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Les pièges à éviter pour réussir votre retour chez un ex-employeur

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Ressources humaines. Rien ne vous interdit de revenir dans votre ancienne entreprise. Loin de représenter un pas en arrière, ces allers-retours riment souvent avec progression de carrière. Mais certaines conditions doivent être réunies pour que ce come-back soit couronné de succès.

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Un petit tour et puis… revient ! Réintégrer une entreprise que l'on a quittée quelques années plus tôt n'est pas une démarche ordinaire. Certains cabinets de recrutement vont même jusqu'à déconseiller ce genre de parcours. Antoine Tual, président et fondateur d'Acfed Entreprises, groupe spécialisé dans les ressources humaines, fait partie des sceptiques : « Le directeur commercial de retour risque d'être toujours associé à ses anciennes responsabilités et sa légitimité en interne peut être sujette à controverse. Par ailleurs, est-on sûr que la raison de son départ n'est plus d'actualité ? » Visiblement, postuler dans son ancienne entreprise après avoir vécu d'autres aventures professionnelles n'est pas encore complètement entré dans les moeurs. « Cela arrive néanmoins dans les entreprises très paternalistes qui entretiennent une communauté de valeur très forte. Il y a des entreprises que l'on ne quitte jamais vraiment », observe Thierry Chavel, coach de dirigeants au sein du cabinet Alter & Coach. Mais quelles que soient les raisons de son départ, tout retour se prépare. Voici quelques règles pour que la greffe prenne.

Maintenez le contact pour faciliter le retour

Bien évidemment, la condition sine qua non pour postuler dans son ancienne entreprise est d'être parti en bons termes et non en claquant la porte. Les démissionnaires doivent avoir pris soin d'expliquer clairement les raisons de leur départ s'ils souhaitent revenir dans l'entreprise. Tel fut le cas de Vanessa Mangaud, responsable commerciale qui a effectué un aller-retour au sein de JCDecaux Airport, filiale du spécialiste de la communication extérieure JCDecaux SA : « Début 2006, j'ai présenté les raisons exactes de mon départ à Isabelle Schlumberger qui présidait JCDecaux Airport. Je partais pour un voyage humanitaire en Inde, explique-telle. Elle m'a alors encouragée et répondu que je pouvais l'appeler à mon retour. Je n'ai donc pas hésité, une fois mon aventure achevée, début 2007, à reprendre contact par email. Par ailleurs, durant mon voyage je me tenais régulièrement informée de l'évolution et de l'actualité du groupe. » Maintenir le contact est primordial. À minima, il est conseillé de tenir au courant son ancien employeur de son évolution professionnelle. Et avant même de rencontrer le responsable des ressources humaines, il est recommandé de mener une petite enquête sur ce qu'est devenue l'entreprise et sur les éventuelles modifications de l'organisation commerciale.

Mettez en avant votre valeur ajoutée

Même si ce “recrutement bis” ne s'apparente pas tout à fait à une embauche classique, il ne doit pas être sous-estimé pour autant. Le manager, parce qu'il est parti, devra d'autant plus prouver sa motivation. Sachez que le retour effectif des managers peut prendre plusieurs mois de réflexion et être ponctué par de nombreux entretiens. Réfléchissez alors aux attentes des équipes commerciales et aux nouvelles compétences que vous avez acquises pendant votre absence. « C'est toute la force d'un ancien salarié, souligne Thierry Chavel. Il connaît très bien les modes de fonctionnement et la culture de l'entreprise, mais s'est imprégné de méthodes de travail différentes, lui permettant de porter un regard affûté sur une organisation et de la faire évoluer. L'objectif, à ce stade, est donc d'apparaître plutôt comme un agent double que comme un rescapé. » Mais, pour que vous puissiez apporter une réelle valeur ajoutée à l'entreprise, vous devez disposer d'une expérience d'au minimum deux ans à l'extérieur. Essayer de ne pas retrouver exactement votre ancien poste, même si vous en gardez un bon souvenir. Votre aller-retour ne doit pas rimer avec marche arrière, mais avec progression de carrière. Comme le précise Thierry Chavel : « C'est au directeur commercial luimême d'identifier les business sur lesquels il souhaite s'investir. Il doit revenir avec un nouvel élan et une envie de se réinventer. » Et souvent, un aller-retour peut conférer au salarié revenant une nouvelle dimension. Vanessa Mangaud avait quitté son poste de responsable commerciale chez JCDecaux Airport. Lorsqu'elle réintègre l'entreprise, un nouveau poste et un défi s'offrent à elle : développer l'activité Innovate et Aéo en aéroport. « Il n'en aurait peut-être pas été ainsi si je n'étais pas partie », concède-t-elle.

Restez humble tout en imposant vos marques

La pire erreur serait de penser que vous allez retrouver l'entreprise telle que vous l'avez quittée. « Les débuts de la réintégration sont cruciaux, insiste Jean-Jacques Meyer, partner de la société de conseil en ressources humaines Bernard Julhiet Group. Le manager doit avoir une très bonne écoute et chercher à comprendre en quoi l'entreprise est aujourd'hui différente. » À votre retour, vous serez sûrement jugé par les collaborateurs qui ont continué à développer l'entreprise. Sachez être discret quant à votre parenthèse professionnelle et évitez de croire au retour de l'enfant prodigue. « Procéder à un miniaudit auprès des équipes en place permet de prendre la température et de mieux entrevoir ce qu'ils attendent de vous », propose Vanessa Mangaud. L'humilité est la condition-clé d'un retour réussi. Pas question de jouer à “monsieur je sais tout” parce qu'on a déjà une expérience dans l'entreprise. Autre pierre d'achoppement, selon Jean-Jacques Meyer : « Trouver un juste équilibre entre deux travers, celui d'être trop gentil et trop copain avec ses anciens collègues et celui de se croire le roi du monde. Les premières semaines, le manager ne devra pas essayer d'être ami avec tout le monde, prévient-il. Il est conseillé de vouvoyer les personnes nouvellement en place et de garder les marques de familiarité avec ses anciens collègues. Enfin, très rapidement, le manager de retour devra procéder à un acte de pouvoir pour imprimer sa marque. Il peut, par exemple, procéder à une réorganisation ou appliquer une sanction brutale et vive à une faute constatée. »

Ne reprenez pas vos anciennes habitudes

Par rapport à un nouveau venu, votre temps d'adaptation sera sûrement plus court, car vous connaissez déjà la maison. Mais attention de ne pas prendre des initiatives précipitées ou de faire appel à vos anciennes routines de travail. « Deux situations peuvent se présenter, explique Thierry Chavel : soit le manager est confronté tout de suite à l'opérationnel et il doit alors veiller à ne pas se mettre en pilote automatique mais garder son oeil neuf. Soit il connaît une période de flottement et a du mal à trouver ses marques ; il est alors conseillé de repartir à zéro comme s'il s'agissait d'une première prise de fonction. » L'atterrissage peut prendre plusieurs mois. N'hésitez pas à faire des mises au point régulières avec votre hiérarchie et vos équipes, afin de vérifier que vous prenez le bon cap face à cette entreprise qui a changé en votre absence. N'oubliez pas qu'il s'agit de votre deuxième recrutement et sûrement de votre dernière chance.

Serge Coulon, dirigeant de la société Dicom France, éditeur de solutions logicielles de capture et d'échange des flux « Il faut éviter de reprendre son ancien rôle »

Entré en 1997 chez Dicom France comme directeur commercial, Serge Coulon quitte l'entreprise en 2001, à la suite d'une mésentente sur la stratégie et le développement. Il poursuit sa carrière chez Kodak. « J'ai gardé d'excellents contacts avec l'équipe commerciale et la direction de Dicom, qui s'avérait être mon client principal chez Kodak. C'est pourquoi, lorsque la direction européenne me propose en 2005 de revenir, mais cette fois-ci à la direction générale, pour développer la partie logicielle, ma décision est vite prise. » Pour être en phase avec ses collaborateurs, Serge Coulon n'hésite pas à sonder l'équipe pour savoir ce qu'ils attendent de l'entreprise et de son come-back. « Le plus diffi cile a été de trouver ma place par rapport aux personnes qui étaient restées en place. Il ne s'agissait plus de me considérer comme un copain ! » Pour que la greffe prenne, le manager n'a pas prétendu tout révolutionner, mais il a apporté sa valeur ajoutée par rapport aux méthodes apprises à l'extérieur de l'entreprise. Et Serge Coulon d'ajouter : « Quand on retourne chez son ex-employeur avec une progression de carrière, il faut veiller à ne pas faire de l'ombre à la personne qui vous succède à votre ancien poste. Un an après mon retour, j'ai le sentiment de ne pas avoir terminé ma réintégration et de ne pas avoir encore pris mes nouvelles marques. »

Thibault Darsy, responsable pôle recrutement chez Ernst & Young « Il est primordial de bien préparer son retour »

Le retour chez un ex-employeur ne s'apparente pas un recrutement classique. « Tout d'abord parce que le candidat ne passe pas par les circuits et les méthodes traditionnels de recrutement, mais exprime son souhait de réintégrer son ancienne entreprise via ses ex-collègues ou son ancienne hiérarchie », observe Thibault Darsy, responsable pôle recrutement chez Ernst & Young. Néanmoins, même si le candidat connaît la “maison”, il doit nécessairement passer par la case DRH pour prouver ses motivations. « La DRH cherche à connaître les raisons profondes de cette volonté de retour et le projet professionnel possible. Et dans le cas où la personne est partie depuis plus de deux ans, il faut détailler l'expérience acquise pour que le profil de poste corresponde aux attentes de chacun. » Au candidat de mettre l'accent sur ses nouvelles compétences ! « Le collaborateur peut, par exemple, apporter de nouvelles idées. Mais attention de proposer les changements avec humilité, prévient Thibault Darsy. Il est important de vérifier que ces réflexions rentrent dans le cadre des fonctions qu'il convoite. »

 
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Par Sophie Sanchez

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