « Rares sont les directeurs commerciaux qui peuvent afficher vingt ou trente années d’expérience au sein de la même société. Cette spécificité est un atout. Il serait dommage de s’en cacher », affirme Annette Deutsch. Son conseil : devenir consultant en free-lance. « La souplesse alliée à la connaissance d’un domaine d’activité stratégique sont des qualités de plus en plus prisées des entreprises. De plus, les démarches à accomplir pour débuter une telle activité sont très simples. Il suffit de constituer une entreprise individuelle commerciale ou libérale par simple déclaration à l’Urssaf. être prestataire permet de mieux se faire connaître. En particulier auprès des entreprises à la recherche de cadres commerciaux très expérimentés. »

Repères

Un CV détaillé et thématique pour convaincre Afin de mettre toutes les chances de votre côté, construisez-vous un CV et une lettre de motivation sur mesure. Vous ne devez surtout pas hésiter à relater en détail votre évolution et votre parcours. Pour cela, préférez un CV thématique mettant en valeur vos compétences (management, animation de réseau, marketing direct, etc.), plutôt que chronologique. Pour chaque poste occupé, donnez des exemples concrets de réalisations : « J’ai mis en place de nouvelles formations, je suis parvenu à intégrer Internet dans notre organisation de travail, j’ai réorganisé la force de vente, j’ai développé tel secteur… » Ces multiples indices permettront ensuite au recruteur de se faire une idée de l’expérience acquise. Dans la lettre de motivation, démontrez votre dynamisme pour contrer les préjugés. Évoquez vos missions actuelles, ainsi que deux ou trois points-clés de votre expérience professionnelle. Le recruteur doit sentir que, même si vous n’avez jamais changé de société, vous avez régulièrement été mobilisé sur diverses missions. Il doit comprendre que vous avez l’ambition, tout autant que l’envie, d’évoluer vers de nouveaux horizons…

 
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Aude Mongiat et Anne-Françoise Rabaud

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