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Que faire après une expérience à l’étranger ?

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Après une période d’expatriation, le retour peut s’avérer délicat. Mais une expérience de deux ou trois ans en début de carrière est un véritable atout.

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L’international développe des réflexes professionnels recherchés par les entreprises. « Comme l’autonomie, la confiance en soi, la faculté d’adaptation aux situations complexes et aux différences culturelles, note Didier Duhomez, consultant chez Mercuri Urval, cabinet conseil en recrutement. Sans oublier la résistance au stress – notamment face à la nouveauté –, le sens du contact, la capacité de prendre des risques et, évidemment, l’apprentissage d’une langue étrangère. » Pas de doute, les chasseurs de tête apprécient les CV ouverts sur l’international. Mais, en fonction de vos expériences à l’étranger, le scénario du retour n’est pas le même. « Il faut distinguer l’expatriation du passage à l’international, remarque en préambule Christiane Maréchal, directrice générale du Cabinet Lombard, spécialisé dans la gestion de carrière. Cette distinction se fait sur la durée de la mission et sur la nature de la fonction. L’expatriation, la vraie, suppose un enchaînement d’expériences à l’international et des missions généralement opérationnelles. Lorsque l’on parle d’un passage à l’international, il s’agit d’une expérience plus courte, de deux à trois ans, et portant sur des missions souvent rattachées au siège. » Une distinction extrêmement importante puisqu’elle va conditionner le type de poste proposé par la suite. « Pour un expatrié “pur et dur”, le débouché évident consiste à repartir en mission ! », souligne Christiane Maréchal. Difficile, dès lors, de sortir de ce cercle, car les entreprises ont de plus en plus de raisons d’embaucher de tels profils pour des missions à l’étranger. « L’ouverture des pays de l’Est et la montée en puissance de la Chine ont créé un appel d’air, constate Didier Duhomez. Les entreprises françaises, notamment les groupes de distribution dont le développement se situe désormais en dehors de nos frontières, ont besoin de spécialistes des marchés étrangers. Quelqu’un qui parle chinois ou russe, ça a un prix ! » Et l’expatriation permet, en effet, de belles et rapides évolutions de carrière. « Dans la grande distribution, on trouve des directeurs de magasins à l’étranger qui n’ont pas 35 ans », assure Didier Duhomez.

Le “choc du retour”

Que penser, alors, de la récente étude de l’Association pour l’emploi des cadres (Apec), qui note que 36 % des sociétés françaises n’embauchent que des cadres locaux ? « Quand une entreprise s’implante en Chine ou dans des pays de l’Europe de l’Est, elle s’installe avec des cadres français possédant sa culture d’entreprise, ses méthodes et son savoir-faire. Cela est toujours vrai, constate Didier Duhomez. C’est seulement lorsque la greffe a pris, alors et seulement alors, qu’elles peuvent passer le relais à des cadres locaux. » Les expatriés français ont donc encore de beaux jours devant eux. Du moins tant qu’ils sont à l’étranger. Le retour en France est, en effet, plus délicat. Claudie Bert, auteur de S’expatrier en famille, parle même de “choc du retour”. Ces personnes passent ainsi obligatoirement par une phase de réadaptation, même si les grands groupes gèrent en général bien leur retour. Du côté des recruteurs, l’entrain n’est pas toujours là. Ces expatriés peuvent même les effrayer. « Bien souvent, il leur faut réapprendre à s’inscrire dans une hiérarchie traditionnelle, ce qu’ils ont souvent oublié, étant très autonomes et peu habitués au reporting », analyse Christiane Maréchal. Des barrières que le candidat devra faire tomber dès les premiers entretiens d’embauche. Mais, souvent, les expatriés rechignent à revenir. En effet, ils sont en moyenne mieux rémunérés qu’en France (de 20 % à 30 %), sans compter les avantages (logement, voiture de fonction, prise en charge du collège des enfants…). Par ailleurs, ils ont souvent des difficultés à décrocher dans l’Hexagone un poste avec autant de responsabilités.

Une évolution accélérée

Ceux qui ont abordé l’international de façon plus courte, souvent en début de parcours, sont, eux, attendus de pied ferme par les entreprises françaises. « Une expérience de deux ou trois ans accélère une carrière », assure la directrice du cabinet Lombard. Elle est même comparée, par certains experts, à un MBA. « On recherche assez souvent des managers diplômés d’une école de commerce ayant fait un passage à l’international et disposant d’une expérience de management. Ces cadres font d’excellents futurs dirigeants, en France ou à l’international », confirme Didier Duhomez. Bien entendu, certains pays se “revendent” mieux que d’autres. USA, Canada, Singapour… demeurent des valeurs sûres. « On apprend énormément dans les pays où la maturité des échanges commerciaux et économiques est forte », confirme Christiane Maréchal. Et rien n’empêchera ces aventuriers, le moment venu, de repartir. Il n’est pas toujours facile, en effet, de se défaire du virus de l’international.

Témoignage

Rachel Picard, directrice générale adjointe de sncf.com « La valeur d’un passage à l’international est énorme ! » « Une expérience de trois ans à l’international, en début de carrière, ne passe pas inaperçue aux yeux des chasseurs de tête », analyse Rachel Picard, directrice générale adjointe de sncf.com. À 37 ans, cette diplômée de HEC démarre sa carrière professionnelle au Chili en 1988, où elle occupe le poste d’adjointe à la direction des ventes d’une station de ski. Une mission qui l’amène à négocier des contrats de vente auprès des tours opérateurs en Amérique du Nord et du Sud. Trois ans plus tard, le projet stagnant, elle décide de rentrer en France. « Face aux recruteurs, ces années au Chili ont suffi à prouver ma maturité professionnelle et mon autonomie. On revient obligatoirement de l’étranger avec une plus grande ouverture d’esprit et aussi quelques “bonnes recettes”. Par ailleurs, à travers cette expérience, j’ai démontré un goût pour le risque et les challenges, ce qui n’a pas laissé indifférent Euro Disney qui m’a engagée à mon retour comme directrice des ventes. »

À lire

-S’expatrier en famille de Claudie Bert, fait un tour complet de l’expatriation : préparer le départ, organiser la vie sur place et bien vivre le retour. Ce guide aborde tant les aspects pratiques que psychologiques. L’auteur répond à des questions comme : Que faire de mon appartement en France ? Quelle solution scolaire pour mes enfants ? Elle vous donne une liste de choses à ne pas oublier, de nombreux conseils, adresses et autres sites Internet d’information. Et vous dit comment surmonter le fameux “choc du retour”.

 
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Anne-Françoise Rabaud

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