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Intérêt et limites…de l'e-learning 2/4

Publié par La rédaction le

Très souple dans son mode d’utilisation, l’e-learning affiche de beaux atouts. Attention, cependant, à ne pas verser dans un emploi intégriste. Même les acteurs de l’e-learning s’en gardent bien.

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Si vous avez eu l’occasion de vous promener dans les allées du salon e-learn Expo, qui s’est tenu à Paris les 22 et 23 février derniers, il n’a pas pu vous échapper que l’on y parlait autant, sinon plus, l’anglais que le français, et que certains exposants n’avaient même pas pris la peine de traduire leurs plaquettes dans la langue de Molière. Par ces simples observations, on mesure assez bien l’état balbutiant du marché de l’e-learning en France. “ Nous n’en sommes qu’à l’âge de pierre ”, s’exclame Michèle Guérin, p-dg d’Onlineformapro, portail de formation professionnelle. Sally-Ann Moor, présidente d’e-learn Expo illustre, non sans une certaine pointe d’humour, l’état de l’e-learning en France : “ L’e-learning, c’est comme le sexe chez les jeunes adolescents : tout le monde croit qu’il faut le faire pour devenir grand, tout le monde croit que l’autre l’a fait, mais en réalité, très peu sont passés à l’acte, et ceux qui l’ont fait espèrent que ce sera mieux la prochaine fois. ” Si nous n’avons pas, en France, de recul sur l’e-learning, en revanche les expériences devraient, selon l’avis de l’ensemble des professionnels de la formation, se multiplier dans les deux prochaines années. À l’instar de ce qui s’est passé à la fin des années 90 aux États-Unis et au Canada, l’e-learning devrait révolutionner le marché européen, et français, de la formation. Révolutionner ou, plus exactement, faire évoluer. Car, là aussi, la plupart des acteurs de la formation s’accordent sur le fait que les traditionnels cours réunissant un groupe de stagiaires autour d’un animateur devraient, dans les trois prochaines années, conserver une place de choix pour représenter entre 70 et 85 % du budget total de formation. Par déduction, la formation via les nouvelles technologies (Internet, intranet et CD-Rom) devrait alors peser entre 15 et 30 % du marché. “ Si peu ? ”, est-on tenté de dire. C’est que, si la formation à distance a des atouts, elle a aussi ses limites. Du sur mesure Ses atouts d’abord. Le premier : une réelle souplesse d’utilisation. “ La formation à distance est parfaitement adaptée à des populations éparpillées sur le territoire, itiné-rantes, et pour lesquelles il est dif-ficile de dégager du temps consacré à la formation ”, explique Bruno Ressort, responsable du dévelop-pement e-learning au département “conseil et formation” de la Cegos. Difficile, dans cette description, de ne pas reconnaître les commerciaux. Cette souplesse d’utilisation, France Télécom, Schneider Électrique et d’autres pionniers présents dans l’Hexagone l’ont, d’ores et déjà, testée. Certains voient dans la formation à distance via les nouvelles technologies un autre avantage : parfois, le temps de formation est décalé en soirée, après la journée de travail… Il semble que toutes les entreprises ne s’en plaignent pas. Autre intérêt de la formation à distance : “ La possibilité d’offrir aux stagiaires une formation en continu, autrement dit une constance dans les acquis ”, note Séverine Lacan, p-dg d’Activ’learning. Et puis, on n’aurait pas tout dit si on ne parlait pas de la possibilité qu’offre la formation à distance de faire du sur mesure. D’évaluer en amont les compétences du collaborateur, de déceler ses points faibles et de lui proposer un parcours individuel et adapté, du moins si on ne se contente pas des produits de formation “sur étagère”, hyper standardisés. Ce caractère très individuel de l’e-learning constitue à la fois une force et une faiblesse. “ La formation a d’autres finalités que celle de former. Se retrouver en groupe, c’est aussi l’occasion de se remotiver, de faire du coaching, de développer le sentiment d’appartenance à la société… ”, assure Claude Lépineux, responsable de Demos Interactive Training. “ À chaque situation correspond un type de formation. Il ne faut pas bouder les brochures papier, les fichiers Powerpoint… ne pas verser dans l’intégrisme multimédia. ” Une solution parmi d’autres Face à la montée en puissance de l’e-learning, il est donc conseillé, d’un côté d’être en veille, et de l’autre, de raison garder. “L’e-learning, loin de cannibaliser les formules de formation existantes, va effectivement contribuer à l’évolution de ce marché en apportant une réponse complémentaire à de nouvelles logiques de besoins. Néanmoins, l’e-learning restera une solution parmi d’autres”, écrit à ce sujet Jacques Coquerel, pré-sident de la Cegos dans la préface du livre de Sandra Bellier, Le e-learning. Pour être dans le coup, ne parlez donc plus d’e-learning – vous passeriez pour un avant-gardiste dépassé – mais de “mix formation”. Par mix formation, on entend association de formations à distance via Internet, intranet ou CD-Rom et de cours collectifs traditionnels en salle. À ce sujet, Jean Lepeltier, p-dg d’Envol5, société spécialisée dans l’e-learning à l’attention des populations commerciales et marketing, met en garde : “ Attention aux dissonances entre le contenu on line et les cours en présentiel. ” Toujours pour être dans le coup, parlez de formation “tutorée”. Aucune société évoluant sur le marché de l’e-learning digne de ce nom ne se contente plus de proposer uniquement ducontenu. Le tutorat, qui peut prendre différentes formes, est désormais considéré comme l’un des éléments déterminants du succès de la solution. Des stagiaires autonomes Et le commercial dans tout ça ? “ Aujourd’hui, un nouveau dossier arrive chaque jour sur mon bureau, et les commerciaux sont bien souvent au cœur du projet d’e-learning ”, observe Bruno Ressort. “ C’est un public mûr pour l’e-learning ”, constate, de son côté, Claude Lépineux. Il voit plusieurs raisons à cela : “ Les commerciaux sont curieux de nature et, par conséquent, prêts à se frotter à tout ce qui a trait aux nouvelles technologies. Par ailleurs, ils sont éparpillés sur le territoire, nomades et de plus en plus informatisés. ” Si cette population apparaît, dans son ensemble, assez bien préparée à se former via les nouvelles technologies, et si son mode de fonctionnement se prête plutôt bien au jeu de la formation à distance, vous avez toutefois intérêt à valider en amont un certain nombre d’éléments. À vous assurer que “vos commerciaux à vous” sont bien prêts à passer d’une formation classique de type présentielle à une formation à distance. “Sans un certain niveau d’autonomie, l’e-learning risque de ne pas fonctionner”, observe ainsi Sandra Bellier dans son ouvrage. La formation à distance suppose en effet que les stagiaires sachent organiser leur apprentissage et soutenir leurs efforts sans qu’il y ait nécessairement quelqu’un derrière eux. Si vous avez des doutes, sachez qu’apprendre seul s’apprend, à con-dition toutefois d’avoir suffisamment de temps devant soi. Le temps est d’ailleurs l’une des clefs de la mise en place d’une solution e-learning. Le temps pour communiquer : “ L’entreprise doit savoir bien communiquer en interne sur le projet ”, conseille Valérie Morel, directrice associée de Bestformation.com, site spécialisé dans les formations au management et à la fonction commerciale. Le temps pour essayer : “ Faites un ballon d’essai avec un ou plusieurs services avant d’étendre l’expérience à toute l’entreprise, allez-y brique par brique ”, conseille, de son côté, Michèle Guérin. Et enfin, le temps pour mobiliser autour du projet l’ensemble des collaborateurs concernés : la direction des ressources humaines ou de la for-mation, la direction générale, les directions opérationnelles – vous – ainsi que les futurs bénéficiaires du projet, sans oublier le service informatique pour les aspects techniques. Le choix technologique Car, si la colonne vertébrale de l’e-learning consiste en un parcours pédagogique, il est difficile d’en occulter le caractère technologique, qu’il s’agisse de CD-Rom, d’un intranet ou d’Internet. Le CD-Rom offre l’avantage de transmettre aisément de la vidéo, d’être fiable, très facilement transportable et d’un coût moins élevé que les autres supports. En revanche, il pose un réel problème de mise à jour des informations. La solution intranet conviendra parfaitement aux sociétés de grande envergure, et plus encore à celles qui sont implantées à l’international. Selon son équi-pement, l’entreprise pourra choisir d’héberger la plate-forme de formation sur son propre réseau ou bien de la faire héberger à l’extérieur (mode ASP). Internet offre, pour sa part, une très large palette de solutions, allant du libre accès à un site de formations aux langues ou à la bureautique par exemple, à l’accès à une plate-forme aux couleurs de l’entreprise, dont le contenu a été élaboré spécifiquement pour répondre aux besoins de vos collaborateurs, avec, en prime, la possibilité, pour la DRH ou les directions opérationnelles, de suivre le parcours de formation de chacun, le temps de connexion, les scores, etc. Le critère technologique occupe une place importante dans tout projet d’e-learning, un facteur qu’il convient d’intégrer dès le début de la réflexion. Toutefois, il ne doit pas prendre le pas sur l’aspect pédagogique. Le contenu de la formation, la nature des programmes doivent demeurer au cœur du projet. “ Ne vous laissez pas impressionner par la technique. Trouvez le bon contact, le professionnel qui saura vous écouter, vous comprendre et vous conseiller ”, résume Sally-Ann Moor. Et lancez-vous de façon mesurée mais sans crainte, pourrait-on ajouter.

Sally-Ann Moor, présidente du salon e-learn Expo La première édition du salon e-learn Expo s’est tenue fin février à Paris. Comment cela s’est-il déroulé ? Bien, très bien même. Nous avons eu l’idée de ce salon en septembre, soit cinq mois seulement avant son ouverture. Au final, nous avions 80 exposants, contre 29 pour le salon de Londres qui se tenait la semaine précédente (On line learning). Côté visiteurs aussi, nous avons eu de bonnes surprises : nous attendions 3 000 personnes, finalement nous en avons eu 4 800 sur les deux jours. Quelles questions, quelles préoccupations étaient dans l’air du temps ? Les visiteurs, qu’ils aient ou non engagé une réflexion autour de l’e-learning, ont de nombreuses interrogations sur ce qui marchera demain en Europe, en matière d’e-learning. Ils se demandent, par exemple, quels acteurs seront là, demain, avec des solutions intéressantes, et justement quelles solutions et quelles techniques seront les plus probantes. Dans les couloirs et dans les conférences, on parlait également du taux d’abandon élevé des stagiaires en cours de parcours (50 % minimum), des promesses faites par l’e-learning – tenues ou pas – et des moyens de mesurer le succès d’un parcours. Comment pensez-vous que l’e-learning va évoluer à court et moyen terme ? Les portails de formation sur lesquels on trouve aussi bien des modules génériques que des modules taillés sur mesure pour répondre aux spécificités d’une entreprise – de type e-performance training.com (Demos) ou cegos-elearning.com (Cegos) – devraient séduire de plus en plus d’entre-prises françaises. Quel avenir voyez-vous pour l’e-learning et la fonction commerciale ? Si j’étais chef d’en-treprise et que j’en-visageais d’investir dans une solution e-learning, je com-mencerais par la fonction commerciale, parce que le retour sur investissement y est à coup sûr le plus important. Je travaillerais en priorité sur des modules liés à la connaissance du produit, du marché, de l’environnement, de la concurrence…

 
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