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Bernard Cherqui (Mondial Tissus) : "L'un de nos principaux défis : la réduction énergétique"

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Bernard Cherqui (Mondial Tissus) : 'L'un de nos principaux défis : la réduction énergétique'

Mondial Tissus renoue depuis quelques années avec la croissance, grâce à ses innovations, sa politique commerciale et la tendance au "do it yourself" qui lui est favorable. Bernard Cherqui, directeur général de l'enseigne, revient sur ces choix stratégiques, et évoque les nouveaux défis à venir, dont celui de réduire les consommations énergétiques des points de vente.

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Vous êtes arrivé chez Mondial Tissus en 2014. Quel était l'état des lieux ?

Bernard Cherqui : Aujourd'hui, Mondial Tissus a 41 ans d'existence. A l'origine, il s'agit d'une entreprise lyonnaise, fondée par des industriels producteurs de tissus, qui ont ouvert un magasin, dans lequel il était possible d'acheter des lots de tissus, ainsi que des services de mercerie puisque des couturières y travaillaient. Ce commerce s'est ensuite étendu dans le reste de la France. Cette activité était florissante, jusqu'au début des années 2000. Changement de moeurs, crise économique : l'entreprise a fini par se retrouver en grande difficulté en 2010.

A ce moment-là, Denis Lévy, dont la famille est à l'origine de la création du réseau Franprix, reprend Mondial Tissus, avec toute sa connaissance en matière de retail. Il a redonné un second souffle à l'enseigne, lui apportant vision stratégique et modernisme, notamment à travers de nouveaux outils marketing logistiques et achats. Je l'ai accompagné dans ces missions alors que j'étais consultant, après avoir été moi-même DGA en charge des ressources humaines pour Franprix/Leaderprice.

Puis j'ai été embauché en 2014 chez Mondial Tissus en tant que directeur général. Nous avons alors insufflé une nouvelle dynamique, avec l'ouverture de nouveaux points de vente, et en apportant un concept de merchandising, repensant le sens de circulation des clients en magasin, réaménageant les espaces pour une clientèle qui s'est ouverte à des personnes moins aguerries à la couture que nos clients historiques. Dès lors, l'entreprise a renoué avec la croissance dès 2015.

Quels sont les moteurs de cette croissance ?

Conjoncturellement, nous surfons sur le concept du Do it yourself (DIY), qui a largement connu son essor au début des années 2000 (cf.encadré, ndlr). Afin d'accompagner cette tendance, nous avons instauré dans la quasi-totalité de nos points de vente des ateliers de confection et de réparation de machines à coudre payants, grâce auxquels nous avons formé 30 000 personnes en 2021. Nous proposons également des tutoriels vidéos en ligne, pour apprendre à fabriquer des vêtements et des accessoires soi-même. L'investissement dans ces services permet de répondre à la demande, de nous différencier, mais aussi de fidéliser nos deux millions de clients porteurs de la carte fidélité, et auprès de qui nous menons des actions de marketing ciblées.

En parallèle, nous avons développé notre réseau de points de vente, et lancé la franchise en 2016/2017. Nous avons ouvert une quarantaine de magasins supplémentaires ces cinq dernières années. Cette initiative contribue au soutien de notre activité, que nous poursuivons aujourd'hui à l'international, avec le rachat en 2021 de la chaîne Mondial Textiles en Belgique, ainsi que par le biais d'un partenariat en Espagne.

Et puis nous comptons également avec notre site Internet depuis une douzaine d'années maintenant, depuis lequel nous vendons vers la France, la Belgique, l'Espagne, l'Allemagne et l'Autriche. Nous sommes également en discussion pour un éventuel déploiement dans les départements d'outre-Mer. Depuis ce même site, nous avons développé des services de click & collect, et faisons office de marketplace.

Quelle est la place de l'innovation dans votre stratégie ?

Nous accordons une grande importance à l'innovation. C'est même une obligation, en tant que leader de notre marché. Ce n'est pas un effet d'annonce mais une réalité, autant en termes de chiffre d'affaires que de nombre de magasins en France, et ce depuis l'existence de l'entreprise. Aussi, nous nous devons de rester innovant afin de conserver cette première place. Cela se traduit par un cahier de tendances, le relais des créations postées par des instagrameu(r)ses, en habillement et en ameublement. Nous avons également développé le site Montissu.fr, une plateforme de personnalisation et de création de tissus, depuis laquelle l'internaute peut choisir ses motifs, la matière ainsi que les dimensions du tissu qu'il souhaite ensuite se faire livrer. Côté produits, nous incluons dans nos gammes de plus en plus de tissus bio et/ou Oeko-Tex.

Comment ont évolué le rôle des vendeurs en magasin ?

Nous les amenons vers une approche multicanale. Ils sont désormais équipés d'iPhone, afin d'avoir accès dans les rayons aux commandes et aux historiques d'achats des clients, quel que soit le canal. C'est un véritable changement de métier, qui évolue vers le rôle d'un conseiller qui va à la rencontre du client, pour l'orienter vers les bons produits mais aussi lui apporter des recommandations et des conseils pratiques, voire des démonstrations et de l'aide en atelier.

Quels sont les business modèles extérieurs qui vous inspirent ?

Leroy Merlin est un exemple très intéressant. Nous sommes sur la même longueur d'onde qu'eux. C'est une marque qui a su développer une communauté de gens passionnés et d'amateurs éclairés. Au-delà des ventes, elle s'intéresse à fidéliser, à donner des idées, à conseiller et à faire grandir. C'est selon moi ce qui fait la différence auprès des clients, ce qui les fait revenir auprès d'une enseigne plutôt qu'une autre.

Vous avez un passé professionnel dans les ressources humaines. Quelle influence a-t-il sur votre gestion actuelle de Mondial Tissus ?

Dans un marché de l'emploi tendu, notre politique RH est de miser sur une vision stratégique attractive de l'entreprise, aussi bien pour les recrutements internes que ceux de nos franchisés, qui passent aussi par notre direction des ressources humaines d'ailleurs.Afin d'attirer les talents, nous veillons à répondre aux attentes des collaborateurs, qui sont sensibles au travail en lui-même et au salaire associé bien entendu, mais aussi à l'attachement à la marque, sa promesse. Cela signifie pour l'entreprise de se mettre à nu, d'expliquer ses choix, et d'assurer une cohérence entre le discours tenu en entretien d'embauche et la réalité du terrain.

Depuis quatre ans, vous enregistrez un index d'égalité hommes-femmes de 99/100. Qu'est-ce que cela représente ?

Nous sommes fiers de mener une politique RH qui ne favorise pas moins les femmes que les hommes. Cet indice mesure différents critères pouvant être discriminatoires : la rémunération, le taux de promotion, le taux d'augmentation etc. Les équipes de vente de notre entreprise, tout comme notre clientèle, est essentiellement féminine. Historiquement, 90% des clients Mondial Tissus étaient des femmes. Mais depuis quelques années et notamment depuis la crise du Covid, nous nous satisfaisons d'observer deux tendances : la masculinisation de notre clientèle, désormais à 30% composée d'hommes, ainsi que son rajeunissement.

L'industrie textile est responsable de 10% des émissions de CO2 dans le monde. Comment participez-vous, à votre échelle, à minimiser cet impact ?

Nous sommes en train de développer une activité de seconde main. Les clients pourront ramener leurs vieux tissus, et nous leur proposerons ainsi de participer indirectement à des actions d'upcycling. Par exemple, avec un jean usagé, nous pourrons recréer dans nos ateliers un sac, et le client qui aura déposé cet ancien tissu se verra remettre un coupon de réduction ou un bon d'achat. Ce service va dans le sens d'une économie circulaire, ce qui est important pour nous. Nous avons d'ailleurs remporté, il y a un an, le prix Espoir Grande Entreprise des Trophées de la mode circulaire.

D'autre part, dans une logique environnementale, mais aussi de coût, l'un de nos principaux défis pour l'année à venir est de limiter nos dépenses énergétiques. Face à l'explosion des prix de l'énergie et à l'accélération du réchauffement climatique, nous nous fixons comme objectif de réduire notre consommation de 10% en un an. Cela demande une implication des équipes, et des changements de comportements en matière de chauffage et d'éclairage. Il s'agit donc de bien expliquer aux équipes les enjeux, et de notamment de leur rappeler qu'ils ont aussi un intérêt économique en jeu, par le biais de la participation et de l'intéressement.

Repères Mondial Tissus

- Plus de 40 ans d'existence

- Près de 150 millions d'euros de chiffre d'affaires réalisé en 2021

- 1 200 collaborateurs

- 120 magasins, dont 25 franchises


 
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