Développement personnel apprenez à repérer les charlatans
S'épanouir et améliorer sa communication avec les autres: telle est la promesse séduisante du développement personnel. Pourtant, il convient d'être prudent. Car si la plupart des formateurs sont sérieux, il existe des imposteurs. Voici quelques pistes pour tenter de les identifier.
Je m'abonneLe développement personnel séduit de plus en plus de managers et de commerciaux. Comment, en effet, ne pas être séduit par des intitulés tels que «Mieux comprendre l'autre pour mieux communiquer avec lui» ou encore «Gagner en confiance et en efficacité»? Les chiffres attestent cet engouement (lire encadré p. 47]. Un succès amplifié par la mise en place du droit individuel à la formation (Dif), qui a généré un quota d'heures mis à disposition de tout salarié ayant plus d'un an d'ancienneté. Attendez-vous donc à ce que vos commerciaux demandent à suivre ce type de programme.
Mais attention! Aucun diplôme n'étant exigé pour se revendiquer formateur en développement personnel, cet engouement a attiré des prestataires dont le professionnalisme laisse parfois à désirer. «Il y a bien plus de risques lorsque l'on suit un programme de formation au développement personnel qu'avec un cours de bureautique», reconnaît Céline Berlizon, directrice commerciale et marketing de Place de la Formation, un courtier en formation professionnelle. Pour Sylvie Faisandier, auteur du livre Fonction formation
Céline Berlizon, directrice commerciale et marketing de Place de la Formation
«Il y a plus de risques sur une formation au développement personnel que sur un cours de bureautique.»
Passez au crible le plus d'informations possible
Un cas extrême mais bien réel, comme l'atteste cette responsable formation dans un groupe aéronautique qui se souvient avoir fait intervenir un prestataire sur le développement personnel auprès des managers et découvert, par hasard, que le responsable de l'organisme était un membre actif de l'Eglise de Scientologie. «Même si nos cadres ne se sont pas plaints de manipulation, cette nouvelle a jeté un froid. Nous avons mis un terme au contrat», relate-t-elle. Il est donc primordial de redoubler de prudence au moment de sélectionner vos prestataires.
Pour identifier les «brebis galeuses», commencez par vous procurer la plaquette de l'organisme, que vous passerez au crible, tout comme son site internet. Notez tout ce qui vous semble surprenant: les liens avec d'autres sites web qui vous paraissent étranges ou le langage employé. Par exemple «Transformez votre existence et libérez-vous de vos difficultés» ou bien les termes de «croyance» et «spiritualité». N'hésitez pas à entrer le nom des formateurs dans un moteur de recherche pour voir ce qu'ils ont écrit, dit ou publié.
«Il ne s'agit pas de faire des procès d'intention, mais d'être vigilant, nuance Sylvie Faisandier. C'est un faisceau d'indices qui doit vous amener à douter d'un prestataire.» Convenez alors d'un face-à-face avec les représentants de l'organisme de formation. Interrogez-les, par exemple, sur les techniques de développement personnel qui seront évoquées: PNL
Autre point sensible: vous devez vous assurer que les formateurs ne versent pas dans une approche thérapeutique. Pour cela, demandez par exemple à votre interlocuteur comment il réagit face à un stagiaire qui craque. «Il doit savoir exactement comment répondre à une telle situation en proposant, par exemple, un entretien individuel avec la personne. Mais aussi connaître ses limites», insiste Sylvie Faisandier. Et, dans ce cas, suggérer un rendez-vous avec un confrère plus compétent. «Tout ce qui peut susciter la dépendance du collaborateur au formateur est suspect», assène-t-elle.
Vous pouvez également exiger une liste des entreprises qui ont déjà travaillé avec l'organisme sur les mêmes thématiques. «Nous en demandons systématiquement trois», indique la représentante de Place de la Formation. Vous pouvez aussi demander à votre interlocuteur si certains des formateurs interviennent dans des grandes écoles ou des universités. Pour Sylvie Faisandier, «c'est un signe fort de crédibilité».
Enfin une façon de se rassurer est de se retrancher derrière des formateurs certifiés. «Chez Place de la Formation, nous validons les prestataires qui ont une qualification comme celle de l'Office professionnel de qualification des organismes de formation (OPQF) ou qui appartiennent à une organisation professionnelle, illustre Céline Berlizon. Comme la Chambre syndicale des formateurs-consultants [CSFCJ ou la Fédération de la formation professionnelle [FFPJ.» Vous pouvez aussi opter pour un acteur reconnu tel que Demos ou Cegos, par exemple, qui proposent une cinquantaine de modules sur le développement personnel. Lorsque tous les doutes ont été levés, ne vous engagez pas sur le long terme. Faites un essai, que vous renouvellerez si tout se passe bien. Et, bien entendu, mettez en place un système de «feedback» auprès des stagiaires pour vous assurer que le programme a donné entière satisfaction.
Une formation dans le vent
Le développement personnel a fait son entrée en décembre 2007 dans le top 10 des formations les plus I demandées, selon le baromètre du courtier Place de la Formation, avec un score de 4%. Six mois plus tôt, ce type de programme récoltait moins de 2% des réponses.