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[La question] Travailler avec son pote, est-ce le meilleur moyen de le perdre ?

Publié par le - mis à jour à
[La question] Travailler avec son pote, est-ce le meilleur moyen de le perdre ?

Chaque mois, Alexandre des Isnards revient sur une question clé, celle qu'on n'ose pas vraiment formuler à voix haute mais qui divise, forcément. Alors, travailler avec son meilleur ami, est-ce une fausse bonne idée ?

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Diner chez les Fontanelle. Comme d'habitude, c'est sympa. Vient le moment de la tisane. Votre vieil ami Stéphane s'approche de vous avec sa tablette et vous inflige quelques slides. " T'en penses quoi ? " A 23h un jeudi soir ? Une envie de bailler. Mais il est insistant et quand il voit que vous vous projetez accélère : " Ça te dirait de le faire avec moi ? On s'associe. Avec tes contacts, ça peut aller très vite. "

Son projet d'appli disrupte. C'est clairement un must have. Faudra être time to market sinon des gros copieront l'appli, mais le business plan vous plait. Le tour de table est évident. Vous êtes aux taquets mais inquiet. Travailler avec Stéphane tous les jours risque d'être stressant. C'est un agité impatient. Tout le contraire de vous. En plus, les repas du jeudi soir sont votre bulle d'air et maintenant Steph va vous parler boulot. Vous regardez sa femme fumer dehors avec la vôtre. C'est la ministre des finances de leur couple. Ça risque d'être tendu tout ça.

On rencontre tous des Stéphane et parfois on se lance avec eux.

Or, un ami véritable ça compte, mais un ami rentable, est-ce possible ?

Difficile de répondre. Les témoignages se contredisent. Une enquête du New York Times révèle qu'on préfère confier sa bonne idée à un ami car on a confiance en lui. Mais une amie me raconte qu'elle a préféré soumettre son POC à des pros : " Un oeil objectif vaut mieux qu'un encouragement hypocrite. " Qui croire ?

Entre amis, on se parle franchement et on se comprend à demi-mot. Ça facilite les rapports et permet d'aller vite. Soit, mais le contraire est vrai. Des amis cofondateurs vont atténuer leurs confrontations par peur de se brouiller, ni oser se donner de consignes par peur d'installer un rapport hiérarchique, incompatible avec une amitié.

Avec bon sens, on peut s'accorder à dire que les questions délicates comme le partage des profits (ou des pertes) ou le partage du travail (" Je fais tout le boulot ") intoxiquent les associations. C'est valable pour tout business, mais là une amitié est en jeu. Et on parle d'un ami de coeur. Pas un faux ami sur Facebook qui signifie " contact ". Un ami qu'on peut appeler sans small talk pour discuter foot ou confier sa tristesse. Perdre un tel ami serait sa plus grosse perte. Mais, vivre une aventure entrepreneuriale avec un tel ami peut aussi être magique. On est encore à la case départ.

Alors oubliez l'amitié, parlons de rencontre. On cherche souvent quelqu'un qui correspond à ses attentes. Et s'il fallait faire l'inverse ? Et si la personne que vous rentriez était justement celle que vous n'attendiez pas ? Pire, celle que vous n'approuviez pas ? Mick Jagger et Keith Richards ont des conceptions opposées de l'amitié. Keith donne tout à ses amis, avec les risques que cela comporte. Mick ne fait confiance à personne. Tout le monde s'accorde à dire qu'ils forment un bon tandem.


Alexandre des Isnards est auteur et storyteller. Il décrypte le monde du travail depuis sa sortie de L'open space m'a tuer en 2008. Avec son associé Charles de Saint Remy, il fonde en 2019 Winner Inc., un studio de storytelling. Leur devise : " la transformation digitale par le sourire. "


 
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