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L'an I du commerce électronique en France

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Avec 74 % de cyberconsommateurs français ayant fait leurs courses de Noël sur internet en 1999, la France est enfin véritablement entrée dans l’ère du e-commerce. La tendance pour les prochaines années est très prometteuse, mais c’est le e-business B to B qui en profitera le plus.

Chiffres du marché Le marché du e-commerce B to C connaît des rythmes de croissance fulgurants (+ 850 % entre 1997 et 1998 par exemple). Ces progressions ne bénéficient pas à tous les sites de la même manière. Les dix plus importants marchands virtuels français réalisent ainsi plus de 1 million de francs de ventes par mois, alors que le CA moyen des sites n’est que de 50 000 francs. Des disparités qui s’expliquent par la notoriété très variable entre les sites déjà bien installés et bénéficiant d’une forte image de marque, et ceux, plus petits, lancés sans grand renfort de publicité. Les sites marchands les plus visités et ceux qui bénéficient des chiffres d’affaires les plus importants sont ceux des secteurs des achats culturels et du tourisme. Néanmoins, en 1999, on voit apparaître dans ce hit-parade, les sites de ventes aux enchères, phénomène nouveau sur le web français. Ce sont ces sites qui ont enregistré les plus fortes progressions (+ 15,4 %) en décembre dernier. À noter également que les internautes passent de plus en plus de temps sur les sites, en moyenne 25,4 minutes en décembre. Malgré une population d’acheteurs sur le marché B to C près de dix fois supérieure à celle du marché B to B, le e-commerce B to B pèse plus lourd que le B to C. Le commerce inter-entreprises devrait avoisiner 220 milliards de francs en 2003 contre 60 milliards pour le commerce grand public. Les entreprises achèteront sur internet des matières premières mais aussi leurs fournitures quotidiennes. Principal avantage du web pour les sociétés : un temps de traitement des commandes plus court que dans le commerce traditionnel. Les gains de temps et de confort incitent de plus en plus de consommateurs à faire leurs courses sur internet. Cependant, de nombreux freins pèsent encore. La méfiance vis-à-vis du paiement sécurisé sera sans doute difficile à vaincre (32 % des cyberconsommateurs redoutent un piratage de leur carte de crédit). Aux États-Unis où le e-commerce est beaucoup plus développé qu’en France, neuf cyberacheteurs sur dix ayant fait leurs achats de Noël sur internet déclarent avoir rencontré des problèmes (stocks, délais de livraisons, etc.)

La synthèse Depuis le temps qu’on en parle, ça y est enfin : le e-commerce est une réalité en France. En 1999, il a généré en B to C (business to consumer) 1,3 milliard de francs de chiffre d’affaires, et devrait exploser à l’horizon 2003 en ne représentant pas moins de 277 milliards de francs de revenus, B to B et B to C confondus ! Des prévisions impressionnantes diront certains, beaucoup trop optimistes estimeront d’autres. Mais, même s’il faudra peut-être les réviser légèrement à la baisse, ces chiffres marquent indéniablement l’entrée de la France dans l’ère du commerce virtuel. À ce titre, Noël 1999 est une date importante : pour la première fois, 74 % des cyberconsommateurs ont fait leurs courses sur le web. Les secteurs traditionnellement forts du commerce électronique ont largement profité de cette progression et consolident leurs positions : livres, CD, vidéos et tourisme-voyages arrivent, sans surprise, en tête des sites marchands les plus visités. Plus discret d’un point de vue médiatique, mais plus intéressant en terme de volume : le commerce électronique B to B (business to business), qui apparaît comme le véritable enjeu du e-business. À l’horizon 2003, il devrait générer 79 % des revenus du commerce sur internet ! Contrairement aux ménages, les entreprises sont, pour la plupart d’entre elles, déjà connectées au réseau, et la passation de commandes sur le web représente d’énormes gains de temps et d’argent, aussi bien pour le client que pour le fournisseur.De toutes ces études, un enseignement doit être tiré : l’entreprise – qu’elle fonctionne en B to C ou en B to B – ne peut plus se passer du web si elle veut être concurrentielle.

Autres chiffres Si les grandes entreprises françaises sont pour la plupart connectées au web, les PME-PMI commencent elles aussi à s’y mettre (surtout dans le secteur des services et de l’industrie). Depuis l’année dernière, leur taux moyen de connexion est de 61 %, ce qui est plutôt rassurant : cela montre en effet que les PME-PMI ont compris que l’un des avantages d’internet pour elles était par exemple de pouvoir assurer une veille concurrentielle et technologique à moindre frais. En revanche, elles ne sont encore que 27 % à posséder leur propre site, “corporate“ le plus souvent : elles n’ont donc pas encore véritablement découvert l’Eldorado du net marchand. Dans les années à venir, ces proportions devraient augmenter grâce à l’explosion du commerce B to B. Les ménages français, quant à eux, sont dans la queue du peloton européen en nombre de foyers connectés et surtout en nombre d’acheteurs. Si l’on exclut le pic de commandes effectuées via le web à Noël dernier, 10 % seulement des internautes sont aussi des cyberconsommateurs (soit environ 700 000 personnes). À l’évidence, la France a donc un sérieux retard par rapport à ses voisins anglo-saxons et européens du Nord. Comment expliquer ces disparités ? Par un facteur culturel d’abord : les Anglo-Saxons sont à l’aise dans l’univers internet où de nombreux sites sont en anglais. Autre raison : les prix des connexions sont encore élevés en France, si on les compare aux pays européens en pointe et aux États-Unis. Pour pousser les Français à se connecter et à acheter sur internet, les sites marchands n’ont d’autre solution que de se faire connaître grâce à des campagnes de publicité grand public. 1,5 milliard de francs a été dépensé en communication en 1999, essentiellement dans la presse écrite et audiovisuelle. Ces médias “traditionnels“ sont le seul moyen pour les entreprises virtuelles de conquérir la notoriété qu’elles ne sauraient obtenir en ciblant toutes leurs campagnes on line. Alors que les tarifs de la publicité on line ont considérablement diminué ces derniers mois, certains sites ont battu des records off line. Dernier en date : le supermarché Houra.fr a investi en publicité pas moins de 25 millions de francs pour son lancement !

La synthèse Malgré un développement fulgurant de la “net économie“ depuis la fin de l’année 1999, la France a encore quelques longueurs de retard par rapport à ses voisins européens. En nombre de foyers connectés, nous sommes presque à égalité avec l’Espagne et l’Italie, c’est-à-dire en queue de peloton. Idem pour le nombre d’internautes qui achètent sur le web : 10 % seulement, contre 22 % en Allemagne ou 26 % en Grande-Bretagne. Ce retard est également perceptible – mais dans une moindre mesure – dans les entreprises de l’Hexagone. Les PME-PMI, qui n’étaient que 61 % à être connectées en 1999, n’ont sans doute pas encore totalement pris la mesure des avantages que peut apporter internet. D’autant que seulement 27 % d’entre elles possédaient leur propre site (marchand ou corporate), ce qui est très peu lorsque l’on sait que c’est précisément dans le B to B que le commerce électronique sera le plus florissant d’ici à trois ans. Il n’est donc pas étonnant que, dans un tel contexte, les sociétés internet (sites et fournisseurs d’accès) aient besoin de dépenser des fortunes en publicité grand public pour promouvoir leurs offres. Ces entreprises ont investi 1,5 milliard de francs l’an passé pour des spots radio, télé et des encarts presse. On ne lésine pas sur les moyens, car il s’agit tout autant d’imposer une image de marque que de convaincre, le plus rapidement possible, le grand public d’acheter sur le web. Il y a en effet urgence pour les sociétés européennes : la concurrence américaine frappe déjà à la porte du Vieux Continent.

 
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Frédéric Thibaud

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