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Dossier 2/3 : Démultiplication : formez vos managers à former

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Transformer les managers en formateurs, tel est le principe de la démultiplication. Une méthode qui donne d’excellents résultats lorsqu’elle est bien préparée.

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Ne vous est-il jamais arrivé de transmettre à vos collaborateurs un message que votre supérieur hiérarchique vous avait précédemment fait passer ? Cette transmission de l’information en cascade, les spécialistes de la formation l’appellent, un peu pompeusement, la “démultiplication”. Du moins lorsque le contenu du message est suffisamment conséquent pour être assimilé à de la formation. Dans ce cas, exit les formateurs professionnels chargés de relayer le contenu ; ce sont les collaborateurs de l’entreprise – la plupart du temps, les managers – qui assument ce rôle de relais. Mais l’entreprise peut en décider autrement. De novembre 2002 à mars 2003, une douzaine de responsables de la direction des ressources humaines du groupe Essilor a ainsi formé 500 managers. « Quelques mois plus tôt, la direction avait signé, avec les partenaires sociaux, divers accords portant sur l’exercice de la représentativité du personnel dans l’entreprise et le droit des intérimaires, explique Élisabeth Perrier, responsable formation chez Essilor France. La direction, qui a souhaité expliquer ces changements, en a confié la responsabilité au service des ressources humaines. » Reste que ce cas est assez isolé. « La hiérarchie s’implique dans le projet et s’approprie alors le contenu de la formation et les messages », explique Marie-Dominique Weinberger, directrice d’affaires au sein du cabinet de formation Altedia Cogef. Un argument qui joue d’autant plus que la formation revêt un caractère stratégique. « Contrairement à la convention, qui permet également de réunir de nombreuses personnes, la démultiplication nous a amenés à travailler en petits groupes et à privilégier le dialogue entre les managers et le service ressources humaines », explique Élisabeth Perrier, d’Essilor. Trois autres arguments sont souvent avancés par les adeptes de cette méthode : la possibilité de former un grand groupe, de le faire dans un délai court et à un coût intéressant. Mais attention, il convient en fait de rectifier quelques idées reçues. Si la démultiplication permet de former des groupes importants, voire très importants, et si ce processus peut être bouclé dans des délais courts, il convient néanmoins de prendre en compte le travail préparatoire, indispensable à la réussite du projet.

Un gros travail en amont

« Le travail de préparation d’une formation démultipliée et, notamment, l’élaboration et la conception des outils pédagogiques, sont beaucoup plus longs que dans une pédagogie classique », reconnaît Catherine Coicadan, directrice de clientèle chez Com’in, agence conseil en formation et motivation des équipes. Quant à l’aspect financier, les experts admettent que l’économie n’est pas systématique, et que, de ce fait, il est préférable de ne pas opter pour cette méthode si l’on ne dispose pas d’un budget conséquent. En effet, si, d’un côté, l’entreprise fait l’économie des heures facturées par les formateurs, de l’autre, elle doit confier à une société spécialisée la formation des démultiplicateurs, la définition du contenu et la conception des outils qui serviront de fil rouge aux formateurs maison. Un travail long et donc assez coûteux, les outils pédagogiques devant être peaufinés jusqu’à la perfection. Même s’ils sont bien préparés, les formateurs ne sont pas de vrais professionnels de la transmission du savoir pour autant, et le succès de la formation repose sur leurs épaules. Enfin, si cette méthode séduit, elle a aussi ses limites, qui tiennent à son contenu même. « La démultiplication convient parfaitement aux formations portant sur la transmission des savoirs et des savoir-faire : lancement de produits, approfondissement de l’argumentaire de vente, données stratégiques sur l’entreprise, nouveau projet impliquant les managers et les collaborateurs, accords d’entreprise sur les aspects ressources humaines, etc. Mais elle ne permet pas de travailler sur les comportements et le savoir-être, indique Marie-Dominique Weinberger. Dans ce cas-là, rien ne vaut des formateurs externes. »

Avis d’expert

Catherine Coicadan, directrice de clientèle chez Com’in, agence conseil en formation et motivation des équipes « Le travail de préparation prend plus de temps que la démultiplication » « La plupart du temps, remarque Catherine Coicadan, les démultiplicateurs ne sont pas des professionnels de la formation, mais des managers. L’entreprise doit donc s’assurer de leur capacité à prendre la parole en public et à animer un groupe. Ensuite, il faut les faire monter en compétence, et pour cela, y consacrer le temps nécessaire. C’est essentiel pour la réussite du projet. » Le temps de formation de ces relais est, en général, le double de celui qu’ils vont eux-mêmes passer à l’animation de leur groupe. « La société qui a conçu le programme et la pédagogie leur présente le contenu de la formation, mais aussi les supports qui vont leur permettre de mener la séance – CD-Rom, classeurs, jeux pédagogiques, quizz, etc. » Enfin, il est important qu’un formateur professionnel accompagne chacun d’entre eux lors des premières séances.

À retenir

-Réservez cette approche pédagogique aux formations qui visent à transmettre du savoir ou du savoir-faire. -Veillez à bien choisir les démultiplicateurs et à bien les préparer. - Si le déploiement peut se faire dans des délais courts et concerner un nombre important de collaborateurs, vous devrez, en revanche, prévoir un investissement conséquent en temps et en argent.

 
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Anne-Françoise Rabaud

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