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Une expatriation, ça se prépare!

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Que ce soit en pays frontalier ou sur un autre continent, l'expatriation ne s'improvise pas. Au-delà des formalités administratives, c'est tout un état d'esprit qu'il faut s'approprier.

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@ MICHAL NOWOSIELSKI / FOTOLIA

1 Etes- vous «expatriable»?

Partez-vous pour de bonnes raisons? C'est la première question à vous poser. Si une expatriation répond à un projet de développement d'une entreprise à l'international, elle doit également correspondre à vos aspirations professionnelles et personnelles. Il est donc primordial de mesurer votre «expatriabilité». Pour cela, ne vous y prenez pas à la dernière minute. Une expatriation se réfléchit le plus tôt possible, en général un an avant le départ. Afin de connaître vos capacités à accepter un tel projet, n'hésitez pas à solliciter différents points de vue. Bien entendu, votre direction vous fera passer des entretiens de motivation, mais se concentrera en priorité sur vos compétences techniques et linguistiques. Or, l'expatriation n'est pas qu'une question d'affaires internationales. Vous n'expatriez pas votre vie professionnelle sans emporter votre vie personnelle. Certains cabinets spécialisés proposent donc de mesurer votre expatriabilité: analyse de votre profil culturel, compatibilité avec la culture du pays en question, etc. De même, si vous partez avec votre famille, préparez-la psychologiquement au départ. Car, c'est inévitable, un choc culturel aura lieu. Mieux vaut minimiser son impact en l'appréhendant. Là encore, des organismes d'aide à l'expatriation proposent des rendez-vous individuels pour votre conjoint(e) et vos enfants.

2 Définissez votre mission

Vous devez très précisément définir votre mission avec votre direction. Il est, en effet, important de savoir à l'avance sous quelle autorité vous serez placé et de déterminer les moyens dont vous disposerez pour réaliser efficacement votre mission. Assurez-vous de bien négocier les conditions de votre expatriation. Il ne s'agira pas tant de discuter d'une éventuelle augmentation de salaire, mais plutôt de définir des objectifs à réaliser sur place et d'aborder les conditions de vie. Car une fois parti, il vous sera difficile de revenir sur ces modalités.

L'expert

Eliane Karsaklian, présidente d'Ubi & Orbi, un cabinet d'accompagnement des entreprises à l'international

3 Echangez avec vos futurs collaborateurs

Une fois que vous vous sentez en accord avec votre choix, n'hésitez pas à multiplier les échanges à distance avec vos futurs collaborateurs: téléphone, mail, vidéoconférence. Vous vous rendrez vite compte - qu'il s'agisse de la Belgique ou de la Chine - qu'il existe autant, voire plus de façons de communiquer que de pays. Renseignez-vous bien sur les pratiques d'échanges professionnels utilisées. Cela peut vous éviter de commettre quelques impairs qui pourraient vous mettre en porte-à-faux avant même votre arrivée. Pour cela, imprégnez-vous de la culture du pays dans lequel vous allez vivre. Là encore, vous pouvez agir en autodidacte ou faire appel à un prestataire ou aux services d'information des ambassades. L'important étant d'acquérir les outils de décodage de la culture locale. Par exemple, il faut savoir que lorsqu'un homme d'affaires vous dit «oui», il peut tout à fait penser le contraire. Bien entendu, il ne s'agit pas de tomber dans le travers des stéréotypes, prenez toutes ces informations avec du recul.

@ PHOTO-DAVE / FOTOLIA

4 Partez en reconnaissance

Un ou deux mois avant le départ, il est possible que votre entreprise vous envoie sur place, vous et votre famille, pour effectuer un «voyage de reconnaissance» d'une semaine. Cet avant-goût est destiné à vous trouver un domicile si l'entreprise ne dispose pas de logements de fonction sur place. Ce voyage sera également l'occasion de «prendre la température» et d'effectuer vos premiers échanges avec vos futurs collègues, voisins... Le voyage de reconnaissance n'est pas une obligation pour l'employeur. Cependant, afin de minimiser les risques et de vous rendre opérationnel le plus rapidement possible, les entreprises l'accordent facilement. Car l'enjeu de ce repérage est énorme. Les cas de retours anticipés sont relativement fréquents (30 % des expatriations) et sont souvent dus à un manque de connaissance du pays par l'expatrié ou sa famille.

Les rapatriements coûtent très cher à l'entreprise. Les frais (assurances, logement, scolarisation des enfants...) ont souvent été avancés pour l'année. Pour vous aussi, l'avortement de votre expatriation n'est pas sans conséquences: le sentiment d'échec est difficile à surmonter et votre poste ne sera peut-être pas libre lors de votre retour anticipé.

5 Préparez votre retour avant même votre départ

Il ne suffit pas de prendre son billet de retour pour terminer sa période d'expatriation. Tout comme il vous aura fallu réaliser des efforts pour vous intégrer à la culture locale de votre pays d'expatriation, le retour en France vous en demandera autant, sinon plus. Souvent, il est conseillé d'y penser avant même d'être parti. Lors de vos échanges avec votre direction avant le départ, pensez à évoquer votre retour avec votre employeur: serez-vous assuré de retrouver le même poste ou équivalent? Pourrez-vous obtenir une promotion en cas de bonne réussite de votre mission à l'étranger? De même, n'hésitez pas à préciser avec votre employeur les modalités de communication que vous aurez sur place pour contacter le siège. Cela vous sera utile pour vos échanges professionnels, mais également pour rester informé de la vie de l'entreprise. Votre retour sera d'autant plus aisé que vous aurez conservé un lien avec vos supérieurs et vos collaborateurs en France. Enfin, sachez aussi que d'un point de vue culturel et personnel, le retour sera une épreuve. Vous aurez perdu vos habitudes «à la française» et pourrez ressentir un décalage entre vous et votre entourage professionnel et personnel. Attention à ne pas vous mettre à l'écart. Evitez le piège d'imposer le récit de votre expérience à tout le monde, en oubliant que les autres ont continué leur vie pendant ce temps-là.

Le témoignage de Stéphane Camguilhem, directeur commercial de Grospiron: « Une expatriation réussie dépend de sa préparation »

Stéphane Camguilhem est français. Pourtant, à 34 ans, le directeur commercial de Grospiron, société de déménagement, n'a passé en tout et pour tout que 7 années en France. En 2004, il intègre le poste de sales manager pour une entreprise danoise de déménagement: Santa Fe Relocation. Il travaille tout d'abord en Malaisie, puis à Singapour, afin de développer le marché asiatique. Pour préparer ses expatriations, l'entreprise de Stéphane Camguilhem l'a soutenu, depuis les démarches administratives jusqu'à sa recherche de logement. « Certaines sociétés imaginent que l'expatriation consiste à envoyer un collaborateur à l'étranger. Ce n'est pas si simple et la préparation doit être solide. » Pour le directeur commercial, le voyage de reconnaissance est donc primordial: « Il faut aller sur place pour s'imprégner de la vie locale. Soyez attentif alors au coût de la vie. Il arrive souvent que les entreprises sous-évaluent le budget alloué à l'expatriation, du fait d'une méconnaissance du niveau de vie du pays, qui évolue avec le temps. » Le directeur commercial de Grospiron recommande d'effectuer ce voyage d'une semaine en avril ou en mai: « La plupart des missions commencent en septembre. Mais il faut s'y prendre tôt pour trouver un logement Certains profitent du mois d'août pour partir en vacances dans le pays et du même coup effectuer leurs recherches. C'est une erreur car, comme dans toutes les grandes villes, beaucoup de logements sont déjà pris à la fin de l'été. » Ce voyage préparatif pourra notamment être l'occasion de visiter les écoles si vous avez des enfants. « Le réseau des écoles françaises à l'étranger est l'un des meilleurs au monde », remarque Stéphane Camguilhem. « L'effort de préparation est également psychologique, souligne-t-il. Si dans certains pays, comme la Thaïlande ou l'Indonésie, les expatriés occidentaux sont mis sur un piédestal, les populations de pays très industrialisés ne vous accueilleront pas forcément les bras ouverts. » L'expatrié ne doit donc pas s'imaginer être attendu sur place...
Dernier point, il ne faut pas non plus oublier de préparer son retour. « L'expatriation nous change. Il faut accepter le décalage culturel qu'il y aura immanquablement au retour, auprès de ses collègues mais également de son entourage », conclut Stéphane Camguilhem. Le directeur commercial de Grospiron ajoute que dans son cas, il a redécouvert avec plaisir la France, sa culture et ses plaisirs gastronomiques.

A savoir

Comment obtenir un visa?
- Maison des Français de l'étranger: www.mfe.org
- Répertoire des adresses des ambassades et des consulats étrangers en France
- Action Visas: www.action-visas.com Toutes les modalités d'obtention de visas pays par pays
- Visas Express: www.visas-express.fr Source de renseignements sur l'obtention de visas et suivi des demandes

 
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Laure Tréhorel

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