Recherche
Magazine Action Commerciale
S'abonner à la newsletter S'abonner au magazine

Les sportifs font-ils de meilleurs managers ?

Publié par Aude David le - mis à jour à
Les sportifs font-ils de meilleurs managers ?
© pressmaster - Fotolia

Dans la société actuelle, chacun est incité à pratiquer du sport régulièrement et à s'y épanouir. Mais le sport a-t-il des répercussions sur le cadre professionnel ?

Je m'abonne
  • Imprimer

Des qualités de sportif aident-elles à mieux manager ? La conduite d'équipes au travail permet-elle de mieux gérer ses entraînements de sportif et d'améliorer ses performances ? Thibaut Bardon, professeur à la Audencia Business School, et François-Réfis Puyou, professeur à l'université écossaise de Saint-Andrew, ont suivi 33 managers et dirigeants par ailleurs sportifs de haut niveau, essentiellement des marathoniens, pour analyser la relation entre leur travail et à leur pratique sportive.

Équilibre vie privée / vie professionnelle

Il apparaît dans l'étude que la pratique intensive d'un sport de haut niveau permet aux managers de trouver un équilibre entre leur vie personnelle et professionnelle : leurs entraînements étant nombreux et réguliers, cela leur permet de s'imposer des heures de pause dans leur travail, de diminuer leurs horaires de présence, et de ne pas être que des managers.

"Pour certains, cela permet même de trouver un équilibre par l'excès, explique Thibaut Bardon. Plus ils travaillent, plus ils courent, et inversement". La course peut devenir tellement addictive, qu'inversement, quand leur rythme d'entraînement diminue, ils deviennent beaucoup moins performants. Cela leur évite en tous cas la sensation que leur travail cannibalise l'ensemble de leur vie, et leur permet de se réaliser dans un autre cadre que celui professionnel.

"La course devient aussi un vecteur de performance personnelle et les aide à être plus concentrés. Par ailleurs, elle leur permet parfois de trouver la solution à des problèmes complexes pendant leur effort", développe le chercheur. Les managers de l'étude affirment dans l'ensemble que leur pratique sportive les rend plus performants, plus détendus, plus à l'écoute, plus concentrés, plus endurants, et améliore leur pratique managériale dans son ensemble.

Le sport de haut niveau agit aussi sur l'esprit des participants comme une soupape de décompression, notamment en leur permettant de se décharger de la pression qui pèse sur eux.

Une image de battant

En plus de l'effet qu'a la course sur les performances de manager, le sport de haut niveau peut créer une connivence au sein d'une entreprise. "Une dirigeante nouvellement arrivée dans une entreprise a été présenté au conseil d'administration en précisant qu'elle courait le Marathon en tel temps", explique le chercheur d'Audencia.

Les managers sportifs interrogés dans l'étude projettent souvent une image différente d'autres managers. Ils peuvent être vus comme plus persévérants ou plus pugnaces. Plusieurs managers de l'étude affirment être perçus différemment par leurs équipes de par leur pratique sportive, et des références à la mythologie des "super managers" capables d'accomplir des exploits.

Risque de discrimination

La pratique du sport peut donc booster une carrière, mais elle peut aussi conduire à un comportement discriminant vis-à-vis de ceux qui n'en font pas. "Les managers très sportifs regardent différemment, plus positivement, ceux qui font aussi beaucoup de sport. Il y a un vrai risque de discrimination, souvent involontaire", affirment les chercheurs.

En effet, certains de ces managers associent automatiquement à la pratique sportive certaines qualités, qu'elles soient démontrées ou non, et vont en tenir compte dans leur recrutement. Mais ils ne le font pas de manière consciente. Sans arrière-pensée, ils peuvent aussi recourir au sport comme moyen de motivation et de cohésion d'équipe, avec là aussi le risque d'écarter des salariés peut-être très compétents dans leur domaine mais qui peuvent ne pas être sportifs du tout.

Pour Thibaut Bardon, il est intéressant de mettre ces comportements en lien avec l'idée répandue dans la société actuelle que pour être performant au travail, il faut se discipliner dans sa vie. Ce qui explique par ailleurs l'explosion du business du développement personnel, ou la discrimination plus ou moins inconsciente de personnes perçues comme n'ayant pas assez de discipline personnelle, que ce soient les personnes pas sportives ou les personnes obèses.

"Cela fait écho à notre société hygiéniste, au syndrome du bien-être, où l'hygiène de vie devient un impératif. Mais il serait aussi intéressant de s'intéresser à des gens dont l'hygiène de vie ne correspond pas à ce qui est attendu d'eux dans le domaine professionnel ", conclut Thibaut Bardon.


 
Je m'abonne

NEWSLETTER | Abonnez-vous pour recevoir nos meilleurs articles

La rédaction vous recommande

Retour haut de page