Patrick le Vaillant, directeur commercial de Veolia Environnement. Nous avons gagné les services généraux de Renault
Veolia Environnement a signé avec Renault son plus gros contrat (500 M€) pour la gestion de sites tertiaires. Une carte de visite en or pour démarcher d'autres industriels.
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>« Renault n'était pas un inconnu pour nous puisque nous assurons depuis
des années une partie de la gestion globale de ses déchets. Mais jamais je
n'aurais espéré un jour réussir à lui proposer un contrat d'une si grande
ampleur concernant la gestion de ses services généraux », confie Patrick le
Vaillant, directeur commercial de Veolia Environnement qui avoue que le
constructeur français n'était pas une cible prioritaire pour son équipe
commerciale. La raison ? Le risque de perturbations sociales que représente ce
type de prestation chez un industriel comme Renault. Et pourtant, en septembre
2005, ce sont les directeurs des achats et des services aux entreprises du
constructeur automobile qui convient à un entretien Stéphane Caine, directeur
des marchés industriels de Veolia et Patrick le Vaillant. À cette occasion, ils
leur exposent le désir de Renault de confier à un prestataire l'ensemble des
tâches annexes à leur métier de constructeur automobile, jusqu'alors géré en
interne. Un contrat qui concernerait les sites tertiaires et ingénierie de
Boulogne-Billancourt, du Plessis-Robinson, de Guyancourt et de Rueil-
Malmaison, soit le siège de l'entreprise ainsi que les centres de recherche où
sont fabriqués les prototypes. « Autrement dit, un contrat au très large
périmètre puisqu'il recouvre un parc immobilier de près d'un million de m2,
dans lequel travaillent 22 000 salariés. La mission ? Gérer les installations
électriques, le chauffage, la climatisation, le nettoyage et l'entretien des
espaces verts, assurer l'accueil des visiteurs, etc. », explique Patrick le
Vaillant. Si cette partie est déjà importante, elle ne représente pourtant que
70 % du montant du contrat. Car Renault souhaite aller plus loin en confiant à
un prestataire la gestion et la maintenance du parc automobile de ses
collaborateurs, soit 8 000 véhicules. Enfin, le constructeur souhaite également
confier toute la logistique de ses sites, couvrant l'approvisionnement en
fournitures bureautiques pour le siège et en pièces détachées pour les centres
de recherche. « Dans un premier temps, Renault nous a fourni une description
très générale de ses attentes, raconte le directeur commercial de Veolia. Mais
nous devions quand même apporter une réponse assez précise car nous savions que
le choix du prestataire allait se faire très en amont des négociations. En
effet, pour un contrat de cette envergure, Renault souhaitait d'abord en
sélectionner un avec qui il entamerait des négociations approfondies. » Dès
lors les quatre sociétés en lice (Elyo, Faceo, ISS et Veolia) ne disposent que
de trois mois pour répondre au cahier des charges. C'est pendant ce laps de
temps que Patrick Le Vaillant et son équipe – trois collaborateurs spécialisés
et un chef de projet – rencontrent à plusieurs reprises le staff du
constructeur afin de mieux cerner ses besoins. Fin décembre 2005, le dossier
est bouclé. Quelques jours plus tard, l'équipe de Patrick le Vaillant passe un
premier entretien de trois heures. « Tout l'enjeu est alors d'apporter la
preuve que nous pouvons maintenir la même qualité de service avec un coût
inférieur sans apparaître ni prétentieux, ni donneur de leçon ! se souvient
Patrick Le Vaillant. Nous avons vite compris que nous devions insister sur les
données sociales. En effet, Renault ne souhaitait pas de rupture de contrat de
travail des salariés concernés, ni de chômage pour les prestataires dont nous
prenions le relais. » À la suite de ce premier oral, la concurrence entre les
acteurs s'organise. Faceo n'est pas retenu et Elyo présente une offre commune
avec ISS. Cette alliance force dès lors Veolia à affiner son offre. Si bien que
trois semaines après, lors du deuxième oral, « nous avons insisté sur notre
capacité à gérer, en interne, près de 90 % des demandes de Renault. Ce qui
n'était pas le cas de notre concurrent qui aurait dû faire appel à des
prestataires. Nous n'avons pas hésité à mettre en avant notre expérience pour
ce type de très gros chantier en citant certaines de nos références, comme PSA
», reconnaît Patrick le Vaillant. C'est au cours de cet entretien que Veolia
expose sa stratégie sur le plan juridique et social, avec la création d'un GIE
à 50/50 avec Renault. La nouvelle société, nommée Vestalia, peut ainsi
apparaître comme le partenaire de Veolia et incorporer en son sein les salariés
de Renault sans que ceux-ci ne sortent du giron du constructeur. Un statut
juridique qui séduit ce dernier et qui permet à Veolia de rester seul en lice.
Pourtant, Renault n'hésite pas à faire à nouveau pression sur les coûts. « Nous
avons été très prudents sur les économies que nous pouvions faire réaliser à
notre client. Non pas parce que nous souhaitions engranger une marge
importante, mais tout simplement parce que notre stratégie était de maintenir
un niveau de service élevé. Il aurait été imprudent de proposer de fortes
économies et d'être incapables de maintenir un haut niveau de compétences,
insiste Patrick le Vaillant. De fait, notre offre, en termes de coût, était
moins intéressante que celle de nos concurrents. Mais en annonçant des
économies plus limitées pour Renault, nous avons montré notre sérieux et notre
connaissance de ce marché. » Déjà client de Renault, Veolia Environnement ne
pouvait pas prendre le risque de se décrédibiliser sur ce dossier, sous peine
de perdre les contrats en cours. Après avoir porté son choix sur Veolia
Environnement, Renault a tout de même exigé un projet lui permettant de
réaliser 5 % d'économies supplémentaires ! Mais au final, ce contrat
multiservice s'impose comme le plus gros que Veolia Environnement ait jamais
signé pour des sites “tertiaires industriels”. Et surtout, il risque bien de
décider nombre de grands comptes, encore timides, à franchir le pas de
l'externalisation. Un passage à l'acte dont Veolia Environnement espère bien
tirer profit.
Veolia Environnement
Présent sur les cinq continents avec plus de 300 000 salariés, le groupe Veolia Environnement est spécialisé dans quatre activités complémentaires : la gestion de l'eau, la gestion des déchets, la gestion énergétique et la gestion des transports de fret et de voyageurs. En 2006, Veolia Environnement a réalisé un chiffre d'affaires de 28,6 milliards d'euros.