Vendeur, un film à voir ?
Gilbert Melki joue à l'écran le rôle d'un cador de la vente. Un thème peu utilisé dans les films français et qui est au coeur de ce long métrage, au point de s'appeler tout simplement Vendeur. Nous avons pu le voir en avant-première avant sa sortie officielle le 4 mai. Voici notre analyse.
Je m'abonneLa vente, au coeur d'un film français, est suffisamment rare pour qu'Action Co prenne le temps d'y regarder d'un peu plus près. D'autant que pour un premier film d'un jeune réalisateur (Lire l'interview de Sylvain Desclous), choisir cet univers n'est pas anodin et marque la volonté de Sylvain Desclous de se lancer sur une thématique riche en histoires et anecdotes. Pour autant, et le réalisateur l'avoue sans le cacher, le film n'est pas un documentaire, et les codes du cinéma sont largement exploités.
Vendeur, qui se déroule sur 1h29 obéit donc à la règle... A commencer par Gilbert Melki, qui campe un très bon vendeur de cuisine, dont on ne sait plus très bien si sa caractéristique première est de fumer et de boire beaucoup ou si c'est le fait de consommer de la coke et de donner rendez-vous à des call-girls. Une vision forcément excessive qui rapproche finalement ce personnage de vendeur itinérant à ces rocks stars en tournée qui brillent sur scène de mille feux avant de retrouver l'anonymat et la solitude d'une chambre d'hôtel de province...
Pour autant résumer le film à cela, serait dommage et surtout réducteur... même si à l'image de Gilbert Melki, vous n'auriez peut-être pas envie que votre fils fasse ce métier afin de ne pas tomber dans les mêmes travers... travers d'ailleurs qui peuvent se retrouver dans de nombreux métiers... Le film rappelle simplement que tout est une question d'équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. Et toute la question est finalement de savoir s'il est possible d'être un bon vendeur sans sacrifier sa vie de famille...
Au-delà d'une certaine liberté de ton et de point de vue, le film a le mérite de mettre en lumière certains aspects de la vente. Et si Sylvain Desclous montre que l'on peut devenir vendeur sans formation initiale et bien gagner sa vie, il rappelle qu'il est impossible d'y exceller sans méthode, sans rigueur, sans une prise de conscience que le produit importe moins que le client ou que la satisfaction de ce dernier. Et Gilbert Melki d'expliquer dans le film toute l'importance de raconter une histoire, d'être en empathie avec le client, de découvrir dans le couple celui qui au final prendra la décision... Ou encore dans une autre scène, de voir Pio Marmaï, jeune vendeur, répéter ses répliques, ses arguments comme le ferait un acteur avant de monter sur scène... La vente s'apprend et n'est en rien innée !
Sylvain Desclous nous plonge dans un métier qui a ses codes, son univers, qui peut désarçonner nombre de personnes, comme lors de cette séance de coaching où les vendeurs, en cercle, crient : " Je suis quoi ? Le meilleur ! ". Un esprit de corps que l'on retrouve dans l'univers du sport, même si cette team, soudée jusqu'alors, verra ses membres s'affronter quelques moments après pour être le meilleur commercial. Ce n'est plus seulement un jeu, c'est une question de reconnaissance, de fierté, de lutte d'égo.
C'est âpre. C'est viril. Ça a le mérite d'être montré, d'être filmé. La vente récompense les meilleurs et pousse vers la sortie les autres... La vente n'est ni facile, ni un univers de bisounours. C'est parfois un combat, une remise en question permanente à chaque négociation... et comme dans tout univers, certains sont fait pour cela, à l'image de Gilbert Melki qui s'y donne à fond, trop au point d'être dans l'excès, quand d'autres s'y cassent les dents.
Lire aussi : [TAC 2024] Cegid accélère son internationalisation
Alors bien sûr, on aurait aimé peut-être voir des vendeurs moins caricaturaux, plus ancrés dans le monde d'aujourd'hui, utilisant des tablettes et des appli 3D pour modéliser leurs produits, travailler en mode collaboratif sur des projets, utiliser les réseaux sociaux dans une approche peut-être moins brutale, modéliser leur chiffre d'affaires, montrer que des managers sortent des plus hautes écoles de commerce et de management... bref montrer que la vente a énormément évoluée ! Mais peut-être qu'au cinéma ce n'est pas assez vendeur...
Découvrir la bande annonce
A lire:
L'interview du metteur en scène Sylvain Desclous : " J'entube personne : je vends juste quelque chose à quelqu'un qui en a besoin "
En complément :
Le monde de la vente en 10 films
5 films pour former son équipe à la vente
Lire aussi : Recruter des commerciaux en faisant témoigner ses commerciaux, l'approche gagnante de Saint-Gobain
Quand la négociation fait son cinéma