Recherche
Magazine Action Commerciale
S'abonner à la newsletter S'abonner au magazine

Economie: ce que les candidats veulent vous vendre

Publié par le

Présidentielle.Les candidats à la présidence de la République ont émis une kyrielle de propositions qui auront un impact, direct ou indirect, sur votre quotidien professionnel. Voici celles que nous avons soumises à l'analyse d'experts de la fonction commerciale, de consultants ou de syndicalistes.

Je m'abonne
  • Imprimer

«L'entreprise doit être le moteur de la social-économie», a déclaré François Bayrou, le candidat UDF à la présidentielle. La représentante du PS, Ségolène Royal, veut, elle, «engager une nouvelle donne dans les entreprises en commençant par réconcilier les Français avec l'esprit d'entreprendre». Quant à Nicolas Sarkozy (UMP), il met en avant le travail des salariés comme véritable «richesse d'une société» et souhaite «qu'on ne rigidifie pas le fonctionnement des entreprises par des règles nouvelles».

Chaque candidat à la présidence de la République y va donc de ses engagements auprès des sociétés françaises pour relancer l'économie. Démagogie politique ou véritables ambitions? Une chose est sûre, les entreprises du secteur privé font vivre aujourd'hui 15 millions de salariés et constituent le principal moteur de la croissance française.

Partant de ce constat, il nous a semblé intéressant de décortiquer les mesures économiques et sociales des principaux candidats à l'élection présidentielle 2007. Et pour cela, nous avons demandé leur avis à des experts ayant une véritable vision de ces problématiques. Au coeur des débats: les 35 heures et le pouvoir d'achat des Français. Mais aussi les questions portant sur les contrats de travail et la rémunération. Selon la CFE-CGT, seuls 54% des cadres ont le sentiment que leurs efforts sont reconnus à leur juste valeur et 78% estiment que leur charge de travail est toujours plus lourde sans aucune contrepartie. Quelles sont donc les mesures à prendre pour que les cadres se sentent plus à l'aise dans l'entreprise? La réponse est-elle dans les programmes des candidats? A vous de vous faire une idée...

1 Temps de travail et pouvoir d'achat

«Exonérer de charges sociales et d'impôts toutes les heures supplémentaires.» Voici l'une des mesures phares de Nicolas Sarkozy. Le candidat de l'UMP désire que les salaires soient augmentés régulièrement. Sa méthode? Rompre avec la politique de partage du travail et mettre en oeuvre une politique de compétitivité des entreprises. Sa deuxième idée majeure? Permettre, à ceux qui le veulent, de travailler plus afin de gagner plus et donner davantage de liberté aux entreprises et aux salariés pour négocier des heures supplémentaires.

Jean-Pierre Gauthier, directeur de recherche chez ASG Stratégie et Gouvernance, institut de recherche sur le temps de travail

«Quand Sarkozy parle de travailler plus pour gagner plus, il ne chiffre pas ce «plus».»

De son côté, Ségolène Royal annonce, dans son «pacte présidentiel», sa volonté de réduire les effets négatifs des 35 heures pour les ouvriers et les employés. «La candidate du PS veut effectuer un diagnostic partagé sur les 35 heures en abordant le temps et le coût du travail, sa pénibilité, etc. Elle envisage d'ouvrir des négociations pour déterminer comment on peut consolider cet acquis en mettant en place, par exemple, de nouvelles obligations de négocier dans les branches», explique Dan Steinfeld, chargé des questions économiques et fiscales dans l'équipe de campagne de Ségolène Royal.

Enfin, François Bayrou, candidat de l'UDF, propose, dans son programme de «social-économie», «la bonification des heures supplémentaires de 35% à partir de la 35e heure et une réduction des cotisations sociales sur ces heures supplémentaires».

Le témoignage de Thomas Fischer, directeur général de Still France

«Il ne faut pas enfermer les entreprises dans un cadre trop strict»
«La conjoncture économique de notre secteur est plutôt positive et, à la différence des élections de 2002, je ne ressens pas d'attentisme lié à la présidentielle chez nos clients.» Tel est le premier constat de Thomas Fischer, directeur général de Still France, fabricant de chariots élévateurs. Néanmoins, pour ce cadre dirigeant allemand résidant en France, «il est important de revoir le calcul du temps de travail hebdomadaire. Mais je crains que les salariés français ne soient pas prêts à redéfinir leurs acquis dans ce domaine». Et Thomas Fischer d'évoquer un accord européen fixant à 38,5 heures le temps de travail dans les usines de son groupe. «Les salariés français l'ont pris comme une injustice. D'ailleurs, les fonctions commerciales de l'usine française sont encore aux 35 heures!» En Allemagne, en revanche, l'heure est à l'augmentation du temps de travail, parfois même sans hausse de salaires afin d'éviter les licenciements. «Il«Il est important que les candidats à la présidence de la République permettent aux entreprises d'agir selon leur situation économique, sans les enfermer dans un cadre trop strict», suggère Thomas Fischer.

L'analyse des experts

Dans l'enquête réalisée auprès d'entreprises industrielles, en novembre 2006, par Opinion Way, société spécialisée dans les études d'opinion, la révision des 35 heures apparaissait comme l'un des trois enjeux majeurs pour l'industrie française, devant l'allégement de la fiscalité des entreprises et celui du coût du travail. 73% des entreprises sondées souhaitaient, en effet, abroger ce dispositif. «La proposition de Nicolas Sarkozy - travailler plus pour gagner plus - est un moyen de contourner les 35 heures et de revaloriser, par là même, le pouvoir d'achat des Français», analyse Jean-Pierre Boisivon, délégué général de l'Institut de l'entreprise, association composée de 120 grands groupes français réfléchissant sur des questions économiques, sociales et sociétales. Mais ces fameuses heures supplémentaires concernent les «petits salaires» (moins de 1 500 euros), et non les cadres. C'est la raison pour laquelle Bernard Van Craeynest, président de la confédération générale des cadres (CFE-CGC), n'adhère pas à la proposition de Nicolas Sarkozy, estimant qu'elle ne concerne pas les cadres souvent «payés au forfait jour» et «ne pouvant toucher aucune heure supplémentaire». Selon Jean-Pierre Gauthier, directeur de recherche chez ASG Stratégie et Gouvernance, institut de recherche et de formation sur le temps de travail, «l'exonération en elle-même n'aura pas d'impact sur l'organisation du travail si la question du contingent Le contingent: nombre d'heures supplémentaires qu'un employeur peut obliger un salarié à taire au cours d'une année, dans le cadre de son contrat de travail. Fixé par l'Etat, le contingent est aujourd'hui de 180 heures par an. d'heures supplémentaires par an n'est pas abordée». Et l'expert de poursuivre: «Quand le candidat de l'UMP insiste sur l'importance de pouvoir travailler plus pour gagner plus, il ne chiffre pas ce «plus» et ne dit pas non plus de qui émane la décision de travailler plus, l'employeur ou le salarié?» Ce dernier est obligé d'effectuer des heures supplémentaires si son patron le lui demande, ce qui ne modifie en rien le fonctionnement actuel. Mais s'il en fait lui-même la demande, il s'ensuivra une modification du droit du travail. «Il faudrait donc augmenter le contingent d'heures supplémentaires, insiste Jean-Pierre Gauthier, car seul un déplafonnement du contingent pourrait, de fait, supprimer les 35 heures comme durée hebdomadaire même si la durée légale resterait, elle, inchangée.»

«Il faut donner plus de liberté pour négocier des heures supplémentaires.»

Les DCF (dirigeants commerciaux de France), de leur côté, aspirent à une «réforme simple». «Laissons la liberté à l'entreprise et au salarié de décider ce qui est. bon pour eux, sans intervention de l'Etat. Si le collaborateur désire faire des heures supplémentaires afin d'être mieux rémunéré et si l'entreprise en a besoin, où est la difficulté?», se demande Jean-Marie Epaillard, président national des DCF. Concernant la prise de position de Ségolène Royal sur le sujet, «l'essentiel de son propos sur les 35 heures réside dans le terme de «diagnostic» qui sous-entend bien qu'il existe un problème qui n'a, pour l'heure, pas encore été clairement identifié», analyse Jean-Pierre Gauthier (ASG Stratégie et Gouvernance). Pour cet expert, le champ du diagnostic semble large puisque la candidate parle aussi bien du coût des 35 heures (pour l'entreprise) que de la pénibilité (pour le salarié). «Sa référence à la négociation de branche est plus ambiguë, estime-t-il. On voit mal ce que les branches pourraient négocier de plus que ce qu'elles ont déjà fait. A moins qu'il ne s'agisse de permettre aux partenaires sociaux de négocier des assouplissements et des adaptations sectorielles.» Et l'expert de rappeler que les lois Aubry sur les 35 heures ont précisément été imposées à toutes les entreprises car les branches n'avaient jusqu'alors rien négocié sur le sujet: «En somme, Ségolène Royal souhaite à la fois critiquer les 35 heures et les maintenir. Ce serait, surprenant que la gauche revienne sur un tel acquis!»

Ce que proposent les autres candidats

- Jean-Marie Le Pen (FN): abroger la loi sur les 35 heures et renégocier branche par branche la durée et la modalité du temps de travail. (source: «Programme de gouvernement de Jean-Marie Le Pen»).
- Philippe de Villiers (MPF): donner la priorité au pouvoir d'achat pour permettre aux Français de travailler autant qu'ils le souhaitent. Cela passe par une abrogation des 35 heures, (source: «Cinq ans pour remettre la France en ordre. Les 100 premières mesures de Philippe de Villiers»).
- Marie-George Buffet (PCF): Réformer les lois Aubry pour que les 35 heures, dans la perspective de l'abaissement ultérieur à 32 heures, soient un droit pour tous et créent des emplois, (source: «Pour une autre politique à gauche, programme du PCF»).
- Olivier Besancenot (LCR): réduire le temps de travail sans perte de salaire, sans flexibilité et avec les embauches correspondantes, à 32 heures hebdomadaires tout de suite pour toutes les entreprises et à 30 heures très rapidement, (source: «Projet LCR 2007»)

2 Emploi & formation

Emploi des jeunes. Selon l'ANPE, 22% des moins de 25 ans sont au chômage. Pour donner aux jeunes les moyens d'entrer pins facilement sur le marché de l'emploi, Nicolas Sarkozy (UMP) a proposé, en décembre, lors d'une réunion publique à Angers, «un contrat d'autonomie avec l'Etat». Ce contrat leur permettait de «bénéficier d'un prêt à taux zéro pour financer leurs études ou d'une rémunération et d'un accompagnement pour chercher un emploi. Emprunt que le jeune pourra rembourser dès qu'il aura stabilisé sa situation dans un emploi durable et correctement rémunéré».

«Je propose un CDI universel à droits progressifs.»

De son côté, la candidate socialiste, Ségolène Royal, a déclaré, le 11 février, à Villepinte: «Aucun jeune, diplômé ou qualifié, ne doit rester au chômage plus de six mois, sans qu'une formation ou un contrat ne lui soit proposé - c'est un droit pour lui et un devoir pour nous. Tout jeune doit pouvoir bénéficier d'une possibilité d'insertion. Je propose, à cet effet, de généraliser les bourses et les emplois tremplins que les régions ont mis en place, avec un objectif de 500 000 emplois tremplins.» Enfin, pour François Bayrou (UDF), il faut arrêter de multiplier les contrats. «Je propose donc un CDI universel à droits progressifs. Et, pour les jeunes sans qualification, je propose un contrat de travail et déformation professionnelle, avec une prise en charge par les pouvoirs publics de la part du salaire consacrée à la formation.»

L'analyse des experts

«Le contrat d'autonomie pour les moins de 25 ans proposé par Nicolas Sarkozy engendrera des coûts supplémentaires et un renforcement de l'assistanat, assure, sceptique, Jacques Inizan, consultant en management au sein du cabinet Managelia et enseignant associé à l'université de Tours. Je crains qu'il ne profite finalement qu'à ceux qui en ont le moins besoin et qui, de toute manière, auraient accédé à l'emploi.» Face aux propositions de la candidate du PS, et notamment au système de bourses qu'il appelle lui-même de ses voeux, il suggère de «mettre en place un système récompensant. les plus méritants.» Pour Bernard Van Craeynest, président de la CFE-CGC, il faut «agir très en amont. Trop de personnes s'engagent dans des filières qui sont des voies sans issue». Le syndicat des cadres suggère donc aux candidats de mettre en place un «passeport d'orientation dès le collège». Ce n'est pas tout, il estime nécessaire de «relancer l'apprentissage» et propose de généraliser le «contrat de transition professionnelle».

Formation professionnelle

Le candidat de l'UMP, Nicolas Sarkozy, propose un «compte épargne-formation individuelle». Il a déclaré qu'il comptait, avec les partenaires sociaux, «réviser l'organisation de la formation professionnelle». «Aujourd'hui, la formation professionnelle bénéficie majoritairement à ceux qui sont déjà qualifiés et elle est notoirement insuffisante pour permettre à ceux qui ne le sont pas d'acquérir une qualification, a-t-il déclaré dans son discours à l'Université d'été des jeunes populaires UMP de Marseille, le 1er septembre 2006. C'est évidemment l'inverse qui devrait prévaloir.» Pour cela, il propose «la création, pour chaque Français, d'un compte épargne-formation individuel rechargeable au fur et à mesure de la vie professionnelle».

Bernard Van Craeynest, président de la CFE-CGC

«Il faut agir très en amont. Trop de jeunes s'engagent dans des filières qui sont des voies sans issue.»

Ségolène Royal, candidate socialiste propose, de son côté, un «capital individuel de formation». Son objectif? Favoriser l'employabilité de tous, tout au long de la vie. Dans son pacte présidentiel, elle parle de «droits attachés à la personne et transférables d'un emploi à l'autre: la mobilité professionnelle choisie doit être encouragée, car elle permet d'anticiper un risque de rupture du contrat de travail en cours. Le salarié doit, pour cela, conserver ses droits acquis, notamment ses droits à la formation, lorsqu'il fait le choix de la mobilité».

Quant à François Bayrou, il propose, dans son programme de «social-économie», «un compte épargne-formation pour tous les salariés, ouvert à tout moment, jusqu'à 12 mois de temps disponible, pour la réalisation d'un projet personnel, sans perte de salaire».

L'analyse des experts

Selon Jacques Inizan, consultant en management au sein du cabinet Managelia, «on ne peut que se réjouir d'entendre de telles propositions. Dans un univers aussi concurrentiel que la vente, le commercial est hélas limité dans sa liberté d'évolution, notamment en raison de la clause de non-concurrence. Il faut lui permettre d'accéder à de nouveaux champs d'expression professionnelle via des accès à la formation tout au long de sa carrière». Pour Jean Wemaëre, président de la Fédération de la formation professionnelle (FFP), «le compte épargne-formation prendra tout son intérêt dès lors qu'on facilitera l'accès à la formation à travers, par exemple, un système de chèque formation. La loi de 2004 a d'ailleurs prévu la création de ce système de chèque mais le décret d'application n'est toujours pas paru, ce que nous regrettons». Selon lui, «il faut donner une seconde chance à ceux qui sont sortis du système de formation initiale sans qualification. Il appartient aux partenaires sociaux de négocier un tel dispositif.»

Jean Wemaëre, président de la Fédération de la formation professionnelle (FFP)

«Le transfert des droits d'une entreprise à l'autre, pourquoi pas, mais qui va payer?»

Evoquant la proposition de Ségolène Royal et, notamment, le transfert des droits d'une entreprise à l'autre, il déclare: «La FFP est favorable à ce principe, mais il faut trouver un moyen pour l'organiser. Ce n'est pas simple et cela a un coût. Qui va payer? Doit-on envisager une contribution de l'Etat, la création d'une bourse?»

3 Contrat de travail

S'agissant du CNE, le contrat nouvelle embauche qui permet à l'employeur de rompre le contrat de travail sans préciser le motif de licenciement pendant une durée de deux années, Nicolas Sarkozy (UMP) ne prévoit pas son extension, comme l'explique Xavier Bertrand, porte-parole du candidat UMP, dans La Tribune, datée du 29 janvier: «Le CNE a montré que l'assouplissement de notre droit du travail permettait de libérer les embauches, mais il a aussi des défauts, comme l'absence de la motivation de rupture du contrat et une période d'essai beaucoup trop longue. Notre intention n'est donc pas de le généraliser.» Nicolas Sarkozy prévoit, par ailleurs, de supprimer le contrat à durée déterminée (CDD) pour le remplacer par un «contrat unique à durée indéterminée» (CDI) évolutif. De son côté, la candidate du PS, Ségolène Royal, plaide pour la suppression du CNE. «Ce contrat sera abrogé, parce que la période d'essai en vigueur aujourd'hui pour les CDI est suffisante. Le CDI doit devenir la référence du contrat de travail.» Ce n'est pas tout. Pour encourager les sociétés dans ce sens, la candidate propose dans son pacte présidentiel que «les entreprises qui utiliseront massivement des CDI bénéficient d'un bonus sur les cotisations sociales». François Bayrou (UDF) a, de son côté, déclaré: «Je suis favorable à un contrat de travail «universel» à durée indéterminée et à «droits progressifs». Le CDI doit rester le contrat de droit commun. Mais, par ailleurs, il faut garder différents types de contrats correspondant à des situations économiques différentes.»

Jean-Marie Epaillard, président national des DCF

«Le peu attrayant CNE ne risque pas de donner aux salariés l'envie de partager l'aventure d'une PME.»

L'analyse des experts

Soixante-cinq pour cent des entreprises interrogées dans le cadre de l'enquête OpinionWay de novembre 2006 se sont prononcées pour une extension du CNE à toutes les sociétés. Néanmoins les avis sont très divergents... Pour Jean-Marie Epaillard, président national des DCF, «ce n'est pas en offrant un contrat aussi peu attrayant que le CNE que l'on va donner aux salariés l'envie de partager l'aventure d'une PME. Or, le baromètre DCF 2007 de la fonction commerciale, dont les résultats seront publiés prochainement, confirme que les besoins de recrutement les plus importants se situent dans les petites structures. Proposons donc plus et mieux pour attirer les talents dans les PME». Jacques Inizan, lui, défend le CNE, comme le fait timidement Nicolas Sarkozy: «De nombreux emplois ne sont pas pourvus parce que les employeurs craignent de se voir confrontés à l'impossibilité de licencier un collaborateur incompétent.» Pour lui, le CNE apporte aux entreprises la flexibilité dont elles ont besoin. «Il est évident, poursuit le consultant en ressources humaines, que Ségolène Royal s'inscrit dans une volonté de consolider les situations qui rigidifient les rapports entre employeurs et salariés.» S'agissant du contrat unique proposé par Nicolas Sarkozy, Bernard Van Craeynest, président de la CFE-CGC, déclare: «C'est un «slogan» dont on ne mesure pas le contenu. Si le contrat unique revient à aller vers le CDI pour tous, pourquoi pas! Mais il faut aussi tenir compte qu'il y a une vraie diversité des types d'emplois.» Pour Jean-Pierre Boisivon, délégué général de l'lnstitut de l'Entreprise, «le CDI actuel pousse les entreprises à se tourner vers des CDD ou des contrats d'intérim». Il suggère donc «un CDI qui énonce dès le départ les différentes raisons de sa rupture et les indemnités de départ qui pourront être versées dans ce cas-là. Ce nouveau contrat doit s'accompagner d'une protection du salarié qui a perdu son emploi».

Ce que proposent les autres candidats

- Marie-George Buffet (PCF): Faire du CDI la norme d'emploi pour tous et progressivement le sécuriser. Abroger le CNE et le contrat senior. La loi fixera un plafond maximum, par entreprise, de recours à l'emploi précaire, soit 5% de l'effectif total. (source: «Pour une autre politique à gauche, programme du PCF»).
- Olivier Besancenot (LCR): Instaurer un CDI stable et à temps plein comme un unique contrat de travail, (source: «Projet LCR 2007»)
- Dominique Voynet (Verts): Etablir une prime salariale pour les premières heures des contrats à temps partiel afin d'inciter les employeurs à signer des contrats d'au moins vingt heures, (source: «Projet Verts 2007»)

Et si les candidats étaient des commerciaux?

Imaginons la France à l'échelle d'une direction commerciale: Ségolène Royal y occuperait les fonctions d'un commercial «éleveur», professionnel de la fidélisation; Nicolas Sarkozy appartiendrait à l'équipe des «chasseurs» et François Bayrou se situerait dans la phase de préparation des réponses aux appels d'offres. C'est du moins la vision de deux experts de la fonction commerciale que nous avons interrogés. «Dans son discours, Ségolène Royal insiste sur l'empathie. Elle joue sur le terrain de l'émotion, prônant l'écoute active et la prise en compte des besoins avant de bâtir son offre», analyse Gérard Baillard, président de Mercuri International France, cabinet conseil en développement commercial, pour qui le danger est alors de générer une énorme attente du client: si l'offre n'est pas à la hauteur, la déception est garantie et le discrédit assuré pour le vendeur. Une attitude propre à la vente relationnelle, selon Lionel Bellanger, maître de conférence à HEC: «Elle joue la carte de la séduction avec beaucoup de fermeté. Elle ne cherche pas tant à détailler ce qu'elle propose qu'à convaincre les acheteurs de lui faire confiance.» Le risque de ce type de vente? «La synthèse est difficile à réaliser. Elle souffrira en situation très concurrentielle», renchérit Gérard Baillard. Quant à Nicolas Sarkozy, il est, selon les experts, un commercial de type «offensif». «Son discours argumenté, ses prises de positions affirmées et son talent d'orateur donnent le sentiment d'une parfaite maîtrise de son offre, analyse Gérard Baillard, un processus efficace qui peut irriter certains électeurs mais qui demeure plutôt rassurant». Quand Ségolène Royal agit en solitaire, le commercial Sarkozy travaille en mode projet, s'appuyant sur les compétences qui l'entourent. «Pour lui, ce qui compte, c'est de décrocher le contrat lia un souci absolu de convaincre».
La limite de ce type d'approche? «Il a tendance à trop en faire», reconnaît Lionel Bellanger.
Et Gérard Baillard de poursuivre: «Ses ennemis sont à l'affût de la moindre erreur». François Bayrou, quant à lui, est l'image même du négociateur. «Il a tous les atouts du vendeur consensuel dont l'honnêteté est le meilleur argument», analyse Lionel Bellanger qui déplore néanmoins son incapacité à faire rêver son «client». Son leitmotiv? «Eviter les conflits et rassurer par des prises de positions médianes qui réunissent. Le risque? «Intéresser les clients» sans pour autant les rendre moins hésitants», conclut l'expert.

4 Rémunération

Ségolène Royal s'est engagée, dans son pacte présidentiel, à porter le Smic à 1 500 euros par mois, «au plus tard d'ici 2012». La candidate socialiste a ajouté, «qu'une conférence nationale (qui deviendra annuelle, ndlr) sur les salaires, les revenus et la croissance serait organisée dès juin 2007, afin de tirer vers le haut tous les salaires.» Nicolas Sarkozy a, de son côté, déclaré «qu'il faut s'attaquer à l'écrasement des grilles salariales et faire un effort sur l'ensemble des salaires, tout en conservant le Smic.»

L'avis de Paul-Antoine Tual, directeur général de AcFed Entreprise, société de conseil en ressources humaines

«Généraliser l'actionnariat serait un plus pour l'économie française»
«Toutes les mesures politiques visant à faciliter l'actionnariat dans son ensemble apportent un plus au développement économique d'un pays. Non seulement en termes d'innovation mais aussi en termes d'implication et de productivité des collaborateurs», assure Paul-Antoine Tual. Selon lui, l'actionnariat, et notamment les plans d'options (stocks-options), reste de loin la plus efficace des solutions de motivation à long terme. Il permet, en effet, de fidéliser les collaborateurs. «L'actionnariat leur apporte un retour sur investissement et leur donne davantage le sentiment d'avoir l'avenir de l'entreprise entre leurs mains. Il réduit également l'opposition entre la rémunération du travail et celle du capital de la société en modifiant la proportion d'actionnaires passifs. La généralisation et l'assouplissement des plans d'options ou d'actionnariat vont dans le sens du développement des PME.»

Autre sujet directement lié à la rémunération: les stocks-options. Plus confidentiel certes, mais néanmoins abordé par les candidats: «Je propose que les plans de stock-options, lorsqu'une entreprise y a recours, concernent obligatoirement l'ensemble des salariés», assure Nicolas Sarkozy. Si Ségolène Royal ne s'est pas exprimée sur ce sujet dans son pacte présidentiel, François Hollande l'a, en revanche, abordé dans une interview accordée au quotidien Le Monde, le 18 décembre 2006, soulignant qu'empêcher les stock-options était difficile, mais les dissuader serait sans doute possible. «Nous rendrons obligatoire la publication dans les groupes cotés d'un rapport qui fixera une fourchette entre les plus basses et les plus hautes rémunérations, stock-options comprises. Des pénalités seront prévues en cas de non-respect de l'obligation de publication de ce rapport.» Pour le candidat de l'UDF, François Bayrou: «Pas d'augmentation brutale du Smic, hausse qui aurait des effets d'exclusion sur les emplois peu qualifiés.»

«Les entreprises qui utiliseront massivement des CDI bénéficieront d'un bonus sur les cotisations sociales.»

L'analyse des experts

A propos de la hausse du Smic, 52% des entreprises françaises se sont prononcées en faveur de cette mesure. C'est ce qu'a révélé l'enquête Opinion-Way effectuée en novembre 2006. Mais elle ne fait guère l'unanimité chez les experts interrogés. «La revalorisation du Smic, telle que la propose Ségolène Royal, ne serait pas positive pour les cadres et les entreprises en général, lâche Bernard Van Craeynest, président du syndicat des cadres, la CFE-CGC. Le problème majeur est d'élargir l'éventail des salaires. Sans compter qu'il y a trop de cadres dont la rémunération est inférieure au plafond de la Sécurité sociale. Cette mesure dévaloriserait la reconnaissance de leur travail. Et elle devra s'accompagner de l'instauration d'un Smip (Salaire minimum interprofessionnel plancher) et d'un salaire minimum de base de référence «Cadres».» Jean-Pierre Boisivon, délégué général de l'lnstitut de l'entreprise, va plus loin. Pour lui, «une augmentation brutale du Smic sur une courte période serait destructeur d'emplois non-qualifiés».

Ce que proposent les autres candidats

- Olivier Besancenot (LCR): Relever le Smic à 1 500 euros nets mensuels, soumis à l'ensemble des cotisations sociales sur les salaires, (source: «Projet LCR 2007»)
- Marie-George Buffet (PCF): Mettre le Smic à 1 500 euros bruts par mois tout de suite pour 35 heures. (source: «Projet PCF 2007»)

 
Je m'abonne

Isabelle de Chauliac, Anne-Françoise Rabaud

NEWSLETTER | Abonnez-vous pour recevoir nos meilleurs articles

Retour haut de page