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Demain, la voiture communicante ?

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La voiture, demain, sera-t-elle un véritable bureau ? Pour l’heure, la perspective paraît quelque peu saugrenue et pourtant : d’après une étude de l’Atelier, la cellule de veille technologique de Paribas, la voiture reliée à internet par commande vocale pourrait devenir un standard d’ici quelques années. Aux États-Unis, au Japon et en France (PSA), des modèles haut de gamme sont déjà équipés.

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En France, c’est Citroën qui, le premier, s’est positionné sur le marché de la voiture communicante. Depuis quelques mois, le constructeur propose une Xsara Windows CE, un modèle équipé d’un système multimédia relié à internet. Concrètement, quels services apporte-t-elle à l’automobiliste ? D’abord, elle obéit à la voix : on peut ainsi lui demander d’allumer la radio, de monter ou de baisser le son, de composer un numéro de téléphone à partir d’un simple prénom préalablement enregistré ou de se faire guider pour un itinéraire, auquel cas la voiture vous préviendra, en fonction de l’endroit où vous vous trouvez, lorsque vous devez tourner à gauche ou à droite et prendre telle rue. Enfin, il est possible de demander à la voiture de lire ses e-mails à haute voix, et on peut envoyer des messages en tapotant sur un clavier, mais là il faut s’arrêter ! Bref, la Xsara Windows CE est une vraie voiture communicante et offre les fonctionnalités d’un petit bureau décentralisé. Mais le coût du système informatique embarqué (11 500 francs) réserve ce modèle à un public limité. Citroën d’ailleurs ne s’y est pas trompé : la société n’a sorti la voiture qu’à 500 exemplaires. Portail d’accès internet pour cet hiverC’est pourquoi, un modèle avec une technologie aussi lourde ne constitue sans doute pas l’avenir de la “e-voiture”. « Le simple accès vocal à l’internet est promis à beaucoup plus de véhicules », note dans son étude Jean de Chambure, net économiste à l’Atelier. La différence ? Il n’y aura pas de vrai ordinateur embarqué, mais un simple accès web via un navigateur wap qui donnera, par la voix, accès à un portail de services pratiques. Ford et PSA estiment ainsi que d’ici à trois ans, 80 % de leurs véhicules seront équipés d’une telle connexion internet, et que, dans cinq ans, l’ensemble des possesseurs de voitures Peugeot et Citroën disposeront de cet équipement, soit au total 80 millions d’automobilistes.Ces chiffres donnent la mesure de l’enjeu pour les constructeurs qui fourbissent actuellement leurs armes pour proposer des portails d’accès internet aux automobilistes. PSA et Vivendi ont investi 50 millions de francs pour développer Wappi, premier portail de ce type qui devrait voir le jour au plus tard cet hiver. L’automobiliste y trouvera des services d’entretien, de dépannage, de guidage en temps réel, d’informations sur l’état du trafic, de possibilités de réservation d’hôtels, de restaurants, et un service de réception et d’envoi de courrier électronique. Renault consacre 500 millions de francs à tous ses sites dont celui dédié à la voiture communicante. À l’étranger, tous les grands constructeurs s’y préparent également, de Ford à General Motors, ce dernier offrant déjà un système de communication embarqué baptisé Onstar qui compte à ce jour plus de 200 000 abonnés. En outre, des partenariats sont noués avec Yahoo, AOL, Ericsson ou Motorola. À terme, une source de revenus non négligeableUne véritable effervescence ! « C’est la plus grande révolution dans l’industrie automobile depuis le financement de l’achat de ses clients il y a soixante ans », n’hésite pas à affirmer Didier Cruze, responsable du développement multimédia chez Citroën. Pourquoi ? Parce que, surenchérit Pierre-Henri Gabriel, responsable commercial de la plate-forme multimédia pour l’automobiliste de Motorola-IBM, « les enjeux économiques du marché de la voiture communicante représentent plusieurs milliards de dollars ». En effet, au-delà des services apportés à l’automobiliste, la voiture communicante promet d’être une source de revenus supplémentaires pour les constructeurs et leurs partenaires. Outre les forfaits d’accès aux services interactifs (modiques, de l’ordre de 400 francs par an par exemple pour Wappi), « les constructeurs utiliseront le poids de leur base clients pour passer des partenariats avec des compagnies d’assurances, des maisons de disques, des supermarchés, des radios, estime Jean de Chambure. La base client deviendra alors un argument clé pour négocier des partenariats commerciaux », qui permettront aux constructeurs d’engranger de l’argent. Un modèle qui apparaît d’autant plus viable que, selon l’étude de l’Atelier, « les voitures communicantes devraient arriver massivement sur le marché d’ici trois ou quatre ans. Cela tient à une évolution technologique : l’accès vocal à l’internet sera une option qui devrait, à terme, être intégrée au prix total du véhicule. La voiture communicante sera donc accessible à tous les automobilistes. » Une perspective que les commerciaux trouveront particulièrement intéressante, eux qui passent beaucoup de temps sur la route.

La stratégie de Renault Renault faisait jusqu’à présent un peu figure de grand absent dans la course aux “automobiles communicantes”. Hormis ses véhicules équipés du système embarqué Carmina limité à la navigation, l’info trafic ou l’assistance, le constructeur français ne propose aucune voiture reliée à internet comme le fait PSA, son concurrent direct. Le pdg de Renault, Louis Schweitzer, s’en est expliqué récemment dans une tribune publiée sur le site carboulevard.com. « L’internet embarqué est naturellement l’étape suivante, mais il faudra toutefois un peu de temps pour adapter ce service aux contraintes d’utilisation, et surtout, identifier avec précision la véritable attente de la clientèle : dans notre stratégie internet, nous restons en effet fidèles à notre politique constante, qui est de refuser la technologie pour la technologie. » Il n’empêche que, au-delà de la “e-voiture”, Renault s’implique fortement sur le web, puisque le constructeur a investi pas moins d’un demi-milliard de francs pour développer ses activités internet. Un investissement essentiellement consacré aux sites de e-commerce B to C et de e-business B to B. Côté grand public, Renault proposera d’ici la fin de l’année deux sites. Renault.site, outil d’information sur les gammes où le client final pourra configurer les options souhaitées et lancer un processus de commande qui sera transmis à son concessionnaire. Deuxième site B to C : carevia.com, qui sera dédié à la vente de véhicules d’occasion, Renault voulant devenir leader sur ce marché porteur (dans cinq ans, 50 % des voitures d’occasion devraient être achetées sur internet en Europe). Dans le B to B, les choses sont plus avancées. Renault a déjà mis en place un site pour échanger des informations avec l’ensemble de son réseau. Et bien sûr, le constructeur français est présent dans le “e-procurement” avec la place de marché “Covisint”, créée avec Nissan, Ford, GM et Daimler Chrysler

 
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Frédéric Thibaud

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