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Quand les entreprises rivalisent d'imagination pour séduire les jeunes commerciaux

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Elles sont prestigieuses mais ne se reposent pas sur leur image de marque pour séduire les jeunes vendeurs et attirer les meilleurs éléments. Zoom sur quatre sociétés aux méthodes de recrutement innovantes.

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Danone: un show promotionnel au Cirque d'Hiver

C'est désormais un rituel. Depuis cinq ans, le groupe Danone organise la “Nuit Univers Sell”, un show promotionnel destiné à séduire les jeunes diplômés d'écoles de commerce et d'universités. Cette année, le rendez-vous avait lieu au mois de mai, au Cirque d'Hiver, à Paris. Au programme: une présentation des métiers de la filière commerciale de Danone, des films, des animations, des sketches joués par les commerciaux “maison”, ainsi qu'un forum de discussion. Une centaine de chefs de secteurs, de chefs des ventes et de directeurs commerciaux étaient présents pour répondre aux questions des 300 jeunes diplômés triés sur le volet. «Un millier d'étudiants se sont inscrits sur le site dédié à l'opération. Nous les avons sélectionnés en fonction de leur CV et de leurs réponses à notre questionnaire de motivation», relate Olga Malinowska, responsable du sourcing et des relations écoles chez Danone. Deux mois avant l'événement, une campagne d'affichage avait été lancée dans plusieurs dizaines d'écoles et d'universités françaises. Mais pourquoi, lorsque l'on s'appelle Danone, déployer autant de moyens pour se vendre auprès des jeunes diplômés? «D'abord parce que nos besoins sont très importants: chaque année, nous recrutons une centaine de jeunes commerciaux à des postes de chef de secteur, répond Olga Malinowska. Par ailleurs, cela permet de valoriser le métier aux yeux des étudiants. C'est aussi pour eux l'occasion d'entrer en contact avec les managers et de juger s'ils ont envie ou non d'intégrer notre entreprise.» À l'issue de la soirée, 280 jeunes ont postulé. Au final, une trentaine seront embauchés.

Bouygues Télécom: recrute ses stagiaires via un concours

Ambiance studieuse chez Bouygues Télécom. Pour la deuxième année consécutive, l'opérateur téléphonique a organisé un concours baptisé “Générations Bouygues Télécom”. L'objectif? Dévoiler à des étudiants intéressés par le secteur de la téléphonie mobile les arcanes de la société et repérer les talents de demain. Les jeunes commerciaux sont particulièrement prisés. «La moitié de nos collaborateurs sont en contact direct avec la clientèle», rappelle Philippe Cuenot, directeur du développement des ressources humaines. La sélection des quarante-huit étudiants d'écoles de commerce et d'universités s'est faite grâce à un quiz. Celui-ci portait sur les métiers des télécommunications et était accessible sur le site Inter­net du groupe. Puis, durant 48 heures, en avril dernier, les sélectionnés ont planché en équipe sur une étude de cas et soutenu leur projet devant un jury composé de managers et de directeurs, au siège de l'entreprise à Boulogne-Billancourt, près de Paris. Le sujet cette année: “Comment construire un programme de fidélisation pour les clients abonnés à un forfait?” Au total, une cinquantaine de managers confirmés de Bouygues Télécom se sont relayés auprès des participants pour les guider dans leur réflexion et les observer. Créativité et capacité à travailler en équipe étaient les principales qualités traquées par les opérationnels. Au final, les huit lauréats ont remporté des chèques-cadeaux et un téléphone i-mode. Vingt-deux participants se sont vu proposer une offre de stage, qui pourrait se transformer en embauche dans les mois à venir. C'est du moins le souhait de l'opérateur, qui vient de recruter en CDI plusieurs stagiaires, participants de la première édition de Générations Bouygues Telecom en 2004.

Unilog: un tournoi de foot au stade Charlety

La force du sport. Depuis 1998, Unilog organise une fois par an son “Trophée” de football, un tournoi ouvert aux étudiants de grandes écoles et d'universités. «Le but est de leur faire connaître notre entreprise et de nouer avec eux une relation de proximité dans une ambiance festive», explique Laurence Dibois, responsable du recrutement. Il faut dire que la société de conseil et d'ingénierie est friande de jeunes talents: tous les ans, elle recrute 1200 nouveaux collaborateurs, dont plus de 70 % de jeunes diplômés, à des postes de consultant junior. Leur rôle: conseiller mais aussi développer de nouvelles affaires. Cette année encore, Unilog a fait stade comble. L'événement jouit d'une telle notoriété que les écoles notent d'une année sur l'autre la date du trophée dans leurs agendas. Le bouche à oreille et une campagne d'affichage lancée cinq mois avant le jour J font le reste. 450 joueurs- étudiants, accompagnés de 950 supporters (étudiants également), ont enflammé les tribunes le 21 mai dernier. En parallèle des deux tournois féminin et masculin, des tables rondes entre étudiants et managers d'Unilog avaient lieu toute la journée dans les salons du stade. L'occasion pour les participants de dialoguer directement avec les 220 collaborateurs de l'entreprise présents ce jour-là et de passer, pour ceux qui le souhaitaient, de vrais entretiens. Unilog n'a pas procédé à des recrutements immédiats mais a noué des relations qu'elle espère durables avec les futurs diplômés.

Unilever: des petits-déjeuners sur des campus

C'est autour d'un petit noir et d'un croissant que 240 étudiants issus d'écoles de commerce ont fait la connaissance, en novembre et décembre derniers, de 48 chefs de produits et chefs de groupes d'Unilever. Une première pour l'entreprise, plus habituée aux forums et aux grandes interventions magistrales. «Le but de cettte opération baptisée “Your Morning with Unilever” était de créer des moments d'échanges informels et approfondis avec les étudiants», indique-t-on chez Unilever. L'occasion pour l'entreprise de leur présenter les métiers de sa filière marketing et pour les étudiants de poser toutes leurs questions. Un concept sur lequel l'entreprise a communiqué plusieurs mois à l'avance au sein des six écoles cibles (Édhec Lille, EM Lyon, ESCP-EAP, Essec, HEC et Reims Management School). Opération de teasing, diffusion de 10000 flyers, campagne d'affichage sur les campus et mise en place d'un site dédié… Unilever n'a pas lésiné. Pour s'inscrire, chaque étudiant devait remplir un questionnaire en ligne. Il leur était notamment demandé: “Et vous, qu'est-ce qui vous ferait lever le matin pour aller travailler dans un groupe comme Unilever?” Au total, 240 étudiants (40 par établissement) parmi les plus motivés ont été conviés à ces petits déjeuners informatifs. Chaque matin, huit tables rondes étaient dressées sur le campus, prêtes à accueillir chacune huit étudiants et un manager. «Ce dernier engageait la discussion sur son métier et son quotidien, puis suscitait un échange questions-réponses. Il permutait ensuite avec un autre manager afin que les étudiants puissent recueillir un second témoignage.» En guise de clôture, les deux managers en charge des relations écoles répondaient durant 30 minutes aux questions des étudiants sur le processus de recrutement. Cette opération visait surtout à développer la notoriété de la marque. Les résultats en matière de recrutement sont attendus sur le long terme.

L'Avis de Didier Pitelet, pdg de Guillaume Tell, cabinet conseil en marketing social

«Les entreprises doivent réconcilier les jeunes diplômés avec le monde du travail» Pourquoi des entreprises prestigieuses se mettent-elles en quatre pour séduire les jeunes commerciaux, qui ne croulent pourtant pas sous les offres d'emploi? Selon Didier Pitelet, c'est une façon pour elles de prendre leurs responsabilités. «La société accepte qu'une entreprise ne recrute pas, mais ne tolère plus qu'elle adresse aux jeunes une image négative. Dans le contexte économique actuel, il faut leur donner envie de travailler», souligne-t-il. En 1992-1993, l'explosion du chômage des cadres a provoqué une profonde désillusion dans l'ensemble de la société. «Les jeunes diplômés ont, depuis, développé un rapport de méfiance à l'égard de l'entreprise. C'était une façon pour eux de se protéger», poursuit l'expert. En organisant ce type d'événements, les grands groupes espèrent les motiver. «Les entreprises ont tout intérêt à garder un contact fort avec les jeunes générations car elles ont besoin de sang neuf et de collaborateurs qui s'investissent sur le long terme.»

 
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Emmanuelle Sampers

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