Qualité de vie au travail : un atout compétitif pour les entreprises
Et si la qualité de vie au travail (QVT) était la nouvelle arme anti-crise ? Alors qu'il y a quelques années cette dimension des ressources humaines était perçue comme secondaire, elle semble aujourd'hui séduire les entreprises. Mais qu'y a-t-il derrière cette notion et quelles sont ses vertus ?
Je m'abonneLa généralisation du télétravail, la mise en place du chômage partiel et les brusques changements que vivent actuellement les salariés en entreprise ont propulsé la qualité de vie au travail (QVT) sur le devant de la scène. La crise sanitaire se poursuit et, malgré l'assouplissement prochain du télétravail, elle pourrait se révéler comme le remède à bien des maux. Mais, finalement, comment peut-on la définir et que cache cette appellation ? Peut-elle être assimilée au bien-être au travail ? En quoi peut-elle être un levier de compétitivité pour de nombreuses entreprises ? Certains métiers, entre communication et RH, seront-ils bientôt essentiels pour l'impulser ?
La QVT : une dimension des ressources humaines encore peu connue
L'Accord National Interprofessionnel (ANI) du 19 juin 2013 ne donne pas une mais plusieurs définitions de la qualité de vie au travail. Il appartient donc aux entreprises de se l'approprier pour en proposer un champ d'application en interne. Elles peuvent, pour cela, s'appuyer sur trois grands principes fondateurs répertoriés en 2014 par l'Anact (Agence nationale pour l'amélioration des conditions de travail) : les conditions d'emploi et de travail, la capacité à s'exprimer et agir, le contenu du travail.
Tout dépend également du point de vue de la personne concernée : dirigeant, manager, responsable des ressources humaines ou collaborateurs, mais aussi de la perception qu'elle soit individuelle ou collective. Dès lors, faut-il parler de bonheur au travail, sujet qui fait couler beaucoup d'encre ces dernières années ? Dans l'ouvrage La qualité de vie au travail : un levier de compétitivité de la Fabrique de l'industrie, les auteurs défendent la thèse selon laquelle : "Les salariés ne demandent pas aux entreprises de faire leur bonheur, mais d'agir sur ce sur quoi elles ont prise : le travail et son organisation." Il est vrai que le bonheur lui-même est difficile à définir, malgré de nombreuses tentatives philosophiques.
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La qualité de vie au travail serait donc davantage un moyen de changer de prisme avec une perception du travail plus positive, ce qui passe forcément par la mise en place d'une politique d'entreprise dédiée. Mais en quoi, actuellement, cette notion, encore floue pour certains, peut-elle participer à la reprise de l'activité ?
La QVT : arme anti-crise pour les entreprises
L'Anact s'est récemment intéressée aux vertus de la QVT en période de crise. Dans un webinaire organisé le 13 avril 2021, elle a ainsi réaffirmé l'intérêt des principes de la QVT en particulier dans un contexte d'incertitude et de mutation permanente du monde du travail. Pascal Airey, chargé de mission spécialisé au sein de l'Anact, va plus loin en soutenant que "la crise peut même être un point d'entrée dans la démarche QVT".
En effet, le fait de relier la QVT aux performances économiques n'est pas nouveau et a pourtant longtemps été laissé de côté par de nombreux managers. Ses avantages ont fait l'objet de plusieurs études. On peut aujourd'hui en citer les principaux :
- Faciliter le recrutement, l'attractivité et la fidélisation des salariés alors même que les jeunes arrivent sur le marché du travail avec de fortes attentes sur ce volet ;
- Favoriser la motivation des collaborateurs en les transformant en de véritables ambassadeurs. Un enjeu essentiel au regard des chiffres actuels de l'absentéisme, du stress au travail, des démissions et de quête de sens ;
- Permettre le développement des compétences de chaque employé en leur offrant un cadre approprié.
Si la liste est encore longue, l'ouvrage de la Fabrique de l'industrie y apporte une conclusion importante dans le contexte actuel : "QVT et performances peuvent donc se renforcer mutuellement." Une opportunité pour l'après-crise ?
Vers l'entreprise de demain
Ségolène Journoud, responsable du département élaboration des solutions de transfert de l'Anact à Lyon, le confirme : "La crise est un projet de transformation pour nos organisations et, aujourd'hui, la QVT façonne les conditions de travail de demain, d'où l'intérêt de l'ancrer dans tous les projets."
Dans tous les secteurs d'activité, la qualité de vie au travail s'affirme comme le remède pour une entreprise plus compétitive. Elle doit, dès lors, être perçue comme un investissement pour l'avenir. Certaines entreprises l'ont bien compris et n'hésitent pas à recruter des spécialistes du domaine. Ainsi, Chief Happiness Officer, responsable marque employeur et bien d'autres métiers apparaissent aujourd'hui en France.
Entre la communication et les RH, ils révolutionnent le quotidien des salariés en apportant une vraie réflexion sur la QVT et des indicateurs mesurables. L'objectif : élaborer une stratégie véritablement efficace et remettre l'humain au coeur de l'entreprise.
Il est essentiel pour les entreprises de s'emparer du sujet. C'est le bon moment pour le faire si l'on souhaite garder une longueur d'avance sur ses concurrents et s'assurer une sortie de crise réussie.
Pour en savoir plus
Régis Micheli, est fondateur et président d'Oktogone Group, société holding dédiée à la formation et à l'emploi à l'ère du digital. Il a créé en 2002, VISIPLUS (Organisme de formation à distance), OTILY (agence digitale), puis l'ISCOD (l'école de commerce 100 % en ligne et 100 % en alternance), aujourd'hui réunies sous une seule et même entité : OKTOGONE Group.