La pause, vecteur d'efficacité et de satisfaction collaborateur
La pause peut être un véritable atout pour l'entreprise et le collaborateur. Vecteur d'efficacité, de bien-être et de créativité, elle illustre l'entrée dans de nouveaux modes de travail. Les entreprises de demain doivent la favoriser par les aménagements et le soutien du management.
Je m'abonneSouvent décriée, la pause au travail revient dans les débats. Signe d'indolence ou véritable atout managérial, les avis divergent. Les études démontrent pourtant ses apports à l'entreprise et au collaborateur. Plus qu'une initiative personnelle, la pause doit être valorisée par le management et prise en compte dans les espaces de travail.
Définie comme la " suspension momentanée d'une activité pour permettre le repos ", la pause a mauvaise presse en France. Elle regroupe les idées de pause-café, pause-déjeuner, pause cigarette, sieste, temps de détente... pendant lesquelles le collaborateur ne rend pas compte de son activité. Elle est alors vue comme une expression de fainéantise.
D'autres pays ont une autre vision des choses : la Chine a inscrit la sieste dans sa Constitution, pour les Américains, la pause passe pour un moment de repos après un effort intense, un signe indirect d'activité.
En France, les collaborateurs n'osent souvent pas utiliser les espaces de pause lorsqu'ils existent par peur des remarques(1) et par culpabilité, alors qu'ils restent, par exemple, attachés à la pause-café : 84% la jugent importante et 47% commencent la journée par cette courte pause(2).
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Alors que les générations Y et Z demandent du sens et plus de relationnel au bureau, les entreprises peuvent-elles continuer à conspuer la pause ?
La pause profite aux entreprises comme aux collaborateurs
Des études ont prouvé que la productivité est favorisée par des phases de concentration et d'action courtes, ponctuées de pauses. La capacité de concentration faiblit au fur et à mesure du temps et le fractionnement des tâches permet de pallier cette fatigue. Une étude de la Nasa montre même qu'un collaborateur ayant bénéficié d'une courte sieste serait de 35% plus productif et créatif. La condition : que la sieste ne dépasse pas 20 minutes. C'est pourquoi, on note le développement de bars à sieste et de concepts tels que le power-nap aux Etats-Unis.
Le second atout des pauses est de décupler les réseaux de communication informelle : aux temps de travail s'ajoutent ces moments informels, qui permettent de faire circuler l'information. Les entreprises ont pu mesurer cet effet lors du confinement, avec une forte baisse de la communication informelle interne, ce qui les a contraintes à fonctionner sans ou à trouver d'autres canaux, moins efficaces pour la plupart.
La valorisation des temps de pause, leur accompagnement par les aménagements et la déculpabilisation du management permettent à l'entreprise d'afficher ses valeurs, sa culture d'entreprise et la modernité de ses modes de management. Fini la vision présentielle et stricte du travail, ce que travaillent les start-up et Gafa qui montrent leur dynamisme et développent leur attractivité via la pause.
En plus des bienfaits de la coupure entre deux travaux, la pause participe au bien-être des collaborateurs grâce au respect du rythme de chacun et à la possibilité de changer d'espace. Certaines entreprises réfléchissent leurs espaces afin de favoriser la circulation des salariés dans les locaux, ce qui est meilleur pour la santé qu'une position statique prolongée.
La création de moments de qualité seul ou en groupe accroissent la satisfaction des collaborateurs, renforcent l'esprit d'équipe et impliquent davantage les personnes dans leur travail. Elles sont appelées à être plus autonomes et responsables de leur temps. En outre, les interactions humaines en face à face réduisent le sentiment d'isolement (59% des salariés se sentent parfois isolés(3)).
Quelles sont les différentes initiatives des entreprises et les éléments à retenir ?
Tous les types de pause sont à valoriser (repos/ partage), mais chacun répond à des besoins spécifiques. La mise en valeur des espaces de pause passe par l'aménagement, mais aussi par le mobilier. La création de ces espaces doit être accompagnée de deux éléments : une déculpabilisation de leur utilisation par le management et l'esprit d'entreprise et un partage de la vision de ces espaces (utilisation, règles).
Les lieux de repos concentrent des éléments communs : des assises confortables, des couleurs apaisantes, une musique calme ou peu de bruit, un retrait par rapport aux espaces communs pour déculpabiliser leur utilisation. Les lieux de partage favorisent la diffusion de l'information, la créativité et le développement de l'esprit d'équipe. Elles sont ludiques, cosy, et encouragent les échanges et l'émulation de groupe. Elles se caractérisent par une décoration colorée, une situation en retrait qui permet de limiter les impacts acoustiques. A noter, deux pistes qui peuvent être utilisées pour enrichir les espaces de travail et y apporter une respiration : l'art (pour la créativité et la détente) et la végétation ( -20% de fatigue, +15% de créativité(4)).
La pause a donc des vertus que les entreprises auraient tort de ne pas exploiter : facteur d'efficacité, créativité, bien-être, motivation, esprit d'équipe... Même si la France a encore du chemin à faire autour de ces moments de pause, certaines initiatives commencent à émerger. Pour être efficaces, elles doivent correspondre aux profils des employés et être alignées avec un changement des modes de management et une transformation des espaces. Les choix de localisation, des équipements, du mobilier, de la décoration sont des paramètres clefs à travailler selon le type de pause souhaité.
La pause signera donc la fin des bureaux à l'ancienne, les entreprises devant travailler la flexibilité, l'adaptation aux usages et aux besoins et la transformation du management pour rester attractives.
Pour en savoir plus
Quitterie Miriel est consultante au sein du groupe Square. Après plusieurs années dans les études en contact avec de grands noms de l'agroalimentaire pour comprendre leur univers marché et piloter leur stratégie, elle accompagne un client sur des problématiques d'aménagement des espaces et leur impact sur les modes de travail.
[1] 28% se le font reprocher - Etude réalisée par le site www.jassure-mon-entreprise.com, un comparateur d'assurance d'entreprises, qui a réalisé un sondage auprès de 2453 salariés non cadres sur leurs habitudes de pause-café.
[2] Etude Ifop pour Nescafé - Le rôle sociétal du café en entreprise - fin 2012
[3] Etude Ifop juin 2019 - L'impact des relations sociales sur le bien-être au travail - PARIS WORKPLACE
[4] V. Lorh et Pr. Robert Ulrich