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Les entreprises ont besoin de "digital leaders"

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Action Co : Comment favoriser ces espaces de créativité ?

Gérald Karsenti (Hewlett Packard Enterprise en France) : Cela passe par moins de meetings et de communications formelles pour laisser davantage de place à l'informel. En apparence plus déstructurés, ce sont ces échanges et ces discussions qui généreront les idées novatrices. Concrètement, il s'agit de constituer des équipes d'intrapreneurs (des collaborateurs avec un esprit d'entrepreneur, ndlr) curieuses, ambitieuses et offensives. Il faut donc leur donner de l'ouverture et de la flexibilité pour atteindre ce but. Mais attention, il ne suffit pas pour les dirigeants de se contenter d'un discours ou de consacrer une journée à la créativité. Ce doit être ancré dans le management et l'organisation. Pour cela, les managers doivent améliorer leur intelligence émotionnelle.

" L'intelligence émotionnelle est essentielle dans ce monde digital et disrupté. "

Pendant longtemps, en France notamment, et à la grande période d'apogée des métiers d'ingénieur, nous avons privilégié l'évaluation de l'intelligence par la mesure du niveau de QI, qui mesure l'intelligence analytique pure. Ce n'est pas une mauvaise chose en soi, mais il faut bien se rendre compte que le quotient intellectuel ne traduit que l'une des sept formes d'intelligence existantes. Or, on se rend compte aujourd'hui que c'est l'intelligence émotionnelle qui prend le pas sur toutes les autres. C'est-à-dire celle qui permet d'exprimer ses propres émotions, d'être plus empathique, là où c'était considéré comme une faiblesse.

L'intelligence relationnelle est notamment très importante à l'heure des réseaux sociaux et de la communication par vidéo. C'est d'autre part une qualité primordiale pour tout manager, qui doit aimer l'humain avant tout. Par conséquent, certains développent naturellement ces qualités, pour d'autres, il faut les travailler, même s'il est parfois difficile d'expliquer et d'enseigner ce qui relève du ressenti. Je me rappelle à ce propos de l'un de mes managers commerciaux, un collaborateur brillant, qui un jour entre dans mon bureau pour me dire qu'il a un problème : celui de ne pas parvenir à communier avec les gens. Je l'ai donc orienté vers une formation, car même s'il est difficile d'apprendre à développer son intelligence émotionnelle, rien que le fait de comprendre ce concept est déjà un vrai pas en avant.

La fin du modèle managérial "J'ordonne, vous exécutez" laisse-t-il la place à ce qu'on appelle l'entreprise libérée ?

G.K. : Je ne crois pas à l'entreprise sans chef, non. Je pense que l'excès n'est jamais bon. Il faut selon moi un minimum de structure fixe et de contrôle managérial pour qu'une société fonctionne. La nature humaine est ainsi faite qu'elle a besoin de repères. Cela étant, le terme de "chef" est inapproprié.

Le métier est révolutionné, notamment par le développement du travail collaboratif et par le fait que les collaborateurs fixent désormais leurs propres objectifs. Ce qui en soi n'est pas le propre des entreprises libérées, car ces principes existent déjà depuis longtemps. Ce passage du modèle mécaniste au modèle organiste est entamé depuis une quinzaine d'années. Là où le modèle mécaniste privilégiait une structure hiérarchique pyramidale, le système organiste éclate les responsabilités et les évaluations des collaborateurs sont le fruit d'un consensus entre plusieurs personnes et non celui d'une seule.

>> Lire la suite de l'entretien page 3

 
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Propos recueillis par Laure Tréhorel

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