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PSA – 8 000, Audi + 8 000 !

Publié par le | Mis à jour le
Laurent Goulvestre, formateur et conférencier pour les entreprises.
Laurent Goulvestre, formateur et conférencier pour les entreprises.

Alors que PSA annonce un plan de suppression de 8 000 postes, Audi aura versé 8 000 euros de dividendes à ses 42 000 salariés en 2011 ! Un contraste qui soulève quelques questions que Laurent Goulvestre, formateur et conférencier auprès des entreprises, analyse à la fois avec humour et sérieux.

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Comme vous le savez déjà, PSA va supprimer 8 000 emplois et les médias nous le répètent 24 h sur 24 à chaque journal télévisé. Comme vous le savez déjà aussi, le monde va mal, il n’y a pas de doute à cela ! C’est la crise, la crise, chaque midi et soir, aux journaux télévisés de 13 h et de 20 h, nous avons ainsi notre séance d’endoctrinement pour en être convaincus… Ah ! Et puis il y a aussi ces Chinois, ces Indiens et maintenant ces Brésiliens qui connaissent un PIB annuel à nous faire pâlir, ce sont eux les responsables ! Ce sont eux les responsables de notre mal-être, eux nos maux occidentaux qui déstabilisent le monde et qui consomment nos richesses. Le monde va mal…

Et si, avec un peu de recul et surtout de curiosité, nous osions aller voir, non pas les pays cités ci-dessus, mais les pays plus proches de chez nous, comme l’Autriche, les Pays-Bas, la Suède, la Turquie ou encore l’Allemagne… Et si nous allions voir surtout leurs industries, l’un des indicateurs les plus pertinents qui soient pour mesurer la santé économique d’un pays. Car il n’y a que les entreprises et les ressources naturelles d’un pays qui font sa richesse ! Quand au moins l’un des deux va bien, le reste va aussi globalement bien…


L'exemple Audi

Je vous propose de nous focaliser sur Audi, marque allemande reconnue et préférée des Français d’après un sondage TNS Sofres 2012, pour analyser et comprendre si le marché de l’automobile va mal, comme nous le laisse sous-entendre les médias avec le cas de PSA.

Tout d’abord, il faut savoir qu’Audi était au niveau de PSA dans la perception de la qualité de ses voitures dans les années soixante-dix et que comparer leurs évolutions, contrairement à ce que l’on pourrait penser, a du sens. La rupture avec les marques généralistes (Renault, Peugeot, Citroën) s’est faite en 1973, date de la première crise pétrolière où les marchés se sont tendus et où Audi est passée à la vitesse supérieure pour rejoindre peu à peu les marques premium comme BMW et Mercedes.

Aujourd’hui, Audi connaît une évolution de son chiffre d’affaires mondial de 25 % par rapport à 2011. Sa marge brute est en hausse de 66 % pour des prix de voiture de 100 % supérieurs à ceux de PSA (40 000 € contre 20 000 €). Pour ce qui est de PSA, ce dernier a encore diminué ses marges en augmentant les remises, pour essayer de remonter la pente tant bien que mal. Renault, logé à la même enseigne, poursuit cette politique de baisse des prix depuis un peu plus longtemps avec Dacia…


Apprendre à se remettre en cause

Mais alors que se passe-t-il ? Les marques françaises sont-elles condamnées à décrire une courbe inverse à celle des Allemands ? La crise ne serait-elle par pour tout le monde ? Ne savons-nous pas vendre nos voitures ? Ne savons-nous pas produire ? Ne savons-nous pas innover ? Les ingénieurs de PSA seraient-ils moins intelligents que ceux d’Audi ?

La réponse est évidemment négative et ces propos sont forcément déplacés et provocateurs. Mais non, ce n’est pas là qu’il faut chercher… Ce n’est pas non plus la faute du marché, comme les politiques nous l’ont maintes fois répété. Zut, c’était bien pratique…

Le problème est ailleurs… Il est complexe, mais il est bien là en face de nos yeux pour ceux qui veulent bien les ouvrir.

Le problème est dans la cohérence collective et la faculté de s’ouvrir, la faculté d’accepter qu’il existe d’autres réalités et enfin la faculté de rechercher en permanence l’excellence dans les produits fabriqués ! Le vrai problème est un problème culturel, mais ça on ne vous en parlera jamais, car je pointe ici du doigt quelque chose d’inacceptable pour notre culture jacobine : la remise en cause de soi-même et non des autres, du marché !

La “cohérence collective”, tout d’abord, pour travailler ensemble, sans recherche de pouvoir, sans hypocrisie individuelle, sans jeu de rôle. Il y a peu de carriéristes chez Audi. Les managers travaillent en cohésion parfaite et les idées sont partagées par tous, vers et pour l’entreprise. Les syndicats et le patronat font les efforts nécessaires pour s’entendre dans leurs décisions, car ils savent qu’ils en bénéficieront tous les deux. Ils ne fonctionnent pas par opposition frontale et confrontation stérile systématique, mais par adaptation… Il n’y a pas de lutte des classes, comme en France, de jeux de pouvoir qui n’aboutissent à rien, sauf à légitimer ceux qui en sont à la tête. Chez Audi, l’affrontement de ce type n’a pas de sens.

La “faculté de s’ouvrir”, car la curiosité et l’acceptation de la différence permettent de faire mieux et plus grand. Il n’y a pas de tour d’ivoire, ni de manager inaccessible. Toutes les relations sont vraies et sincères. Observer sans interpréter, sans critiquer de façon systématique permet le partage, l’acceptation et la fusion des idées. Des idées mieux partagées deviennent ainsi plus sûres et plus fiables.

La faculté d’accepter qu’il existe d’autres réalités et la recherche de l’excellence. Tout est ici mieux construit, mieux fini, car les réalités ont été partagées. Ce dernier point est le plus précieux : le partage et la fusion des compétences de chacun, le respect, le goût pour les choses bien faites, constituent les bases essentielles de l’excellence.

Ces notions collectives, ces échanges vrais vers un consensus, cette recherche de l’excellence, ont permis à Audi de connaître des ventes exceptionnelles ces dernières années. Audi aura, tenez-vous bien, distribué à ces 42 000 salariés en 2011, plus de 8 000 euros de dividendes !
– 8 000, + 8 000, et si la cohérence collective était la clé ?

Bio express

Auteur, formateur et conférencier, Laurent Goulvestre intervient dans les groupes industriels à travers le monde. Il donne aussi des conférences pour les grandes écoles comme HEC, ainsi que des MBA en Chine, en Inde et au Brésil. Il travaille depuis plus de 12 ans pour PSA et Audi.

 
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