Tourisme d'affaires : Le rapprochement Aftac/Anaé
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Table rase du passé Dominique Plaissetty , président de l’Aftac, pdg de Prexo « La genèse du rapprochement entre l’Aftac-Anaé tourisme d’affaires et l’Anaé-agence d’événement s’explique par l’évolution de nos métiers. Celui du tourisme d’affaires existe en France depuis 20 ans. Celui de l’événement, tel qu’on l’entend aujourd’hui, est apparu il y a une dizaine d’années. D’organisateurs de spectacles, de soirées, les agences conseil en événement sont devenues, au fil des ans, de réels stratèges et créateurs d’opérations de plus en plus sophistiquées. L’événement a également acquis ses lettres de noblesse, devenant un véritable média et un outil de communication. Elles ont été de plus en plus impliquées dans la vie des entreprises, et leurs clients leur ont demandé d’organiser des opérations en France et à l’étranger. C’est sur ce point précis que l’Aftac et l’Anaé se sont heurtées ces dernières années. Il existe en effet en France une loi* qui régit la profession du tourisme d’affaires. Au regard du législateur, il faut être détenteur d’une licence d’agent de voyage pour organiser des voyages. Notre association regroupe aujourd’hui 21 agences de tourisme d’affaires qui respectent ces textes en dépit de leurs lourdes contraintes. Nous avons par conséquent fait la guerre aux agences de l’Anaé qui ne tenaient pas compte de la législation en vigueur, plus d’ailleurs par ignorance que par réelle volonté. Aujourd’hui, ces dernières ont soit créé des structures juridiques indépendantes et demandé leur licence d’agent de voyage, soit se sont associées avec des agences conseil en tourisme d’affaires dans le cadre d’un partenariat. À partir de ce moment-là il n’existait plus de conflits, plus de barrières empêchant notre rapprochement. » Pierre Heumann, Ormès « En réalité, la licence d’agent de voyage était le seul point d’achoppement entre nos deux associations. Nous devions par ailleurs régler la question de la licence d’entrepreneur de spectacles. Une agence n’est pas obligée de l’acquérir, sauf si elle emploie des intermittents, ce qui est souvent le cas lorsqu’elle organise un événement. Dès l’automne 1998, les deux comités de direction ont travaillé d’arrache-pied pour apporter les uns aux autres des solutions et régler ces deux points. Ayant souvent le même interlocuteur et des métiers de plus en plus similaires, il était intelligent de nous rapprocher et de nous exprimer désormais ensemble, d’une même voix. » Union naturelle Antoine de la Tousche, Le Public Système Voyages « Il est plus facile pour une agence d’événement d’intégrer le métier du tourisme d’affaires que le contraire. À cela une raison principale : les structures des agences événementielles sont plus grosses que celles de leurs consœurs du tourisme d’affaires. Si l’on regarde le marché, les premières réalisent plus de 100 MF de chiffre d’affaires alors que rares sont les secondes qui dépassent ce seuil. En effet, plus de 80 % des agences conseil en tourisme d’affaires réalisent entre 30 et 40 MF. » Thierry Gabriel Bar, Auditoire Voyages « Lorsque l’on analyse les demandes des entreprises, un brief exposé à une agence conseil en événement se termine souvent par un voyage, et un autre proposé à une agence conseil en tourisme d’affaires s’achemine vers une solution événementielle. Nos savoir-faire se chevauchent. Le rapprochement est inévitable. » Christophe Larrenduche, Sagarmatha « Nos deux métiers sont de moins en moins différents. Lorsque vous êtes un acteur du marché voyage incentive et que vous désirez vous démarquer de vos confrères, et néanmoins concurrents, la différence se joue non plus sur les réceptifs – nous finissons par avoir tous les mêmes – mais sur les idées. Or, ces idées font de plus en plus appel au métier de l’événement. De même, quand vous êtes une agence d’événement, un jour ou l’autre, vous avez besoin de véhiculer les participants d’une convention, de les héberger, de les faire voyager. Et, pour ce faire, au regard de la loi, vous êtes obligé d’acquérir une licence d’agent de voyage. Par ailleurs, face à la maturité du marché, il devient inconcevable de faire de l’événement sans du voyage et vice versa. Enfin, nos deux métiers ont les mêmes bases : comprendre la problématique, anticiper la demande, créer, organiser et mettre en œuvre. » Dominique Plaissetty , président de l’Aftac, pdg de Prexo « Pour l’Anaé ou l’Aftac, les interlocuteurs sont les mêmes au sein des entreprises. Un voyage et un événement peuvent, en suivant des schémas et des traitements différents, résoudre les mêmes problématiques. Il faut que les entreprises et les pouvoirs publics comprennent que nous exerçons un seul et même métier. La seule grande différence qui nous distingue aujourd’hui c’est l’aspect légalo-juridico-financier : nous n’avons pas les mêmes codes NAF, les mêmes statuts, les mêmes licences, la même manière de facturer, etc. Mais, sur le fond, nos métiers sont identiques. Que nous soyons, nous, agences conseil en tourisme d’affaires, des cousins blonds, et que nos consœurs, les agences conseil en événement, soient des cousins bruns, nous appartenons à la même famille. Et comme dans toute tribu, il y en a un qui est fort en maths et l’autre en lettres. » Avantages pour les entreprises Thierry Gabriel Bar, Auditoire Voyages « Lorsque les annonceurs se trouvent confrontés à un ou plusieurs objectifs à atteindre, ce qui les intéresse n’est pas de faire le distingo entre Auditoire, l’agence conseil en événement, et Auditoire Voyages, l’agence de tourisme d’affaires du Groupe BDDP Corporate, mais d’obtenir une réponse pertinente et créative qui leur permet d’atteindre ces objectifs. En d’autres termes, peu leur importe le format, convention ou voyage, si l’opération satisfait leurs objectifs. » Antoine de la Tousche, Le Public Système Voyage « Le rapprochement de nos deux métiers permettra aux entreprises de réaliser une véritable économie d’échelle. Jusqu’à présent, lorsqu’elles désiraient organiser un séminaire de force de vente comportant une convention et un voyage, elles étaient obligées de scinder leur budget en deux postes distincts. Désormais, si elles s’adressent à un conseil réunissant les deux savoir-faire et détenant une licence d’agent de voyage, ce ne sera plus le cas. De même, elles n’auront plus qu’un seul interlocuteur. Une réalité synonyme, pour elles, de gain de temps et de garantie de cohérence de l’opération de motivation. » Avantages pour les acteurs du marché Christophe Larrenduche, Sagarmatha « Pour les agences adhérentes à l’Aftac et celles membres de l’Anaé, la réunion de l’association et du syndicat est un gage de sérieux. Faire partie d’un organisme professionnel puissant rassure les entreprises, nos clients. Attention, cela ne veut pas dire pour autant que cette union sonne le glas des agences non membres de l’Anaé-tourisme d’affaires et de l’Anaé-événements. Il y a toujours de la place sur le marché pour des agences intelligentes. » Pierre Heumann, Ormès « Dans l’objectif d’avoir un positionnement plus clair vis-à-vis de nos clients, nous avons fondu nos logos. Sous notre nouvelle identité visuelle (Anaé) apparaissent nos deux métiers, l’événement et le tourisme d’affaires. Nos associations professionnelles gardent leur indépendance et leur mode de fonctionnementpropre. En revanche, nous communiquons ensemble. Ainsi, peut-être arriverons-nous à faire changer les lois qui nousdissocient injustement. » * Loi de 13 juillet 1992, décrets d’application publiés en juin 1994.
Ce qu’il faut savoir Les points d’achoppement réglés, les deux sœurs ennemies du passé, l’Aftac, Association française tourisme d’affaires & congrès, et l’Anaé, syndicat national des agences d’événement, ont enfin pu sceller leur union au printemps dernier. Dans la corbeille de mariage : la clarification de l’offre vis-à-vis des entreprises et l’opportunité de parler d’une seule voix auprès des pouvoirs publics, entre autres avantages. Album de la cérémonie.