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Le grand saut des SSII vers l’an 2000

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An 2000 et euro ont dopé les SSII. Le marché des services va-t-il retomber comme un soufflé ? Non, affirment les spécialistes, qui voient dans le développement des solutions de CRM un véritable moteur de croissance pour le début du XXIe siècle.

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Que ferez-vous dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier ? Irez-vous voir Jean-Michel Jarre en concert aux pyramides d’Égypte, surferez-vous sur les fuseaux horaires en Concorde ou bien vous contenterez-vous d’un simple réveillon en famille ? La plupart des informaticiens ont déjà la réponse : ils seront devant leurs écrans pour permettre à leurs ordinateurs de faire le grand saut vers l’an 2000 et éviter que celui-ci ne se transforme en un grand plongeon dans une apocalypse binaire. Mais les SSII n’ont pas attendu. Depuis trois ans déjà, elles sont mobilisées, pour leur plus grand bénéfice : le “marché de l’an 2000” (bogue et passage à l’euro) a tiré leur croissance vers des sommets. Ainsi, aujourd’hui, les sociétés des technologies de l’information, sur un marché plutôt concentré (26 SSII se partagent la moitié du gâteau), représentent environ 5 % du PIB français (130 MdF de CA), plus que les secteurs de l’automobile et de l’énergie réunis ! Et on estime qu’entre 10 et 20 % du chiffre d’affaires des SSII en 1999 provient du seul “marché de l’an 2000”. Du coup, tout le monde s’interroge : va-t-on assister après le 1er janvier à un effondrement du marché et devoir licencier aussi massivement que l’on a recruté (20 000 emplois supplémentaires en un an) ? À cette question, les spécialistes font une réponse de normand. Au Syntec, la chambre syndicale des SSII, on a imaginé deux scénarios possibles. “Le premier, c’est le scénario catastrophe, explique Pierre Dellis, délégué général du Syntec. Janvier ne se passe pas très bien, il y a encore beaucoup de mises au point à faire et cela crée des tensions entre clients et fournisseurs. Le marché connaît donc un flottement et la croissance n’est pas très forte.” La sérénité affichée des SSII Une hypothèse à laquelle les SSII ne veulent toutefois pas croire, préférant voir l’avenir en rose : “Il n’y a pas de gros problèmes en janvier 2000 et rapidement, les entreprises se lancent dans de nouveaux projets. Dans ce scénario, les carnets de commande sont remplis de solutions customer relationship management, entreprise ressource planning, etc. et on aura une croissance du même ordre qu’en 1999, c’est-à-dire environ 18 %.” Si beaucoup d’acteurs affichent une belle sérénité, c’est aussi pour d’autres raisons. L’an 2000 ayant mobilisé de nombreuses ressources, les projets de recherche et développement ont pris du retard. Un retard qu’il faudra bien rattraper et qui devrait donc doper les SSII. D’autant qu’un autre marché, aussi volumineux que celui de l’an 2000, va s’ouvrir en janvier, lié au passage aux 35 heures. “Les entreprises vont nous demander d’automatiser un certain nombre de fonctions, affirme Pierre Dellis, car elles voudront faire des économies sur la main d’œuvre.” Bogue ou pas, les SSII semblent donc avoir encore de beaux jours devant elles

Repères en chiffres 131 MdF, c’est le chiffre d’affaires généré par les SSII françaises en 1999 avec une croissance de 18 %. 5 SSII – les premières sur le marché français – sont à l’origine de 25 % du chiffre d’affaires de la profession selon une étude du groupe IDC. 20 000, c’est le nombre de personnes recrutées par les SSII en 1999, soit une croissance d’environ 14 %. La plus grosse période de recrutement : mai-juin, certaines sociétés s’étant précipitées sur les jeunes diplômés à peine sortis de l’école.

“Après une année d’ef-fondrement de nos ventes liées à l’euro en 99, nous prévoyons de nouveau un boom en l’an 2000.” Alain Prudhomme, directeur de l’offre de Sopra Chez Sopra, on ne s’est pas jeté gloutonnement sur le marché de l’an 2000. La direction a en effet choisi de n’en traiter qu’une partie : “Tout ce qui était lié au bogue, on l’a laissé à d’autres”, explique Alain Prudhomme. En revanche, Sopra s’est positionnée d’emblée sur l’autre partie du marché de l’an 2000 : le passage à l’euro. La SSII a même créé un département spécial et s’est imposée comme l’un des leaders français des “euroconvertisseurs”. Mais si ce créneau a été très porteur en 1998, 1999 a constitué une très mauvaise surprise : “Nos ventes ont littéralement plongé en ce domaine en 1999 alors que nous avions eu des chantiers massifs un an plus tôt. Nous avions prévu 100 millions de CA sur ce secteur et nous en avons réalisé à peine un tiers !” Un revers qui n’inquiète toutefois pas la SSII qui recrute 1 500 personnes sur deux ans, et prévoit de réaliser un CA supérieur à 2 MdF cette année avec une croissance comprise entre 20 et 30 %. “Ce qui n’est pas si mal, commente Alain Prudhomme en connaisseur (13 ans d’expérience du secteur dans trois SSII). En effet, 1999 a été une année de transition : les entreprises ont différé leurs projets de CRM ou de e-commerce et tout devrait reprendre après le 1er janvier.” Tout comme les projets liés à l’euro : le passage officiel et définitif est prévu en l’an 2001. D’ici là, Sopra prévoit une nouvelle effervescence.

“La respiration prévisible du marché début 2000 sera rapidement compensée par les besoins en nouvelles technologies.” Yann Boyer-Chamard, directeur marketing chez GFI Informatique Nous avons proposé à nos clients une offre complète pour vérifier que leurs systèmes informatiques pourraient passer l’an 2000 sans encombre”, explique Yann Boyer-Chamard. La SSII s’est positionnée très tôt sur ce marché en mettant en place, dès 1996, une offre (du conseil et du service) sur “cette problématique qui, pour être simple dans sa cause, n’en est pas moins longue et complexe dans sa réalisation et risquée dans ses conséquences.” Aujourd’hui, le groupe affiche près de 2,4 MdF de CA, une croissance supérieure à 40 % en 1999 et annonce plus de 1 000 embauches depuis le début de l’année (sur 3 500 personnes dont environ 200 commerciaux). Des résultats flatteurs dans lesquels le marché de l’an 2000 reste assez modeste : il représentera moins de 10 % du CA de cette année, ce qui permet à la SSII de rester optimiste. Pour Yann Boyer-Chamard, “le marché devrait connaître une petite respiration début 2000 car les entreprises auront besoin de souffler pour absorber le passage au millénaire, mais dès la moitié du premier semestre, l’activité va repartir fortement.” Comme ses concurrents, il table sur un développement important de l’e-business et du CRM, et entend bien, par ailleurs, surfer sur la vague des fusions-acquisitions “inéluctables et qui vont créer des besoins en nouvelles technologies.” Le cap de l’an 2000 n’est donc pas le cap Horn : GFI entend mener son vaisseau à un rythme de croisière de 26 % de croissance par an, soit un doublement du CA d’ici 2002.

 
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F. Thibaud

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