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Armor Lux met en lumière sa démarche RSE

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Armor Lux met en lumière sa démarche RSE

Dans un secteur et à une époque où la délocalisation fait des ravages, Jean-Guy Le Floch et Michel Guéguen décident de reprendre et développer une petite bonneterie de Quimper... Aujourd'hui, Armor Lux, plus qu'un fleuron breton, est une success story à la française.

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Marinière, nom féminin : blouse sans ouverture devant et qui descend un peu plus bas que la taille. Aujourd'hui, c'est l'une des pièces les plus emblématiques du vestiaire contemporain. Pourtant, elle revient de loin.

Lorsque Jean-Guy Le Floch et Michel Guéguen reprennent, en 1993, la Bonneterie d'Armor, une entreprise emblématique localement créée en 1938, la marinière est un vêtement comme un autre, presque passé de mode. Les deux dirigeants font le choix, assumé, d'inscrire visuellement la pièce dans le logo de l'entreprise. Il faut comprendre alors que l'image de la Bretagne se limite à Bécassine. " Donc la marinière et tous les vêtements historiques bretons sont peu prisés, explique Jean-Guy Le Floch, qui a occupé les postes de directeur financier puis de directeur général du groupe Bolloré entre 1984 et 1993. Alors nous avons pris le contre-pied de tout ça. " Si bien que de 5 000 pièces annuelles, le compteur affiche désormais quelque 500 000 blouses fabriquées.

Se relever

Comment parvient-on à ce petit miracle de l'industrie textile en France ? Sans doute grâce à un esprit acharné, persévérant, qui habite ces entrepreneurs entièrement engagés pour leur activité et leur territoire. Pour preuve, cet épisode malheureux de décembre 2000, lorsqu'une inondation détruit le site historique d'Armor Lux à Quimper. " Nous décidons alors de déménager l'entreprise, mais de ne rien délocaliser ", explique Jean-Guy Le Floch.

Sur les hauteurs de la ville du Finistère, est créée " une nouvelle usine plus efficiente en termes de production et d'organisation en général, tout en offrant plus de confort aux salariés ", selon la description du dirigeant. L'enjeu est de taille : Armor Lux est le plus important employeur de la ville et les efforts pour développer la renommée de l'entreprise commencent à payer.

Depuis 1998, la marque se diversifie dans le vêtement professionnel et habille les agents de La Poste de pied en cap. Un premier pas dans la filière qui permet à l'entreprise de concourir à d'autres marchés professionnels, lesquels pèsent désormais plus de 35 millions d'euros (sur un chiffre d'affaires total annuel de 95 millions). Aussi, lorsque les événements de 2000 surviennent, les entrepreneurs se permettent de revoir leurs ambitions à la hausse. Avec le soutien de la Ville et une aide de l'Europe (à hauteur de 17 % de l'investissement), l'entreprise se dote de trois entrepôts modernes : " Cela nous a permis d'acquérir une nouvelle dimension en termes de logistique, ce qui se révèle plus qu'utile à l'heure où la consommation bascule sur le numérique. "

Reconnaissance

Mais avant ce virage marquant, Armor Lux fait un autre pari décisif avec un travail d'évaluation de l'ensemble des activités de l'entreprise.

Habilitation Afaq 26000 niveau exemplaire, Iso 14001, labels Gots (coton bio) et Max Havelaar (Armor Lux et le 2e acheteur de coton équitable en France), certification Oeko-Tex 100... " C'est vraiment un élan sur lequel nous avons commencé à insister très fort à partir de 2014, précise Jean-Guy Le Floch. Cet ancrage dans la RSE est extrêmement important, non seulement pour les grands donneurs d'ordre entreprises, mais aussi pour le particulier qui est de plus en plus sensible au contenu éthique et chimique des vêtements qu'il achète. "

Avec un choix de fibre et un scrupuleux contrôle de chaque lot, Armor Lux veille ainsi à injecter une qualité absolue dans ses vêtements " qui ne boulochent pas ! ", précise le dirigeant. Un savoir-faire reconnu mondialement au vu du nombre et de la diversité de collaborations : Fago, Cyrillus, Jott, Kickers, Flip-Flap (marque bretonne adaptée aux enfants autistes)... et dernièrement, Marc Jacobs. " C'est un bond vers le haut, car quand un grand créateur nous demande de fabriquer des pulls marins très haut de gamme, cela signifie qu'il reconnaît la qualité de nos produits et qu'il nous fait confiance, souligne le patron. Nous sommes très heureux de collaborer avec une telle griffe qui rayonne partout dans le monde entier et nous permet d'exporter. "

Précieux réseau

Armor Lux peut aussi compter sur le tournant pris dès 2010 avec le lancement de son site de vente en ligne. Dix ans plus tard, dans un contexte sanitaire et économique plus qu'incertain, c'est ce qui a permis de sauver l'activité avec une explosion des ventes de près de 35 %.

" Pour les dirigeants que nous sommes, Michel et moi, 2020 a été un long de chemin de croix. Tous les jours pratiquement, il fallait réévaluer la situation et être extrêmement agiles " , confie Jean-Guy Le Floch. Concrètement, l'entreprise organise, d'une part, la mobilité des salariés de l'atelier et des ventes au secteur logistique, et d'autre part, la fabrication de masques (6 millions d'euros de masques en tissu UNS1 sortent des usines). " Cela a permis d'alléger le chômage partiel et de ne pas sortir meurtris de cette année qui a été, pour le textile, assez dramatique. " Autre levier non négligeable : la distribution. Malgré la fermeture des magasins à 18 h et un état de souffrance des petites boutiques indépendantes, Armor Lux peut compter sur son réseau de 80 points de vente intégrés et affiliés. Deux ouvertures sont programmées pour 2021 (Quiberon et Versailles) et la boutique phare parisienne va même doubler de surface.

Traçage

Concernant les prochain défis à relever, Jean-Guy Le Floch est affirmatif, cela passera par " une accélération de la RSE, encore et toujours plus ". Il précise : " Le consommateur a besoin d'être extrêmement bien informé. Un groupe de travail étudie le sujet pour la marque. Il sera sans doute question de compléter les informations sur nos étiquettes, éventuellement sous forme de QR codes pour tracer tout le vêtement. "

L'autre enjeu se situe sur le terrain des ventes en ligne avec des recrutements, un investissement à hauteur de 1,5 million d'euros dans la modernisation et l'automatisation du système logistique et l'ambition de faire + 20 à + 30 % en 2021.

Enfin, côté produits, Armor Lux élargit ses gammes, avec davantage d'accessoires et de décoration marine RSE (fabrication intra-européenne). Une trentaine de références sont proposées depuis le début de l'année et l'offre devrait rapidement se développer. " Nous voulons donner à la marque un nouveau visage et la sortir du simple univers textile. Notre volonté est d'élargir le champ de vision du consommateur pour faire d'Armor Lux une marque haut de gamme et qualitative ", conclut le dirigeant. Visionnaire sur la marinière, Armor Lux pourrait sans doute aussi faire des étincelles sur l'univers de la maison.

Armor Lux

Prêt-à-porter et accessoires

Quimper (Finistère)

Jean-Guy Le Floch, président, 67 ans ; Michel Guégen, directeur général, 66 ans

SAS > Création en 1938 > reprise en 1993 > 600 salariés

CA 2020 : 95 M€


 
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