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DossierArrêtez de vendre mais aidez vos contacts à acheter

Publié par Olga Stancevic le

2 - Positionnez-vous en "business partner"

Exit, l'envoi de propositions commerciales machinales, l'argumentaire produits standardisé, la relation clients court-termiste. Aider à acheter passe par une co-construction et des liens suivis et enrichissants pour les deux parties.

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Une relation forte. C'est le but à atteindre vis-à-vis de son client, pour tout commercial qui veut pratiquer la vente-conseil et aider celui-ci à acheter. Benjamin Floquet, fondateur de la société de conseil Analyz Consulting, rappelle : "Il y a une différence entre vendre un produit banalisé, par exemple un lave-linge pour lequel le client a exprimé un besoin clair, s'est bien renseigné et qu'il commande éventuellement sur internet sans l'aide d'un commercial, et la vente à valeur ajoutée. Dans ce dernier cas, c'est au vendeur de trouver le besoin spécifique du client, ce qui n'est pas facile et nécessite une grande écoute, de l'empathie et de l'habileté. Il faut également ne pas rester focalisé sur un produit en particulier, mais adapter son offre."

De cette relation humaine entre le commercial et son interlocuteur (prospect ou client) naîtra la confiance et un lien durable, gage de ventes à long terme et quels que soient les aléas du marché. Ce qui, en période de pandémie, est appréciable. Pour Charles Vérot, managing director de Mercuri International France : "Il est nécessaire de mettre en place un véritable pilotage avec le client, pour lui adresser le bon service, en lien avec toute l'information que l'on collecte au fur et à mesure de la relation."

Pour être au fait de l'environnement du client et de ses besoins, il est donc nécessaire de mener une campagne de sensibilisation auprès des publics concernés par votre offre en interne : directeur technique, services généraux ou tout autre opérationnel utilisateur et éventuellement prescripteur de la solution. Cette sensibilisation, ou influence d'avant-vente, permettra de vendre un peu plus cher, car dans une consultation, les offres proposées se tiennent généralement dans un même ordre de prix. Un fournisseur qui fait la différence en ayant marqué les esprits en interne met toutes les chances de son côté.

Un partenariat transparent

Il s'agit par exemple de rassurer le directeur qualité sur la fiabilité des matières premières, le directeur juridique sur la conformité de la fabrication avec le devoir de vigilance de la société en matière de respect des droits humains, etc. "Les acheteurs professionnels se trouvent soumis à un nombre croissant de contraintes, souligne Laurent Carayon, président de JP Tricard conseil, consultant en dynamique commerciale. En plus des enjeux primaires de l'achat, ils doivent répondre aux exigences de RSE, choisir des fournisseurs exempts de tout reproche en conformité avec la politique de leur maison-mère, répondre aux critères de qualité tout en respectant la politique de coûts, faire attention à l'image de leur entreprise... Le tout sur fond de pénurie de certaines matières premières et de complications logistiques."

D'où l'appétence des acheteurs pour les vendeurs qui peuvent leur apporter des solutions à leur problématique, et les faire "grandir" en interne en les positionnant comme force de proposition. Mais attention : l'action du commercial doit être en permanence concertée avec l'acheteur. Il doit tenir ce dernier au courant de ses démarches d'influence en interne dans l'entreprise cliente : qui il a rencontré, quand, et pour parler de quoi ? "L'acheteur ne doit pas se sentir court-circuité, et la transparence nourrit la confiance entre les deux partenaires commerciaux", prévient Laurent Carayon. Avantage : l'acheteur peut avertir son fournisseur des faux-pas à éviter, des personnes à ne pas contacter car cela risque d'être mal pris.

Faire avancer l'acheteur

La co-construction est donc LE levier de la vente "aidante". Elle intervient sous la forme de rencontres suivies, d'interactions riches entre le fournisseur et son client, tandem efficace. "Il faut qu'à chaque fois que l'on dialogue avec l'acheteur, cela l'aide à avancer. Dans la compréhension de son problème, dans la vision de ce qui peut se faire dans son environnement, etc, relève Bruno Delezenne, dirigeant du cabinet Friday Link. La co-construction intervient quand on se focalise sur les enjeux-clés, et que l'on préconise la façon de les traiter. C'est l'expertise non-négociable du fournisseur qui intervient, il sait de quoi son client a besoin."

Chez LexisNexis , des Customer Success au service de la réussite

Spécialiste de l'information juridique, LexisNexis propose des logiciels et des outils de documentation et de veille aux professionnels du droit, aux entreprises et aux collectivités. "Notre équipe commerciale de 100 personnes apporte des réponses aux clients sur leurs enjeux stratégiques, tels que la digitalisation pour les cabinets d'avocats et le gain de temps : pour une profession libérale qui facture au temps passé, c'est capital. Tout ceci nécessite une démarche de vente conseil", explique Matthieu Hallaire, directeur commercial et marketing de LexisNexis.

Il s'agit de bien comprendre l'organisation et les besoins du client, par exemple en termes de conduite du changement pour ses salariés ou de formation. "Par ailleurs, nous avons lancé en 2017 un programme de co-création, Lexis Intelligence, où les professionnels du droit sont amenés à concevoir avec nous les produits de demain", précise Mattieu Hallaire.

Enfin, l'éditeur vient de créer un département Customer Success, avec des profils travaillant en binôme avec les commerciaux qu'ils accompagnent sur le terrain pour renforcer l'écoute client et la détection des nouveaux besoins.

Le projet s'élabore ensuite ensemble, sur la base du constat partagé, autour des points clés. Par exemple : le calendrier, les échéances, les moyens.. La solution émerge en commun. Le fait de bâtir la solution conjointement aide à acheter, car on achète plus volontiers un projet auquel on a soi-même contribué. Dans le domaine de l'assistance (produits d'assurance spécifiques qui couvrent notamment le rapatriement, la prise en charge en cas d'accident de voiture ou le service aux personnes ), les garanties se construisent en se nourrissant de l'expérience des clients.

Philippe Fassier, directeur commercial d'Allianz Partners France explique : "Nous organisons des comités de pilotage trimestriels avec nos partenaires distributeurs, de façon à faire un point sur le fonctionnement de nos garanties et à partager les retours du terrain. Nous proposons même à nos partenaires une double écoute sur nos plateaux d'assistance, qui leur permet d'être directement au fait des cas concrets que nous rencontrons avec l'utilisateur final". Autant d'informations précieuses pour éventuellement adapter, ajuster les produits et leur pertinence. Le tout dans une dynamique de co-construction inscrite dans la durée.

Synthétiser l'information

Dans cette nouvelle dimension de vente "aidante", l'argumentaire commercial classique cède donc la place à des interactions, les plus régulières possibles. "L'année 2020 a mis en exergue la nécessité de faire court et efficace lorsque l'on se réunit à distance, observe Charles Vérot. Plutôt que de voir son client une fois par mois longuement, on peut décider de le contacter brièvement 3 ou 4 fois en visio."

Il est également possible de faire participer des collègues utiles à ces visioconférences. D'ailleurs, des populations avant-vente se développent dans les entreprises. Elles sont là pour apporter un oeil neuf et pour creuser certains points ou interpeller le client sur des questions que le commercial n'aborderait pas. Point important : la multiplication des interactions avec le client nécessite d'avoir une bonne organisation. Il s'agit de noter les étapes et l'information recueillie, de la synthétiser et de savoir comment l'utiliser ensuite.

Enfin, dans l'argumentation commerciale, qui reste un exercice classique du vendeur, il faut là aussi se départir de certaines habitudes pour en adopter d'autres. "Il s'agit de sortir de l'argumentaire produits, qui a un côté rassurant pour les commerciaux, pour aller vers l'argumentaire client. Montrer à l'acheteur que l'on peut aller loin avec lui, car on a compris ses enjeux, par exemple l'impact d'une nouvelle réglementation sur son activité", souligne Laurent Carayon.

La palme de l'efficacité va aux commerciaux capables de réaliser un story-telling, de capter les interlocuteurs et de leur donner envie. Enfin, côté retombées, les directeurs commerciaux interrogés sur l'efficacité de la vente "aidante" estiment qu'elle a contribué à développer leur business, à fidéliser leurs clients, voire à augmenter leur NPS- Net promoter score- qui marque la propension de ces derniers à les recommander.

Le CAB, pour embarquer vos clients

Nourrir la stratégie de votre entreprise grâce à des interactions riches avec vos clients, dont vous augmenterez la fidélité. C'est le principe du CAB "Customer Advisory Board", un concept anglo-saxon de réunions récurrentes, sorte de club à valeur ajoutée. "Le CAB n'est pas un panel, car il ne fait pas réagir les clients sur un produit déjà lancé. Il concerne l'avenir, et des sujets de prospective industrielle ou marché qui intéressent clients et fournisseurs. Par exemple : "Quel profil pour le voyageur de demain ?", dans le domaine du voyage d'affaires", explique Carole Poillerat, fondatrice du cabinet conseil Comsense et animatrice de CAB.

L'avantage pour l'initiateur de la démarche est de créer un club de pairs, avec des décideurs venant d'entreprises différentes, sorte de think tank propice au benchmark. Les rencontres permettent en outre de valider les tendances pressenties auprès de son coeur de marché. Points impératifs : l'animation des réunions par un tiers, la récurrence des rencontres (par exemple une fois par an), un suivi et des comptes-rendus rigoureux.

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