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Préparez votre expatriation pour en revenir gagnant

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Vous êtes tenté par une expérience professionnelle à l'étranger? Voici quelques repères pour vous assurer que ce choix de carrière se transforme, à coup sûr, en succès.

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@ Comstock / CD

- L'expatriation n'est pas qu'une promesse d'exotisme. C'est aussi, et peutêtre avant tout, un formidable tremplin pour booster sa carrière. Pour s'en convaincre, il suffit de se pencher sur le curriculum vitae de grands managers. Jacques Guers, président de Xerox France, a été durant quatre ans le patron de Xerox Suède. Henri Ducré, directeur commercial de Gaz de France, est passé par la filiale d'EDF en Argentine. Frédéric Dumas, directeur commercial France de Genesys Conferencing, a été directeur des ventes en Californie. Et la liste est longue... Mais, si s'expatrier peut dynamiser votre carrière, l'expérience n'est pas sans risques. Pour qu'elle soit réussie, mieux vaut bien préparer cette immersion professionnelle, qui dure le plus souvent de deux à trois ans (cinq ans au maximum).

@ Comstock / CD

Jean-Luc Cerdin, professeur en gestion RH à l'Essec

«La famille joue un rôle majeur dans la réussite de l'expatriation.»

Sur le plan professionnel tout d'abord, veillez à ce que la mission soit clairement définie. Il faut comprendre pour quel motif et dans quel contexte la société envisage cette expatriation. «L'entreprise peut rechercher ponctuellement une compétence dont elle ne dispose pas localement, ou alors confier à un collaborateur le développement d'une unité qu'elle vient de racheter et dont elle souhaite prendre pleinement le contrôle», indique Jean-Luc Cerdin, professeur en gestion des ressources humaines à l'Essec, spécialisé dans la mobilité internationale et les carrières. D'autres entreprises disposent d'une véritable politique de mobilité internationale et de gestion des carrières. «C'est le cas de figure idéal pour le collaborateur, qui sait que l'entreprise peut l'aider à définir la suite de son parcours», poursuit Jean-Luc Cerdin. Cette vision de l'après-mission est d'autant plus essentielle qu'elle permet d'entretenir, pendant l'expatriation, les réseaux professionnels qui vous seront utiles à votre retour.

Maintenir le lien

Parce que vous allez être éloigné du siège, il est important d'avoir une vision claire de la personne à laquelle vous allez «reporter». Et de celle qui vous évaluera. Par ailleurs, de quelle manière le lien avec votre unité d'origine va-t-il se perpétuer? «Existe-t-il un relais de communication entre vous et le siège?, s'interroge Nathalie Lorrain, directrice associée d'Itinéraires Interculturels, société de conseil en formation interculturelle. Un contact vous tiendra-t-il au courant des décisions stratégiques, du développement de l'entreprise, de la politique commerciale, de l'organisation? Ce lien avec le siège est important, et pourtant il n'est pas toujours clairement défini. Le danger, c'est l'isolement!» L'importance de ce lien doit toutefois être nuancée selon vos projets professionnels à moyen terme. «Llfaut savoir en partant ce que vous voulez faire à votre retour», insiste Thomas Moradpour, directeur marketing Union européenne pour les soft drinks gazeux chez Pepsico. Voulez-vous revenir en

France ou repartir à l'international? Après quatre ans chez Pepsico à Londres, Thomas Moradpour sait que sa première expérience d'expatrié touche à sa fin. Après? «Je souhaite connaître une autre expérience à l'international.» Un projet qu'il a en tête depuis plusieurs mois. Il a donc, dans le cadre de sa fonction de directeur marketing européen, tissé un réseau à l'international, s'est informé des opportunités et s'est créé des appuis. Un travail qui lui sera sans aucun doute utile pour la suite de sa carrière... A l'inverse, vous souhaitez revenir en France après la mission, vous devez à tout prix éviter d'être oublié. «Un séminaire, une réunion... Faites votre possible pour y être convié, ne serait-ce que pour serrer quelques mains», suggère Jean-Luc Cerdin.

En ce qui concerne les aspects pratiques, assurez-vous que l'entreprise va vous accompagner dans la logistique (logement, voiture, permis de conduire local, etc.) et les démarches administratives (école des enfants, imposition...). Dans le cas contraire, vous risquez de perdre du temps sur place, ce qui nuira à votre efficacité. De plus en plus d'entreprises offrent ainsi à leurs expatriés un service de «relocation», qui accompagne les collaborateurs pour l'ensemble des démarches. Parmi les points-clés, interrogez-vous sur votre statut. La Sécurité sociale distingue celui de détaché le collaborateur reste attaché au système de Sécurité sociale français, auquel il continue de cotiser de celui d'expatrié. Dans ce dernier cas, le collaborateur n'est plus rattaché au système de Sécurité sociale français et doit opter pour une assurance privée (Caisse des Français à l'étranger, par exemple). «Il est préférable de partir sous le statut de détaché et de garder, de fait, un lien avec le système français de Sécurité sociale», estime Jean-Luc Cerdin.

A lire

S'expatrier en toute connaissance de cause

L'auteur, professeur à l'Essec, propose un mode d'emploi pour construire son projet d'expatriation, avec des quiz d'autoévaluation.
Par Jean-Luc Cerdin, Eyrolles, 2007, 15 euros.

Travailler à l'étranger

Comme tous les ouvrages de la collection «100 conseils de pros», ce livre donne la parole aux experts: la complémentarité de leur éclairage permet d'appréhender l'expatriation sous tous ses angles avec des informations pratiques.
Par Isabelle Brokman, Editions L'Express, 2007, 10,50 euros.

S'expatrier en famille

Ce guide aborde, outre les infos pratiques (sécurité sociale, etc.), la dimension psychologique de l'expatriation et ses conséquences sur le couple et la relation parents-enfants.
Par Claudie Bert, Village Mondial, 2005, 19 euros.

Guide de l'expatrié

Il était l'apanage des aventuriers. Il est aujourd'hui dans les bagages des expatriés. Santé, Sécurité, équipement, hébergement, restauration, transports... Tout est passé en revue, dan un style Routard.
Guide du routard Hachette Tourisme, 2006, 7,90 Euros

Se préparer psychologiquement

L'expert insiste sur un autre point: «Le conjoint et la famille jouent un rôle prépondérant dans la réussite de l'expatriation. Il est donc souhaitable que le conjoint ait, lui aussi, un projet personnel ou professionnel pour qu'il puisse s'épanouir sur place autant que le cadre expatrié.» Une préparation générale à ce grand voyage s'impose pour toute la famille. «Il est important que le collaborateur ainsi que son conjoint soient formés, avant le départ, à la langue du pays, souligne Jean-Luc Cerdin. Les entreprises proposent également de plus en plus déformations interculturelles, qui abordent les questions de comportement, de culture, de géographie, de politique... Un briefing sur le pays qui dure deux à trois jours en général.»

Vous pouvez également demander à bénéficier d'un voyage de reconnaissance dans le pays de destination. Ces quelques jours sur place permettent de jauger le pays et d'entamer des recherches de maison et d'écoles, de déterminer s'il faudra apporter le mobilier ou bien si l'offre de logements meublés est suffisamment importante. C'est également l'occasion de s'intéresser à des aspects administratifs: permis de travail, permis de séjour... Enfin, à quoi devez-vous vous attendre financièrement? Jean-Luc Cerdin assure que l'expatriation n'est plus la poule aux oeufs d'or qu'elle était il y a encore dix ou quinze ans. Ce que l'on confirme chez Alcatel-Lucent: «Nous avons une politique globale de mobilité à l'international et nous appliquons une stricte grille salariale, identitque pour tous.» Une politique qui comprend tout de même de nombreuses primes, liées aux difficultés politiques ou encore climatiques du pays, à l'installation (en fonction du statut familial), au différentiel du coût de la vie entre le pays d'origine et celui de destination, à la prise en charge du déménagement et du loyer, etc. Si votre société n'applique pas une politique d'expatriation aussi lisible, c'est à vous qu'il revient de négocier ces avantages... avant de partir, bien sûr, car une fois sur place, ce sera trop tard!

Le témoignage de

Frédéric Dumas, directeur commercial de Genesys Conferencing


«L'entreprise doit accompagner l'expatrié et sa famille»


Frédéric Dumas a passé deux années à san Francisco, en 2005 et 2006. «J'avais l'impression d'avoir fait le tour de mon job de directeur des ventes France chez Genesys Conferencing. Lorsque j'ai appris que la société entamait un chantier de décentralisation aux Etats-Unis et qu'il y avait des opportunités, j'ai saisi ma chance...» son projet professionnel était clairement défini: il s'agissait de mettre en place les équipes de vente sur la région de san Francisco et de Los Angeles et d'appliquer la stratégie du groupe. «C'est une expérience extrêmement enrichissante, que je conseille vivement», indique Frédéric Dumas, qui recommande toutefois de bien préparer cette aventure. Pour éviter les désillusions, il conseille de s'attacher à trois points: «Renseignez-vous sur le coût de la vie surplace. Validez que la société va vous accompagner lors de votre départ pour les aspects administratifs et logistiques. Sinon, vous risquez de perdre beaucoup de temps et d'énergie les premières semaines. Et veillez à ce que l'entreprise finance un ou plusieurs retours annuels en France à vous et à votre famille. Car même si la destination fait rêver, on éprouve toujours le besoin de renouer avec son pays à un moment ou à un autre.»

Chez Alcatel-Lucent, la mobilité se prépare en ligne

Parce que la mobilité interne est forte chez Alcatel-Lucent, différents services sont disponibles sur l'Intranet. Les salariés ont ainsi accès aux offres d'emploi à pourvoir à l'international («Global estaffing»), au détail de la politique de mobilité du groupe, à des informations sur les particularités régionales des différents pays où la société est présente et aux démarches administratives locales. «Nous proposons également un questionnaire pour déterminer si le collaborateur est prêt pour l'expatriation ainsi que des modules pour comprendre ce qui se passe avant, pendant et après l'expatriation», précise Caroline mansur, responsable de la mobilité internationale chez Alcatel-Lucent, au sein du département Corporate.

 
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Anne-Françoise RABAUD

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